Présentées pour la première fois en Suisse romande, les très riches collections de porcelaine des musées nationaux permettent de mettre en lumière la contribution étonnante de la Suisse à l’histoire européenne de la porcelaine. Celle-ci est surprenante à plus d’un titre puisque la Confédération est le premier pays sans cour princière à produire de la porcelaine. A Zurich, un groupe d’hommes d’Etat, d’entrepreneurs et d’intellectuels osent un audacieux pari : fonder une manufacture de porcelaine dans un pays dépourvu de matières premières et de la protection d’un souverain. La production de porcelaine y débute en 1764. Une quinzaine d’années plus tard, en 1781, s’ouvre à Nyon une des dernières manufactures de porcelaine créées en Europe au XVIIIe siècle.
Thé, café et rococo
L’exposition du Château de Prangins rend hommage aux deux seules manufactures de porcelaine fondées en Suisse au XVIIIe siècle, en mettant l’accent sur les créations zurichoises. Elle se concentre dans un premier temps sur les nombreux services destinés à la culture de la table. Ceux-ci répondent aux exigences nouvelles en matière de luxe de l’aristocratie, qui préfère la porcelaine récemment inventée à la faïence et aux coûteux services en argent importés d’Allemangne. Ils conviennent parfaitement aux circonvolutions du style rococo, tout en se prêtant à merveille aux formes nouvelles imposées par les boissons récemment découvertes, telles que thé, café et chocolat. Le clou en est le célèbre service fabriqué pour le prince-abbé d’Einsiedeln.
Figurines et paysages
L’exposition fait ensuite la part belle aux figurines qui assurèrent la renommée de la manufacture de Zurich. Très beaux exemples de sculpture rococo, ces figurines aux thématiques variées, allant de la chasse aux scènes galantes en passant par les allégories, ornaient les tables bourgeoises les jours de fête. Dans ce chapitre zurichois, une personnalité est mise en avant : Salomon Gessner, peintre et poète adulé dans toute l’Europe pour ses Idylles, qui fut directeur artistique de la manufacture. C’est grâce à lui que Zurich se spécialisa dans les décors de paysages, dont la qualité fut unanimement admirée. Les difficultés économiques de la manufacture ne sont pas passées sous silence, pas plus que les tentatives de remise à flot, notamment par la production d’objet en terres indigènes, donc moins coûteuses, telles la faïence et la terre de pipe.
Nyon, émissaire du néoclassicisme
Le visiteur se familiarise ensuite avec la production de Nyon. Dès sa création, cette manufacture adopte le langage formel du néoclassicisme. Les décors évoluent, des semis de fleurs et des rubans de style Louis XVI aux riches et larges bordures à fleurs hautes en couleurs du style Empire, en passant par les arabesques en vogue sous le Directoire. Clou de ce chapitre, un service à thé et à café peint d’après des gravures de l’artiste français François Boucher. Un dernier chapitre est consacré aux divers procédés et techniques de fabrication. Grâce aux précieux moules originaux de la manufacture de Zurich, conservés dans les collections des Musées nationaux, et à des reproductions de gravures anciennes, on peut comprendre comment se fait une assiette ou un décor imprimé. Intitulé “La porcelaine, c’est quoi ?”, un espace dédié aux enfants et aux familles complète l’exposition.
Illustration : Sucrier à décor de scène pastorale d'après François Boucher vers 1781-1785. Porcelaine de Nyon. D. 10,5 cm. Musées nationaux suisses (inv. LM 97902.15)
PUBLICATION
Un livret en français accompagne l’exposition (32 p., 18 ill. En couleur). Prix : CHF 20. En vente à la réception du musée, par téléphone et par E-mail.
ANIMATIONS /
Visites commentées publiques par Helen Bieri Thomson Jeudis 27 septembre et 15 novembre à 19h00. Vendredis 11 janvier et 8 février à 18h30.
Journées spéciales « Porcelaine » : Dimanche 18 novembre 2007 et 20 janvier 2008, de 13h30 à 17h00 (ateliers adultes et enfants, dégustation de thés, concours).
Pour personnaliser les cadeaux de Noël, « A vos pinceaux ! », atelier de peinture sur porcelaine en compagnie d'une céramiste professionnelle Samedi 8 décembre et dimanche 9 décembre, de 14h30 à 16h00.
Pour les classes et les anniversaires « La porcelaine, c'est fragile ! » Sur inscription.
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