Avec plus de 60 peintures exposées ainsi que des dessins, gravures et sculptures, l’exposition propose une vision globale de la créativité de Baselitz et permet de mieux apprécier ses œuvres les plus connues. Les œuvres proviennent de 30 collections différentes, essentiellement européennes et nous offrent un aperçu significatif de l’évolution de son travail sur plus de cinq décennies. La participation remarquée de Baselitz à l’exposition ‘A New Spirit in Painting’, à la Royal Academy of Arts en 1981, le fit découvrir auprès du public britannique et il figure désormais parmi les membres honoraires de la Royal Academy. C’est la première rétrospective qui lui sera consacrée depuis son exposition à la Whitechapel Gallery en 1983.
Tête en bas
Né en 1938 à Deutschbaselitz, en Saxe, Georg Baselitz est considéré comme l’un des artistes allemands les plus connus et les plus prolifiques. Il est notamment célèbre pour ses représentations ‘tête en bas’, qui fonctionnent comme une stratégie voulue d’établir une mise à distance du sujet afin de se concentrer sur son aspect plastique. Ses premières peintures figuratives traduisent néanmoins la difficulté d’exister sur le plan artistique dans une Allemagne où l’abstraction tient alors le haut du pavé. Les tableaux de Baselitz, qui dérangent voire agressent, incorporent des figures semi-abstraites, des animaux ou des paysages réalisés dans une palette de couleurs vives et avec une touche picturale puissante. Son œuvre laisse émerger un sentiment de solitude et d’hostilité qui la rend aisément reconnaissable.
Des influences variées
Peintre, dessinateur, graveur et sculpteur, Baselitz commence par étudier la peinture à l’Ecole des Beaux Arts de Berlin-Est en 1956, mais se fait renvoyer après un premier semestre pour ‘manque de maturité socio-politique’. Après son installation à Berlin-Ouest en 1956, Baselitz reprend ses études d’art en 1957, pour les achever en 1962. Influencé dans sa jeunesse par les oeuvres et les écrits d’artistes et de théoriciens de l’art tels que Kandinsky, Nietzsche, Baudelaire, Samuel Beckett et Antonin Artaud, Baselitz fut plus tard très sensible aux œuvres d’art réalisées par les malades mentaux et, de façon plus générale, par les personnes en marge de la société. Ses œuvres puisent aussi bien dans l’art africain traditionnel, la peinture maniériste italienne et française ou les gravures du seizième siècle avec une part importante laissée à l’aspect décoratif et ornemental.
Entre abstraction et réalisme
L’exposition débute par les premières œuvres de Baselitz réalisées vers 1962, avec notamment Die Große Nacht im Eimer (La grande nuit est foutue) et la série des ‘Héros’, comme Der Neue Typ (Nouveau type). Suivent des exemples remarquables de la série des ‘Tableaux à fractures’ de la fin des années 60, qui mènent aux premières peintures ‘tête en bas’, dont Der Mann am Baum (L’homme sur l’arbre – 1969). A travers ces oeuvres, Baselitz découvre un nouveau langage qui lui permet de combiner les principes de l’abstraction et du réalisme de manière philosophique, en ‘portant le monde sur sa tête’, ce qui lui sert de métaphore et de ‘leitmotiv’ pour ses tableaux suivants. On remarque à la fin de l’exposition que dans ses dernières toiles, Baselitz réutilise des motifs employés au tout début de sa carrière. Cependant, il le fait cette fois-ci de façon plus linéaire, constituant ainsi sa série des ‘Remixes’. D’importantes sculptures font également partie de l’exposition, en particulier Model for a Sculpture, qui fit sensation en 1980 à la Biennale de Venise.
Georg Baselitz, L'Arbre (Der Baum), 1966. Huile et crayon sur toile, 162 x 130 cm. Froehlich Collection, Stuttgart. Photo Frank Oleski. © Georg Baselitz
PUBLICATION
L’exposition est accompagnée par un catalogue richement illustré qui nous permet de suivre l’évolution créatrice de Baselitz et nous montre à quel point son œuvre est marquée par sa propre expérience de la société allemande de l’après-guerre. Le catalogue comprend des textes rédigés par Norman Rosenthal, Responsable des expositions à la Royal Academy of Arts, par Richard Shiff, Professeur d’histoire de l’art à l’université du Texas à Austin, par Carla Schulz-Hoffmannn, Conservateur en chef de la Pinacothek der Moderne à Munich et par Shulamith Behr, Maître de conférence sur l’Allemagne du vingtième siècle pour le Courtauld Institute of Art.
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