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HUMANITÉS
le(s) corps d'une collection

DU 7 JUIN AU 28 SEPTEMBRE 2008


L’abbaye-école de Sorèze inaugure ses espaces d’exposition avec la collection personnelle et « dérangeante » de Jean-Claude Volot


R.E. Gillet Le Prétoire, huile sur toile, 80x300 cm, 1977 © collection Gillet, France.


Cette exposition est une première à l’Abbaye-école de Sorèze. Elle marque l’ouverture au public de salles d’exposition temporaire, inscrites dans le parcours muséographique et conçues comme un prolongement, historique ou artistique. Pour en signer la naissance, le syndicat mixte a choisi de proposer au public des œuvres particulières à plus d’un titre. Il s’est en effet associé pour l’occasion à une autre abbaye, l’abbaye d’Auberive en Haute-Marne, dont le propriétaire, Jean-Claude Volot, entrepreneur tarnais, est un collectionneur d’art moderne et contemporain depuis de nombreuses années.


Au cœur de l’homme

Exposition-dialogue donc, d’abbaye à abbaye, cistercienne et bénédictine. Quoi de plus normal pour ces monuments ? Leur mission première était d’abriter des hommes dont la vocation les portait à s’interroger sur la place de l’être dans le monde au regard du divin. Sorèze, pour sa part, lança plus loin le défi. Devenu lieu d’enseignement, ses élèves se devaient d’être des hommes en capacité de se comprendre eux-mêmes et de comprendre leurs contemporains. Ambitieux programme des « Humanités ». Exposition-plongée aussi dans une intimité, dans le corps d’une collection privée. Les œuvres qui la composent témoignent du goût de celui qui les a sélectionnées, puis achetées, puis exposées. Elles sont un manifeste puisqu’elles « témoignent de (sa) passion pour un art sans concessions, qui place l’homme au centre des recherches picturales, et de (son) intérêt pour des artistes aux parcours singuliers, trop rarement montrés dans les manifestations publiques. »


Peindre les sentiments

Nous sommes partie prenante de la « folie » du collectionneur. Comment sélectionne-t-il les pièces à acquérir ? Pourquoi tel artiste plutôt qu’un autre ? Certains noms reviennent fréquemment et composent le squelette de cette collection : Roger-Edgar Gillet, Stani Nitkowski, Marc Petit, Jean Rustin en sont les principaux membres. Chacun à leur manière invite à dépasser les apparences, à aller plus loin qu’un premier regard porté sur une allure, un visage. Le tableau, la sculpture n’ont pas une fonction décorative, mais déclarative. Les portraits proposés sont les reflets fidèles, non de traits physiques, mais de postures morales ou sociales : Les Silences, Veille femme sur la banquette blanche, Golgotha mon amour… Ils sont les portraits de sentiments immuables. Solitude, amour, violence, haine, ils sont des témoins de pensées et d’actes séculaires. Ces personnages anonymes sont à la fois nous et les autres et c’est pourquoi leur silhouette sur les murs, deviennent si dérangeantes, parce que trop crues, trop révélatrices de nos souffrances et de nos peurs. Cependant, à y regarder de plus près, ces œuvres ont une chose en commun : celle de contenir un espoir, au-delà de la mélancolie qu’elles provoquent.


Illustration : Jean Rustin Mon Dieu !, huile sur toile, 130x89 cm, 1998.
Collection Abbaye d’Auberive


De Petit à Nitkowski

Chez Petit par exemple, le plus jeune (il est né en 1961), transparaît une sensibilité à fleur de peau héritée de Germaine Richier. Chez Rustin (né en 1928), ces hommes mis à nu dans un univers où toute communication semble improbable rappellent la dérision d’un Lucian Freud. Pour Gillet (1924-2004), qui a oscillé entre l’abstraction lyrique et une figuration peuplée de personnages isolés dans la foule, on établit spontanément un lien avec la critique sociale d’un Goya. Quant à Nitkowski, marqué par une histoire personnelle douloureuse (atteint de myopathie, il se suicide en 2001, à 52 ans, juste après la mort de son fils), son œuvre d’autodidacte passionné renvoie immanquablement à l’expressionnisme allemand. Autant d’oscillations entre amour et mort, autant d’humanités qui sont à la fois miroir et abîme : le miroir de nous-mêmes et le reflet d’une histoire de l’art toujours réinterprétée par l’artiste.

ABBAYE-ÉCOLE DE SORÈZE Rue St Martin - 81540 SORÈZE
INFORMATIONS : Tél : 05 63 50 86 38 Site : www.abbayeecoledesoreze.com
HORAIRES :
  • D’avril à septembre : du lundi au vendredi, week-end et jours fériés, de 10h à 12h et de 14h à 18h.
  • D’octobre à mars : du lundi au vendredi, week-end et jours fériés, de 14h à 17h30.
  • Fermé le 1er mai et durant les vacances de Noël.
    PRIX D’ENTRÉE :
  • Visite libre adulte : 3 €
  • Audio-guide : 4 €
  • Visites guidées sur réservation pour les groupes de 15 personnes minimum
    COMMISSARIAT :
  • Brigitte Benneteu, Conservation départementale du Tarn
  • Alexia Volot, Abbaye d’Auberive.
    CONTACT PRESSE : Virginie Petit Tél : 05 63 50 86 38 E-mail : abbaye-ecole.soreze@cg81.fr