Dans le prolongement des rétrospectives Braque et Dufy, le musée Malraux rend un nouvel hommage aux pionniers havrais de la peinture moderne en consacrant une exposition à Othon Friesz (1879-1949), compagnon de Matisse, Vlaminck, Van Dongen et Derain. Après La Piscine à Roubaix et le Musée d’art moderne de Céret, cette ultime étape de l’exposition Othon Friesz, le fauve baroque permet de redécouvrir le plus lyrique des Fauves.
Après le fauvisme, l’influence de Cézanne
Cette rétrospective, la première depuis 1979, rend enfin à l’artiste sa place légitime dans l’histoire de l’art. Les quelque 160 pièces réunies dressent un panorama complet du travail de Friesz. Y sont passés en revue l’enthousiasme coloré et volubile de la période d’Anvers, où il peint des paysages avec Braque en 1906, les sommets fauves de 1907, en compagnie de Matisse, Manguin et Vlaminck, puis le séjour dans le Midi, la même année, à Cassis et La Ciotat, où son fauvisme aux couleurs exacerbées subit la tentation de l’abstraction. Succède à ces moments intenses une phase de restructuration, tentée par le néo-cézannisme, qui engage Othon Friesz, au moment de la maturité, à composer une œuvre marquée par une palette plus austère mais dont le trait reste animé d’une expressivité baroque. Après la Première Guerre mondiale, Friesz, suivant un itinéraire parallèle à celui de beaucoup de ses anciens collègues fauves, aborde les sujets traditionnels de la peinture – nature morte, paysage, histoire, portrait, allégorie, décor, nu.
Illustration; Portrait de Fernand Fleuret, 1907, huile sur toile, 73 x 60 cm Paris, Musée national d ’art moderne, photo CNAC/MNAM dist. RMN - © ADAGP, Paris 2007
Un animateur de la vie culturelle havraise
L’exposition s’enrichit au Havre d’un volet supplémentaire qui éclaire la part prépondérante que joua Othon Friesz dans la vie culturelle havraise. Cofondateur en 1906 du Cercle de l’Art Moderne, association locale d’amateurs et d’artistes ardents défenseurs de la Modernité, le jeune peintre contribue largement à diffuser l’engouement pour l’école fauve parmi ses concitoyens. Membre du comité de peinture avec Dufy et Braque, il participe aux quatre expositions du Cercle, de 1906 à 1909, où sont aussi réunies des toiles de Matisse, Marquet ou Van Dongen. Pour éclairer ce pan méconnu des débuts du fauvisme, le Musée Malraux présente, à côté des travaux de jeunesse d’Othon Friesz, quelques-unes des œuvres acquises par les collectionneurs havrais à l’occasion de ces expositions et entrées depuis lors dans ses collections.
Un maître des arts décoratifs
L’exposition fait aussi la part belle aux arts décoratifs. Une série de vases et d’assiettes décorés par Friesz complète la présentation du remarquable ensemble de céramiques conçu pour une villa de Sainte-Adresse et tout récemment acquis par le musée Malraux. Jusqu’à présent inédits, les célèbres panneaux peints pour l’appartement parisien du vicomte Amédée de Flers montrent, qu’à l’instar de Dufy, Friesz s’est imposé lui aussi comme l’un des artisans du mouvement de rénovation des arts décoratifs de l’entre-deux-guerres. Sa contribution à la bibliophilie fait l’objet d’une exposition complémentaire à la bibliothèque municipale du Havre, Othon Friesz illustrateur (24 novembre 2007 – 26 janvier 2008).
PUBLICATION :
A l’occasion de l’exposition, les éditions Gallimard publient Othon Friesz (1879-1949), le fauve baroque, sous la direction de David Butcher. 304 pages, 250 illustrations, 39 €
Illustration : Vase Eté, 1908-1909, faïence stannifère, H. 17 cm, collection particulière © ADAGP, Paris 2007
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