L’Orient hante l’imagination des peintres et écrivains. La conquête (prise d’Alger en 1830) puis la colonisation de l’Algérie mettent ces régions pleines de mystère à la portée des artistes. Tout d’abord chroniqueurs des campagnes d’Afrique, ils s’efforcent par la suite de pénétrer plus avant dans la vie arabe.
Hommage à Landelle
Le point de départ de l’exposition est la présence dans la collection du musée du Vieux-Château d’un fonds important d’œuvres du peintre orientaliste Charles Landelle, né à Laval en 1821. Ancien élève de Paul Delaroche à l’Ecole des Beaux-Arts, Landelle découvre le Maroc en 1866 dans le cadre d’une mission officielle. Il ne se rend en Algérie qu’en 1880, en compagnie de son fils Georges, également artiste peintre, et y séjournera à cinq reprises jusqu’en 1894, s’attachant à suivre les traces de Théodore Frère, Eugène Fromentin, Gustave Guillaumet et Etienne Dinet. Partant d’Alger, il découvrira le Sud algérien et plus particulièrement les oasis de Bou Saâda, El-Kantara et Biskra, qui vont devenir des lieux de villégiature pour les artistes lors de leurs pérégrinations hivernales. Charles Landelle est à l’origine de la création du musée des Beaux-Arts de Laval. En proposant de faire don d’une partie de ses œuvres, il incite en effet la municipalité à édifier un musée digne de ce nom pour les accueillir.
Illustration : Etienne Dinet, Le Lendemain du Ramadan, Maubeuge, musée municipal Henri Boez
Fromentin, Dinet, Leroy et confrères
L’exposition réunit une centaine d’œuvres produites entre 1870 et 1910, c’est-à-dire de l’Algérie des colons et des installations dans les oasis du Sud à l’essor de la Villa Abd-El-Tif, la « Villa Médicis » d’Alger. Elle est introduite par quelques œuvres de précurseurs comme Eugène Delacroix, Théodore Frère ou le peintre-écrivain Eugène Fromentin (1820-1876). Ce dernier écrit Un été au Sahara dans La Revue de Paris, dirigée par Théophile Gautier, et triomphe au Salon de 1859 avec Une rue à El-Laghouat (aujourd’hui au musée de la Chartreuse, à Douai). Au total, près de quarante artistes sont présentés, dont Adrien Dauzats, attaché aux publications du baron Taylor, ou Paul Leroy et Eugène Alexis Girardet, fondateurs de la Société des peintres orientalistes français. Les prêts proviennent d’une trentaine de musées, d’Agen à Vernon, en passant par le musée Fabre de Montpellier et le musée d’Orsay.
L’Orient vu de loin… et de près
Le parcours s’articule autour de trois thèmes principaux. La section « Les créations d’atelier et l’Orient sublimé » rappelle, qu’à l’instar de Landelle qui expose, dès 1850, un portrait de femme orientale mais n’effectue son premier voyage en Orient qu’en 1853, nombre d’artistes, fascinés par l’exotisme, peignent dans leurs ateliers parisiens un Orient factice. « Alger la Blanche » étudie le pouvoir d’attraction de la ville lumineuse, première étape des peintres voyageurs, et qui restera pour eux une constante source d’inspiration. « Le Sud algérien », enfin, région à peine épargnée par la colonisation mais toujours pittoresque, reste le but essentiel à atteindre. Les artistes y explorent la lumière et redécouvrent les gestes ancestraux de la vie quotidienne.
Illustration : Eugène Fromentin, Intérieur d'un atelier de tailleur, La Rochelle, musée des Beaux-Arts.
PUBLICATION :
Catalogue édité par les éditions 1, 2… 4, avec des études de Christine Peltre, Benjamin Stora et Marion Vidal-Bué, 264 pages, 20 €.
|