Fructueuse collaboration entre deux musées nationaux, cette exposition propose de restituer le faste des décors religieux réalisés pour les prélats de la famille d’Amboise. Le public y découvre l’évolution du style et des formes artistiques entre la fin du Moyen Age et le début de la Renaissance, entre la France et l’Italie.
La chapelle de Jacques
Jacques d’Amboise, abbé de Cluny, fait reconstruire dans les dernières années du XVe siècle son hôtel particulier parisien et dote la chapelle d’un ambitieux programme décoratif. D’une remarquable qualité architecturale, cette chapelle demeure un témoignage précieux du prestige de son commanditaire et présente l’intérêt d’avoir conservé in situ un admirable décor peint et sculpté. L’exposition proposée au musée national du Moyen Age évoque la personnalité de Jacques d’Amboise et présente les éléments subsistants de son décor tels que vitraux et fragments de sculptures. Deux des sculptures de l’abside, restaurées pour l’occasion, sont descendues de leur emplacement actuel et montrées au public, permettant d’apprécier de plus près leur qualité. La chapelle, comme du reste l’ensemble de l’hôtel, a connu de son édification à nos jours une succession d’états historiques que l’exposition retrace par de nombreuses œuvres figurées inédites. En particulier, la muséographie actuelle est confrontée à celle, foisonnante, des premières heures du musée au XIXe siècle, avec la collection d’Alexandre Du Sommerard.
La chapelle du château de Georges
Quelques années après son frère, dans les années 1505-1510, le cardinal Georges d’Amboise, principal ministre du roi Louis XII et de la reine Anne de Bretagne, fait reconstruire le château de Gaillon, sur les bords de la Seine. La chapelle reçoit un luxueux décor de peintures, vitraux polychromes, sculptures en marbre et en terre cuite et des boiseries richement ornées, commandé aux meilleurs artistes français et italiens. Témoignage insigne de la présence de l’art italien en France à la Renaissance, près de vingt ans avant Fontainebleau, la chapelle du château de Gaillon est très tôt visitée et admirée par les voyageurs italiens. Détruite à la Révolution, ses éléments mobiliers ont été intégralement démontés puis vendus. Ce remarquable décor retrouve tout son éclat dans l’exposition proposée au musée national de la Renaissance, grâce aux prêts exceptionnels de nombreuses institutions. Autour de l’ensemble des clôtures en bois conservées dans les collections permanentes, six panneaux du Metropolitan Museum of Art, la Pietà du Louvre peinte par Andrea Solario, les éléments en marbre de l’autel sculpté par Michel Colombe et enfin les délicates statues en terre cuite modelées par l’italien Antoine Juste (Antonio di Giusto Betti) redonnent sa splendeur au programme décoratif de cette chapelle disparue.
Et aussi Louis, Pierre, Charles…
Témoignant du goût particulièrement sûr et avéré de deux hommes issus d’une famille riche, nombreuse et proche du pouvoir royal, les décors de ces deux chapelles seront aussi comparés, dans l’exposition présentée au musée national de la Renaissance, aux commandes artistiques de la glorieuse fratrie : Louis, évêque d’Albi, pour la cathédrale Sainte-Cécile et son château de Combefa, Pierre, évêque de Poitiers, pour le château de Dissay, Charles, gouverneur d’Italie, pour son château de Meillant et enfin Jacques, devenu évêque de Clermont, pour la cathédrale de Clermont-Ferrand.
Illustration : Andrea Solario, Déploration du Christ mort,
Musée du Louvre Photo RMN © Hervé Lewandowski
Cette exposition a reçu un soutien particulier de la Réunion des musées nationaux.
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