Présentée à Montréal en 2006, l’exposition Son et vision : l’image photographique et vidéographique dans l’art contemporain au Canada est le fruit d’une collaboration entre trois grandes institutions canadiennes qui se sont associées pour la première fois afin de proposer une lecture percutante de l’art contemporain canadien, sous l’angle de la transformation et du développement des pratiques photographiques.
Talents confirmés et étoiles montantes
Les commissaires Stéphane Aquin (conservateur de l’art contemporain, Musée des Beaux-Arts de Montréal), David Moos (conservateur de l’art contemporain, Musée des Beaux-Arts de l’Ontario) et Kitty Scott (anciennement conservatrice de l’art contemporain, Musée des Beaux-Arts du Canada et actuellement conservatrice à la Serpentine Gallery de Londres) avaient alors choisi de regrouper une cinquantaine d’œuvres de leurs collections, où les plus grands noms de Vancouver, de Toronto et de Montréal côtoyaient les jeunes créateurs les plus prometteurs de la scène actuelle.
L’univers des médias, un réservoir d’images
Le Centre culturel canadien présente une sélection des œuvres de l’exposition originale, axée sur les figures montantes de la création contemporaine au Canada : Nicolas Baier, Janieta Eyre, Pascal Grandmaison, Angela Grauerholz, Isabelle Hayeur, Tim Lee, Mark Lewis, Scott Macfarland, Kevin Schmidt et Steven Shearer. L’exposition propose un regard inédit porté sur la société occidentale actuelle à travers un détournement d’images et de sons issus de la culture populaire et de l’univers des médias. Les œuvres présentées mettent en scène le dispositif de l’image, l’acte de voir à travers l’œil du photographe ou du vidéaste, et son résultat projeté.
Redéfinir les grands genres artistiques
Son et vision s’arrête sur diverses manifestations du rapport que les artistes entretiennent avec la modernité et fait ressortir une approche revisitée des grands genres artistiques occidentaux que sont le portrait et le paysage. Entre une inexpressivité voulue et le masque du comique ou d’un maquillage outrancier, une esthétique de la distance met en question l’identité de l’individu et la tradition du portrait. D’autres artistes portent un regard faussement idéaliste, souvent amusé, voire délirant sur le paysage naturel ou le monde domestique, univers reconstruits ou factices nous invitant à mettre à l’épreuve la nature de notre rapport à l’image. Son et vision est le portrait d’un monde qui constate l’obsolescence des mythes modernes, utopiques et technologiques. Le constat porté sur le monde peut être glacé, déstabilisant, la nostalgie présente mais sans désenchantement ni cynisme. L’humour et l’ironie abondent ainsi qu’une incontestable inventivité technologique.
Illustration: Tim Lee The Jerk, Carl Reiner, 1979, 2004. Impression à jet de l'encre, édition de 5 . Photo : Musée des Beaux-Arts de Montréal
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