Le musée des Beaux-Arts de Rouen, dix ans après l’exposition « L’Ecole de Rouen, de l’impressionnisme à Marcel Duchamp », présente une grande rétrospective de l’une des figures majeures de cette école.
La Normandie avant toute chose
Avec 80 tableaux et un ensemble de fusains qui comptent parmi ses chefs d’œuvre, l’exposition s’efforce d’évaluer la place de Charles Frechon dans son époque. Né en 1856 à Blangy-sur-Bresle en 1856, mort à Rouen en 1929, l’artiste s’est identifié toute sa vie avec la Normandie (au contraire de son frère Emile, célèbre photographe pictorialiste surnommé le « Millet de la photographie », qui a laissé un important fonds sur Alger). Après son service militaire, Frechon étudie à l’école municipale de peinture de Rouen, à Paris, à l’académie Colarossi, où il peut notamment côtoyer Puvis de Chavannes, puis revient s’installer dans sa région natale.
Une critique sévère
Il est vite séduit par le divisionnisme, vraisemblablement aidé en cela par ses condisciples rouennais Angrand, Lemaître et Delattre, avec lesquels Frechon s’adonne à la peinture de plein air. L’adhésion à la méthode de Seurat leur vaut une hostilité marquée du public, notamment lors de l’exposition de la Société des Amis des Arts en octobre et novembre 1889, au Musée des Beaux-Arts de Rouen. C’est de cette époque que datent ses plus beaux dessins au fusain, une technique qu’il abandonne dès 1894-1895. Malgré l’opposition de la critique, Frechon obtient le soutien de quelques galeristes et collectionneurs locaux, dont Georges Dubosc, qui mène une croisade en faveur de la peinture moderne dans le Journal de Rouen.
Champs et sous-bois
Charles Frechon se marie en 1889 puis rencontre enfin le succès au cours de la décennie 1890. Il dépasse alors le cercle des quelques amateurs rouennais, séduisant de grands marchands parisiens comme Samuel Bing, l’un des principaux défenseurs de l’Art nouveau, et Durand-Ruel, qui achète ses toiles en 1894, lors du salon de la Société des artistes indépendants. Frechon expose chez le Barc de Boutteville, personnalité marquante du monde de l’art, figure au Salon Municipal de Rouen, d’Amiens et rejoint la Société Nationale des Beaux-Arts. Avec une vingtaine de toiles à chaque exposition, l’artiste va montrer toutes les facettes de la campagne normande : de somptueux mois de mai avec des pommiers en fleurs, des moissons aux tons chauds et ensoleillés, de rougeoyants mois d’automne et de froids paysages d’hiver. Fidèle à l’impressionnisme, il en donne une interprétation pleine de délicatesse, centrée sur un répertoire de champs et de bois décliné dans des teintes douces.
Illustration: La Lessive Huile sur toile Collection particulière
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