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ODON, MAÎTRE DES LIEUX

DU 2 JUILLET AU 31 AOÛT 2008

Le temps d’un été, un espace onirique et éphémère, s'inspirant des rituels chamaniques et des spiritualités anciennes

ODON, Sixième Tondo, 2008

 

MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’OISE

1, rue du Musée
60000 BEAUVAIS

INFORMATIONS :

  • Tél : 03 44 11 43 83
  • Site : www.oise.fr

    HORAIRES :

  • De 10h à 18h.
  • Fermeture hebdomadaire le mardi.
  • Ouvert le 14 juillet et le 15 août.

    PRIX D’ENTRÉE :

    Entrée libre

    COMMISSARIAT :

  • Josette Galiègue, conservatrice en chef du musée départemental de l’Oise à Beauvais
  • Assistée de Vincent Blanchard, conservateur adjoint du musée départemental de l’Oise

    CONTACT PRESSE :

    Marie-Laure Trouvé
    Tél. +33 (0)3 44 11 43 98


  • Odon (Guy Houdoin) est né en 1940, au Mans. Jusqu’en 1997, il signe ses œuvres Guy Houdoin. Depuis, il est Odon. Cette épure de son patronyme renvoie à saint Odon de Cluny, manceau comme lui, auquel il se réfère quand il s’agit de méditation et de pratique spirituelle. Son œuvre, figurative au début, suit le même mouvement vers le dépouillement, symbolisé par le tressage.


    Investir des monuments

    Depuis plus de trente ans, Odon tresse. Il tresse « dans la couleur », à partir de lanières de papier peint recto verso. Il tresse des œuvres polychromes, structurées par des faisceaux de rayons en expansion, au moyen de Canson coloré puis de kraft avec les Nautiles, immenses spirales « toujours abouties mais jamais finies », « une palpitation colorée générale». Le vide le fascine et prend sans cesse plus d’importance dans son travail patient (certaines œuvres exigent plus de sept cent heures de travail). Depuis quelques années, Odon a confronté ses œuvres avec l’espace intérieur de grands monuments, comme à l’abbaye de l’Epau ou à l’abbaye de Saint-Riquier. Il reprend cette démarche au musée départemental de l’Oise où il investit l’espace sous charpente au troisième étage du palais Renaissance. Cette salle sera ainsi, le temps d’un été, une œuvre contemporaine totale où les réseaux colorés et arachnéens d’Odon s’entremêleront avec les poutres plusieurs fois centenaires du palais.


    Le chemin vers la tresse

    Odon a commencé à peindre très jeune. Ce furent d’abord, de 1959 à 1965, des paysages, des natures mortes, à l’huile sur toile, dans des tonalités plutôt sourdes puis, dans les années 70, des scènes inspirées de l’actualité politique, aux couleurs plus violentes, expressionnistes. Après des superpositions de papier marouflé sur toile, des histoires de ciseaux et d’ectoplasmes-pantins ligotés par des rubans, il travaille sur des feuilles qu’il peint recto-verso et qu’il découpe et plie en lamelles. La feuille peut se reconstituer telle qu’au départ. En 1976, le tressage, d’abord anecdotique, devient essentiel, mais subsiste encore, au centre, un visage, qui va bientôt disparaître. « Dès que j’ai enlevé la figure, c’est devenu une roue dont les rayons se sont mis à éclater » explique Odon. L’usage des tresses libère l’artiste, dont les œuvres atteignent désormais une grande sérénité.


    Un travail d’ouvroir

    L’œuvre d’Odon n’est pas de rupture, mais de continuité, continuité entre les gestes d’un artiste contemporain et ceux d’artisans passés ou lointains. C’est un travail qu’il veut humble et patient, fait de cette lenteur dense et habitée qui mène à la méditation. « Le temps que l’on prend à tresser est plus important que le résultat » dit-il, car c’est un temps mystique. Dans ce travail de tressage, les doigts s’activent, comme sur un chapelet, pour dessiner des croix, des cercles, des spirales, une seule œuvre à la fois, pour condenser son intensité, son unicité. C’est un jeu de patience, solitaire, ascétique, où intervient l’ésotérisme des chiffres et du calcul mathématique. Un jeu préalablement contrôlé pour plus de ferveur, de discipline monastique ou parce que la création naît dans la contrainte. Odon pourrait faire sienne cette phrase de Georges Braque « J’aime la règle qui corrige l’émotion. J’aime l’émotion qui corrige la règle. »

    Illustration : Odon, Série Les Nautiles , 1990-1994