Cette exposition co organisée par le bureau de Kotohira-gû et le musée Guimet s’inscrit dans le cadre de la commémoration du 150ème anniversaire des relations diplomatiques entre le France et le Japon. Elle est l’occasion de contempler des oeuvres majeures du XVIIIème siècle et aussi d’évoquer le shintoïsme, religion autochtone de l’archipel japonais de caractère animiste.
Un lieu saint sur l’île de Shikoku
Le sanctuaire shintô de Konpira (ou Kotohira-gû), point de convergence du culte des montagnes et de croyances relatives à la divinité gardienne des transports maritimes et protectrice des dangers de la mer, fut dès l’époque de Heian (794-1185) un centre de dévotion important, particulièrement fréquenté à partir du XVIIe siècle. Une chanson contant les pérégrinations des bateaux de Konpira qui naviguaient en Mer Intérieure du Japon, atteste d’ailleurs de la popularité de ce lieu de pèlerinage célèbre. Les pèlerins de tout le pays ont convergé vers cette ville, située dans l’île de Shikoku, pour se recueillir devant le lieu saint, dont la quiétude contraste avec l’effervescence des marchés et des théâtres.
Illustration : vue générale de la salle des Grues, Maruyama Ôkyo (1733-1795), Epoque d'Edo (1615-1867), 1787, encre, touches de couleur et particules d'or sur papier. Quatre portes coulissantes, paroi nord de la salle des Grues, Omote-shoin. Chaque panneau : 182,5 cm x 91,5 cm. Sanctuaire de Konpira, île de Shikoku, Japon. © Keiichi Kawamura/ KOTOHIRA-GU
Un trésor de plus de 6000 œuvres
Konpira-san apparaît comme un foyer de création artistique très actif, conservant dans l’enceinte de ses bâtiments de nombreux témoignages picturaux de l’époque d’Edo. Tout à la fois lieu de spiritualité et de culture, il a soutenu les arts et les sciences depuis la période Edo et conserve plus de 6000 oeuvres. L’exposition se propose de montrer, pour la première fois en dehors du Japon, une partie de ces œuvres, pour la plupart des peintures murales de grande envergure (cloisons coulissantes et paravents) participant de l’architecture intérieure des lieux. La présentation muséographique de celles-ci tendra à rendre compte le plus fidèlement possible de cette dimension singulière de l’aménagement des espaces intérieurs au Japon, appliqué ici à la sphère religieuse, afin de permettre aux visiteurs d’éprouver le monde spirituel de Kotohira-gû où la nature et la culture sont unifiées.35- Portrait des 36 Poètes Immortels
Illustration : Kano Tanyu, Kano Naonobu, Kano Yasunobu, Epoque Edo (1648) Couleur et feuille d’or sur panneau de bois. Ensemble de 36 panneaux Chaque panneau : 63, 6 x 41, 6 cm. Sanctuaire de Konpira, île de Shikoku, Japon © Keiichi Kawamura/ KOTOHIRA-GU
Tigres, grues et camélias
Les délicates grues à cou blanc visibles dans la fresque Roseaux et oies sauvages voisinent avec les peintures de tigres majestueux. Si des paravents permettent d’illustrer les grands courants de la création picturale à l’époque Momoyama, notamment l’école Kanô (Cèdres et Mont Fuji, paravent attribué à Kanô Eitoku) et l’école Tosa (paire de paravents illustrant des scènes du Genji Monogatari par Tosa Mitsumoto), ce sont surtout deux grands noms de la peinture du XVIIIe siècle qui sont par le biais de cette exposition magistralement représentés : Maruyama Ôkyo (1733-1795) et Itô Jakuchû (1716-1800), dont les œuvres célèbres sont aujourd’hui classées Bien Culturels Importants. En dernière partie, les œuvres contemporaines de Takubo Kyôji, conseiller culturel du sanctuaire et artiste majeur au Japon ayant réalisé des fresques de 4 mètres de hauteur sur 25 mètres de longueur, allient délicatesse et monumentalité autour de camélias aux couleurs indigo, symboles de renaissance du Kotohira-gû.
Illustration : Jeune pin et grues, Maruyama Ôkyo (1733-1795), Epoque Edo (1615-1867), 1787. Encre, touches de couleur et particules d'or sur papierkyo (1733-1795).
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