Le musée national de la Marine dévoile au public sa collection de bateaux jouets, la plus importante collection publique du monde. Riche de 190 pièces, rares ou uniques, mais aussi de quelque 150 jeux, œuvres et documents, l’exposition témoigne de l’essor extraordinaire du bateau jouet en Europe du milieu du XIXe siècle à la fin des années 1950. Pour faire vivre cette histoire, les bateaux jouets tirés de l’oubli sont replacés dans le contexte historique qui les a vus naître : échoppes, fabriques et magasins. Les lieux où ils évoluaient sont restitués : à la maison, dans la rue, sur les bassins des jardins publics, au bord de la mer.
Un parcours qui débute au grenier
L’exposition, scénographiée par l’architecte François Payet, est développée en sept sections et un espace de démonstration qui sont autant d’ambiances et de décors propices à faire vivre l’histoire singulière du bateau jouet. Le parcours débute à l’intérieur d’un grenier, avec la mise en scène spectaculaire d’épaves : une façon de rappeler que ce type de jouet, relégué dans les limbes de notre mémoire collective, a failli disparaître définitivement et n’a été sauvé que grâce à la passion des collectionneurs. Descendant du grenier aux pièces de la maison, le visiteur découvre ensuite trois intérieurs reconstitués, correspondant chacun à une époque : les années 1900, 1930, 1950. Le bateau jouet est alors loin d’être un amusement futile : se situant à la pointe de l’innovation, il est un véritable enjeu de société. Dans un décor d’atelier et d’usine, apparaissent ensuite les principales marques d’Allemagne et de France, les deux principaux pays producteurs, qui se livrent une concurrence acharnée.
Illustration :La Salamandre, cuirassé, propulsion à vapeur, fin XIXe siècle - début XXe siècle, France © musée national de la Marine/A. Fux
A l’eau !
C’est ensuite, bien sûr, l’épreuve du bassin. De petites expériences amusantes et des films d’animation permettent de comparer les jouets d’aujourd’hui à leurs ancêtres et de comprendre comment ils fonctionnent : la propulsion grâce au vent, l’équilibre du bateau, la flottabilité, les systèmes mécaniques de toutes sortes. Le mystère de l’hélice à élastique est ainsi levé… Une ambiance de rue, avec une sélection d’affiches d’étrennes, permet de se plonger dans les grands magasins du début du XXe siècle. En guise d’adieu, le photographe Jean Larivière, avec des clichés pleins de poésie, s’est permis de faire voguer tous ces petits bateaux loin de leurs bases.
Du godilleur à l’arche de Noé
Au-delà des voiliers de bassin et de bord de mer dont les formes évoluent assez peu, la force de l’exposition est de montrer l’incroyable variété des bateaux mécaniques navigants ou roulants qui représentent tous les types de marines, hormis la pêche, délaissée semble-t-il par les fabricants des années 1850 à 1950. Parmi les pièces d’exception figurent Le Comte de Hainaut, bateau de la maison Giroux et plus ancien jouet à vapeur de la collection (1859), la Salamandre, le Honfleur ou encore le Diderot, jouets fabriqués à l’unité, d’une sophistication extrême. Ils dépassent un mètre de long et sont dotés de systèmes leur permettant d’accomplir un trajet complexe sur l’eau, ou encore de s’immobiliser pour déclencher le tir des canons. Le godilleur de Fernand Martin, jouet très populaire de 1893, fonctionnant avec un simple écheveau de caoutchouc, est aujourd’hui extrêmement rare. Il est le fier représentant de ces jouets mécaniques populaires, si fragiles qu’ils ont presque totalement disparu. Une sélection de six arches de Noé montre que ce modèle traditionnel est toujours au catalogue des fabricants…
Illustration : Le Godilleur, Fernand Martin (France), 1893, jouet de bazar avec astucieux système de propulsion à élastique © musée national de la Marine/A. Fux
PUBLICATIONS
Bateaux jouets 1850-1950, le livre de l’exposition détaille les pièces maîtresses de l’exposition. Coédition musée national de la Marine/Editions du Chêne, 208 p., 39,90 €.
Un album souvenir de 24 pages est aussi proposé au prix de 5 €.
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