Dans le cadre des fêtes maritimes « Brest 2008 », l’exposition met en perspective des œuvres prestigieuses, conservées dans la collection du musée de la ville et dans divers autres, dont le Musée national des châteaux de Versailles et du Trianon, le musée national de la Marine et dans des collections particulières. Elle montre l’évolution de l’image de la ville, depuis le grand port militaire créé par Richelieu jusqu’à la métropole actuelle qui s’émancipe de son arsenal, en passant par les départs des expéditions des grands explorateurs tels Lapérouse, la création du port de commerce par Napoléon III et les guerres du XXe siècle.
Anne de Bretagne et sainte Ursule
Rares sont les images de Brest avant le XVIIIe siècle, période de prospérité. Les premières représentations dans des enluminures médiévales, comme dans le Livre de prières d’Anne de Bretagne, sont des vues idéalisées d’un château-fort situé près d’une rivière et d’un rivage cerné de hautes collines, terrain de batailles, de sièges ou de l’embarquement de Sainte Ursule et des mille Vierges. On garde de cette époque des cartes et des plans finement aquarellés. L’importance prise par la place de Brest, la construction navale, les commandes royales et la présence d’une famille illustre de dessinateurs et de graveurs, les Ozanne, « formés à dessiner la topographie, les vues des côtes et à lever des plans de rades » expliquent l’engouement qui fait de Brest, à partir du XVIIIe siècle, la ville de l’ouest la plus représentée par les peintres.
Un âge d’or grâce à l’Amérique
Brest, qui s’est longtemps confondu avec le château et la place forte, prend son émancipation et devient ville à la fin du XVIe siècle. Richelieu retient le site en 1631 pour y créer l’un des ports de guerre de la marine Royale. En 1669, Colbert décide la construction d’un arsenal. Dès lors Brest sera associé aux grands faits de la vie politique française et vivra au rythme des conflits – dont la guerre d’Amérique (1778-1783) qui marque son apogée. Une véritable peinture de marine, objet de commandes prestigieuses, se constitue autour de l’activité du port, situé au cœur de la ville. Elle montre la construction des vaisseaux mais aussi les travaux des bagnards... Elle illustre des événements nationaux ou le mouvement des escadres, mêlant précision dans le dessin, recherche du pittoresque et effets atmosphériques de la peinture de paysage.
Une cité en mutation
Au XIXe siècle, le romantisme d’Isabey trouve dans la puissance de la mer et les tragédies qui l’accompagnent une source d’inspiration. Joseph Vernet et ses vues des ports restent le modèle incontesté des peintres de marine. Jean-François Hue, successeur de Vernet ou Pierre-Julien Gilbert font des effets de lumière, associés à une description précise des activités humaines et de l’architecture, les éléments centraux de leur recherche. Les artistes d’aujourd’hui intègrent la nouvelle perception de l’espace et de la couleur, née avec le fauvisme et le cubisme, dans une écriture personnelle, comme chez Jean Le Merdy, qui se situe dans la lignée de Charles Lapicque. Les grues de l’Américain William Mackendree (né en 1948) identifient Brest comme New York tandis qu’Yvan Salomone (né en 1957) peint en « sociologue », repérant, puis restituant sur la toile, zones portuaires désaffectées, chantiers, «cadavres » du monde moderne. Hervé Le Nost (né en 1957) donne sa vision du port dans des photographies contenues dans des formats circulaires, qui ne laissent entrevoir que le détail, comme des fenêtres sur un monde biscornu.
Illustration : Auguste Mayer Visite de Napoléon III à Brest, le 11 août 1858 huile sur toile, Musée national de la Marine, credit photo Musée national de la Marine, photo A.Fux
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