Dans le cadre de la thématique « Pays vert/Pays noir », consacrée à la transformation des paysages miniers du Nord-Pas-de-Calais, le Centre Historique Minier a donné carte blanche au photographe américain Stephen Sack.
Un nouveau regard sur les musées
Né en 1955 à Plainfield dans le New Jersey (Etats-Unis), Stephen Sack vit et travaille à Bruxelles depuis 1977. Ce n’est pas la première fois qu’il collabore avec un musée, comme en témoignent de précédentes expositions. En 1992, il s’est attaché aux gravures de Martinet au Musée Buffon à Montbard, et, en 1999, aux monnaies anciennes du British Museum de Londres. En 2003, au Huis van Aluin de Gand, il a revisité une série de plaques de verre provenant de lanternes magiques. En 2005, à La Louvière, on découvre son travail sur les moules de vases de Catteau au Musée de la Faïence de la Manufacture royale Boch, auquel fait suite en 2006 une lecture des plaques préhistoriques du Museu National de Arqueologia de Lisbonne. Chaque fois, son « œil de détective » fait apparaître des filiations inattendues.
Des fossiles par milliers
Fasciné depuis toujours par les objets curieux, les collections modestes ou précieuses, il développe depuis trois ans un travail sur les fleurs. C’est tout naturellement qu’il s’est intéressé à la flore du bassin minier, attiré à la fois par les « empreintes fossiles » du Carbonifère et par les plantes que l’on trouve de nos jours sur les terrils. Suivant son intuition et sa méthode quasi scientifique, il a d’abord parcouru de son regard scrutateur les deux mille fossiles conservés dans les réserves du Centre Historique Minier. Il a ensuite arpenté les terrils à la recherche de ce qui pourrait éveiller sa curiosité, provoquer une autre lecture et faire surgir de son imaginaire un univers extraordinaire. En effet, ce qui hante l’œuvre de Stephen Sack, c’est son désir de saisir la rencontre entre le monde matériel et le monde de l’au-delà, ce qu’il appelle la « mémoire chromosomique ».
Quand la photographie devient alchimie
Comme l’explique le philosophe Franck Pierobon, « dans la série d’œuvres frappantes produites par Stephen Sack – intégrant des vues d’épitaphes, de visages, de monnaies anciennes, de puzzles, de figures de lanterne magique, de stéréoscopes, d’horloges, etc – le fil conducteur aura été de faire surgir ce que, ordinairement, l’on ne voit pas : l’envers, la cristallisation de significations parasites à même des choses que l’on croyait connues (…) » Son travail de création est méticuleux, incessant et obsessionnel. Il voit et revoit les pièces qu’il a précieusement sélectionnées. Puis il les soumet à un long processus de transmutation, une alchimie faite d’une combinaison de différents procédés d’imprégnation et de pressage, de jeux de lumière et de prises de vue. Le résultat est surprenant. Trois séries d’œuvres se sont échappées d’un herbier magique : Mémoire de pierre, élaborée à partir de fossiles, Flora magica, composée de fleurs mises à nu et Night creatures surgies du fantastique.
Ilustration : Mémoire de pierre © Stephen Sack
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