CLAUDIO BRAVO

Biarritz propose pour sa grande exposition d’été, une rétrospective d’une cinquantaine d’œuvres majeures de Claudio Bravo, provenant de collections privées américaines. Cette exposition est réalisée en collaboration avec la Marlborough Gallery de New-York. Elle vient d’être montrée au Mexique, au prestigieux Musée d’art contemporain (MARCO) de Monterrey, de janvier à avril 2007. Aller à la rencontre de Claudio Bravo, c’est plonger en même temps dans la modernité, le baroque espagnol et la Renaissance italienne. Ses tableaux hyperréalistes, saisissants de précision, surprennent par leur mélange d’abstraction et de classicisme.

L’enfance au Chili

Claudio Bravo, peintre d’origine chilienne, est avant tout un artiste cosmopolite de renommée internationale. Né en 1936, fils d’un propriétaire terrien qui aurait préféré le voir épouser une autre carrière que celle d’artiste, il suit néanmoins sa vocation. Une première exposition à 17 ans à Santiago est déjà marquée par un succès public. Dans le même temps, le jeune Claudio Bravo écrit de la poésie, fait du théâtre et poursuit une carrière de danseur professionnel au Ballet national du Chili. En 1961, il traverse l’Atlantique pour se confronter à Madrid aux grands maîtres classiques. Son activité de portraitiste lui vaudra de nombreuses commandes et lui permettra de côtoyer la haute société madrilène, des intellectuels aux dirigeants politiques. Ce qui ne l’empêchera pas de fréquenter systématiquement le Prado pour y étudier ses peintres préférés comme Vélasquez ou Zurbarán. Après un passage à New York, marqué par plusieurs expositions personnelles et par l’influence du chromatisme de Rothko, il installe en 1972 son atelier à Tanger, où il vit depuis lors.

Paquets, portraits et draperies

Claudio Bravo se considère comme un peintre classique, adepte de l’art européen et des grands coloristes. Il réussit néanmoins à imposer un style propre, que les critiques ont nommé réaliste, voire hyperréaliste, même si ce terme le gêne, lui qui n’utilise jamais d’appareil photo car seule compte sa maîtrise du dessin. Son œuvre est lumineuse, complexe et surprenante. Il est important de l’appréhender dans son ensemble, de se plonger dans son monde et sa technique, de dépasser avec lui les « limites de la représentation ». La rétrospective de Biarritz le permet. Elle est représentative des différentes étapes de sa création, depuis un portrait qu’il réalisa dans sa jeunesse - Le Turban rouge (1970) - jusqu’à ses plus récentes créations, dont quelques exemplaires de ses fameux « paquets » posés contre des murs, tels des modèles immuables, qui assureront sa renommée internationale. Plusieurs d’entre eux ont dépassé aux enchères le million de dollars.

Dépasser les limites de la représentation

Cette exposition est l’occasion d’apprécier la maîtrise d’un travail épuré jusqu’à des limites insoupçonnées, où les œuvres - essentiellement des huiles de grand format - donnent vie à ses thèmes de prédilection. Il y a là les natures mortes, qui dépeignent des sujets aussi divers que des olives, des pierres, des casques ou des amphores. Les portraits continuent de représenter une part importante de son œuvre. Plus récemment, à la suite d’une observation du sculpteur basque Chillida – « Si tu supprimes des tableaux existants au Prado toutes les draperies, tous les tissus, il ne resterait pas grand chose de ces toiles » - il s’est attaché au thème des étoffes, des tentures, des nappes aux mille plis, qui peuvent atteindre à une dimension religieuse (il se souvient des tissus mauves que l’on exposait au Chili, le Vendredi Saint), soulignée par sa science de la lumière et des couleurs. La scénographie dessine au travers de l’œuvre de Claudio Bravo un parcours sensible, propice à la poésie et à la méditation, qui permet d’apprécier la simplicité et la surprenante pertinence de chaque objet, la perfection subtile, délicate et raffinée de chaque toile.