Couleurs d’Italie est un hommage à la grande peinture ancienne. En raison de la fermeture partielle du musée départemental de l’Oise en 1997, pour effectuer des travaux sur l’historique charpente en chêne, elle était absente depuis dix ans des cimaises. Elle revient en pleine lumière dans une présentation sobre qui révèle au public quelques-unes des questions auxquelles sont confrontées les équipes dans la préparation des salles d’exposition permanente du musée rénové.
Genèse d'une collection
La collection de peintures italiennes a été réunie à partir des années 1960 par Simone Cammas, conservateur du musée jusqu’en 1970. Victime de l’effondrement de son bâtiment sous les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le musée était alors provisoirement installé dans les combles de l’ancien palais épiscopal. Son successeur, Marie-José Salmon, installa le nouveau musée dans l’ensemble du palais Renaissance en 1981, grâce au déménagement de l’administration judiciaire qui l’occupait. Elle poursuivit le développement de cette collection dont elle publia le premier catalogue raisonné.
Comme un cabinet d'amateur
Plutôt que d’acheter une ou deux grandes œuvres prestigieuses signées par des artistes très connus, Simone Cammas et Marie-José Salmon choisirent – compte tenu aussi du budget dont elles disposaient - de constituer, à la manière d’un amateur avisé précédant les modes et l’évolution du goût, une collection cohérente d’œuvres inédites. Si celles-ci étaient souvent anonymes au moment de leur acquisition, beaucoup d’entre elles furent réattribuées au fil des années grâce au travail des conservateurs du département des peintures du musée du Louvre. Cette collection permet d’aborder deux siècles de peinture italienne par « les sentiers menant hors des perspectives convenues » comme l’écrit Jacques Thuillier dans la préface du catalogue de 1971.
De Caravage à Batoni
Elle dresse un panorama des différentes écoles italiennes marquées par l’héritage de Caravage et par le courant baroque. Du réalisme populaire du Maître de l’Annonce aux bergers jusqu’à son exact contrepoint, la Querelle d’Achille et Agamemnon de Gaulli, d’une force théâtrale exceptionnelle, en passant par les architectures oniriques de Coccorante ou un portrait de Pompeo Batoni, peintre qui sera bientôt à l’honneur à la National Gallery de Londres, l’exposition présente ces différents courants dans leur riche diversité. Elle donne également des clefs de lecture pour comprendre ces œuvres tant du point de vue de l’iconographie que de la place de l’artiste dans l’histoire de la peinture. Enfin, elle livre certains aspects techniques de la création, commente les dispositifs nécessaires pour préserver ces œuvres plusieurs fois centenaires et les offrir au regard du visiteur d’aujourd’hui.
Illustration : Pier Francesco Mazzuchelli dit Il Morazzone (1573-1626), La Résurrection de Lazare, huile sur toile, Beauvais, Musée départemental de l’Oise
PUBLICATION :
Un journal gratuit proposant un parcours de l’exposition est disponible à l’accueil du musée
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