Profondément cosmopolite - d'origine russo-libanaise, il est né à Alexandrie - Grégoire Solotareff s'est recréé, au moyen de l'image, un autre univers bien à lui. C’est à son regard et à la variété de ses expressions artistiques que cette exposition rend hommage.
Des crayonnés jusqu’au film
Ce regard convoque la mémoire de l’artiste : les influences familiales, les gravures anciennes qui l’ont marqué, les peintres auxquels il souhaite faire référence. Il y a le parti pris du trait (crayonnés, esquisses, carnets de dessins préparatoires), puis celui de la couleur, de la peinture, de la matière. Près de trois cents originaux et études sont exposés. Comment se pose ce regard ? L’exposition permet de le découvrir avec huit agrandissements de photographies réalisées par l’artiste et une centaine de polaroïds. Se pose enfin la question du rapport à l’animation, à la création, à la scène. Le public découvrira le passage de l’image fixe à l’image animée et le travail de Grégoire Solotareff pour les films U et Loulou.
Masques et contes
Parce que cette exposition a été conçue comme un temps de mémoire mais également comme un temps et un espace de création, l’artiste a dessiné, pour l’événement, les masques de huit personnages mis en scène dans les salles de l’Hôtel de Mora (Narcisse le chat, Tom le lapin, Henri le hibou, Loulou le loup, Freddy le rat, Nico le croco, Greg l’éléphant et l’Oiseau bleu) réalisés en volume par une artiste, sculpteur, décoratrice, et fixés, dans les ateliers du Centre national du Costume de scène, sur des corps de marionnettes en tissu. En outre, dans chacune des salles de l’étage du Centre, les visiteurs pourront entendre les Contes d’automne, de l’artiste, lus par des acteurs de la compagnie théâtrale belge du Tilleul.
Une visite en liberté
Aucun parcours n’est imposé. La visite est spontanée comme un dessin, comme un regard dans l’imagier. En effet, la logique ne parvient à imposer aucune hiérarchie dans les images données à voir. Grégoire Solotareff crée simplement les conditions de l’intimité, celle qui lie celui qui montre à celui qui regarde. Il s’expose. Et l’oiseau bleu qu’il a créé pour l’événement, qui est censé voler mais qui n’a pas d’ailes, c’est un peu le symbole de cette exposition, qui dit tout l’espace de liberté et de création que l’artiste se réapproprie dans ce qui, au départ, n’est que contrainte.
Illustration : Photographie de Jean-Pierre Cordier
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