Entre tradition et modernité : voilà le propos de la nouvelle exposition du Musée de la Photographie. Marcel Taquet a répondu favorablement à l’invitation d’André Villers et a lui-même appelé son ami Jacques Saquet a le rejoindre. L’événement lie deux photographes aux patronymes - et aux passions - très proches.
Un virtuose du développement
Le respect de la tradition, c’est la volonté commune des deux photographes de perpétuer la prise de vue au moyen de boîtiers argentiques. Marcel Taquet est connu dans la région pour permettre aux photographes de faire perdurer une technique en voie de disparition. Dans son laboratoire, en inconditionnel du noir et blanc, il développe ses clichés en utilisant des procédés devenus très rares, tels que le cyanotype ou le platine–palladium. Aussi, ce que Marcel Taquet applique à sa propre voie de création, il le partage avec les autres. Les amateurs avertis, les professionnels rigoureux qui jurent toujours par la révélation de la gélatine d'argent et développent eux-même leurs clichés, vouent une véritable reconnaissance à ce passionné : Marcel Taquet s'évertue à trouver tous les produits nécessaires au développement, dont il est l’un des seuls fournisseurs dans la région.
Reflets dans un palace déchu
Il y a quelques années, Marcel Taquet s’est rendu dans un grand hôtel de la région. Autrefois écrin férique de style Art déco, où toute la haute société venait s’enivrer du luxe, du calme et de la volupté de la Côte d’Azur, il fut, des années durant, laissé à l’abandon. Il n’apparaissait plus que comme une sorte de Titanic échoué sur la terre. Si le temps a eu raison de sa splendeur passée, les dorures faisant place à la poussière et aux gravats, l’âme du lieu subsiste. C’est ce que Marcel Taquet a voulu interpréter. Il ne lui restait plus qu’à faire rejaillir la jeunesse d’antan de cet hôtel, une tâche qu’il a confiée à Jacques Saquet, le spécialiste de la superposition d’images.
Jeux de superposition
La superposition, deux images qui n’en font qu’une, deux représentations de la réalité, coexistent dans un jeu d’ombre et de lumière au sein duquel la féminité est omniprésente. Celle-ci hante sensuellement la salle de réception désertée, évoque le souvenir des grandes soirées durant lesquelles les élégantes dédalaient avec fierté. De la sensualité, encore, avec ces longues jambes, exaltées par la lingerie, et qui font corps avec l’escalier menant aux chambres. Suivant la zone balayée par le regard, le décor ou l’actrice du lieu prend le devant de la scène, les courbes féminines redessinent l’architecture, les graffitis scarifient la peau. Il se crée dans un même temps une forme de confusion dans notre esprit, de la même manière que le souvenir agit dans notre conscience. On est, à la fois ici et ailleurs, aujourd’hui et hier, entre noir et blanc et couleur, entre patrimoine et modernité.
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