Né en 1873 à Lyon, d'un père français et d'une mère anglaise, Georges Ricard-Cordingley, dont l'œuvre inspirée de Turner et Constable offre une place capitale à la lumière, a passé sa vie à sillonner terres et mers. Dès l'âge de 19 ans, son talent lui vaut une grande renommée en Angleterre, tant auprès de la Couronne - la Reine Victoria lui achètera trois toiles - que de la « gentry ». Il renonce à cette voie facile pour se lancer dans une vie d'aventurier de mers. En 1901, Boulogne devient son port d'attache. De là, il part pour de longs périples dans les mers froides, mais revient sans cesse pour traduire sur la toile les sentiments éprouvés au large.
Le dialogue du ciel et de l'eau
Navires à la mer ou posés sur la grève, tempêtes ou calmes plats, paysages de falaises surplombant l'océan, Ricard-Cordingley a privilégié, sous toutes les latitudes, un seul sujet, l'espace marin, dans un dialogue constant du ciel et de l'eau. Il parcourt les océans, traduisant avec une sensibilité de poète ses méditations devant le mystère de la mer, la beauté de ses ciels. Considéré au début de sa carrière comme le peintre des gris colorés, Ricard-Cordingley adoptera au fil de ses voyages et au contact des lumières du Sud une palette plus sobre aux tons plus intenses.
llustration : GEORGES RICARD-CORDINGLEY Bon vent, mer du Nord , 1930 © musée national de la Marine
Si c'est du vent, que ça souffle...
La passion de Ricard-Cordingley pour l'élément marin s'est révélée au cours de son séjour outre-Manche. Fortement inspiré par la mer du Nord, il se découvre de nouvelles richesses artistiques. Loin de le décourager, la vie très rude en mer conforte l'artiste dans sa vocation : peindre la mer sous tous ses aspects, en traduire toutes les émotions, immortaliser la vie des gens de mer et leurs grandeurs. Ne pas peindre ce que je vois, mais ce que j'éprouve, si c'est du vent que ça souffle, si c'est de la pluie, qu'on sente la pluie vous transpercer, si c'est du soleil, qu'on dise qu'on est dans un four...»
Un seul sujet la mer
Peinture de haute mer ou de grève, de tempêtes ou de calme plat, vues de Boulogne, de Normandie, d'Espagne ou de Côte d'Azur, si diverse qu'elle soit, l'œuvre de Ricard-Cordingley explore obstinément un seul sujet : la mer. Ce qui l'intéresse au premier chef est l'interaction, la réciprocité, voire la fusion des éléments fluides, mer et ciel, dans la dimension de l'espace. En cela, il se place dans la lignée des grands paysagistes et marinistes, tels Le Lorrain, Turner, Diaz, Huet, Ravier, Constable, Jongkind, Cazin, Corot, Boudin… Ce que retient Ricard-Cordingley, ce n'est pas la dure réalité de la vie en mer, mais la traduction plastique de l'émotion ressentie devant la beauté permanente du monde.
Illustration : GEORGES RICARD-CORDINGLEY Calme devant le Suquet, Cannes, 1938. © musée national de la Marine
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