Le musée Mandet de Riom possède de riches collections d’objets d’art, notamment d’orfèvrerie civile des XVIIe et XVIIIe siècles, mais aussi d’art décoratif contemporain, axé sur l’orfèvrerie, des années 50 à nos jours. Le musée, qui présente régulièrement le travail de designers, a souhaité rendre un hommage particulier à un créateur hors norme, pour qui la forme ne devait pas être un geste gratuit mais un acte porteur de sens.
Dépasser les frontières
Figure majeure du design italien, Ettore Sottsass, né à Innsbruck en 1917, disparu en 2007, a traversé le XXe siècle en suivant sa propre ligne, à la fois poétique et contestataire, joyeuse et iconoclaste. Très tôt, Sottsass a mêlé les disciplines. Diplômé du Politecnico de Turin en 1939 il installe, en 1947, sa propre agence à Milan. Il participe plusieurs fois à la Triennale d’art et d’architecture moderne de Milan ainsi qu’à de nombreuses expositions en Italie et à l’étranger. Il réalise après-guerre plusieurs projets architecturaux avant de devenir en 1957 directeur artistique pour Poltronova, producteur de meubles. Son design assume ce pêle-mêle maîtrisé : «Mon vocabulaire, c’est une esthétique de la combinaison des matériaux, verre, céramique, marbre, bois mais il y a une symétrie forte et des couleurs, beaucoup de couleurs… pour la sensualité, pour le plaisir des sens. »
Illustration : Théière Basilico - 1987. Céramique. Edition Anthologie Quarlett. Centre national des arts plastiques - Fonds national d'art contemporain, Paris © Peter Frank
De Valentine à Memphis
La longue carrière de cet architecte-designer se cristallise en une quantité d’objets dont certains sont devenus des classiques. C’est le cas pour la machine à écrire Valentine, que Sottsass conçoit pour Olivetti, où il est consultant en design industriel à partir de 1958. Cette petite machine à écrire en plastique rouge vif, qui tranchait avec la traditionnelle austérité de ce type d’objets fonctionnels, devient vite un succès phénoménal. C’est également le cas avec l’étagère Carlton de 1981. Ettore Sottsass, âgé de 64 ans, vient de former avec Andrea Branzi le groupe Memphis, en s’entourant d’une équipe de jeunes designers (Martine Bedin, Georges Sowden, Nathalie Du Pasquier, Matteo Thun, Peter Shire). Ensemble, ils radicalisent le design, introduisant le concept de la non-fonctionnalité du mobilier, en réaction contre le design lisse et puriste du nord de l’Europe.
Un quart de siècle en objets
Dans une scénographie originale de Rémi Bourdier, l’exposition présente une soixantaine de pièces - mobilier, céramique, verrerie, orfèvrerie, joaillerie, objets industriels - qui permettent d’apprécier la diversité du style du designer et son évolution depuis les débuts de Memphis, dans les années 1980, jusqu’à ses dernières réalisations en 2006. Les objets proviennent de grandes collections publiques françaises : Fonds national d’art contemporain, Musée national d’art moderne, Musée d’art moderne de Saint-Etienne, Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques de Marseille, ainsi que des manufactures de Sèvres et de Baccarat. Pour la première, il crée, de 1993 à 2006, vingt formes inédites : 19 vases colorés et un surtout de table blanc et or. Pour la seconde, il fait naître en 2002, après une longue période de mise au point, une collection de dix pièces en série limitée, aux noms de divinités mésopotamiennes.
PUBLICATIONS :
Ettore Sottsass. Sèvres, les temps d’un voyage, 2006, 32 p., 30 photos couleurs, éditeur : Bernard Chauveau, 17 €
Ettore Sottsass Jr, .2006, 296 p., 180 photos couleurs, éditeur : HYX, 45 €
Illustration : Vase Ninurta - 2002. Cristal de Baccarat, ambre et cobalt. Edition Baccarat Dépôt du Fonds national d'art contemporain au musée Mandet - Riom © K. Joannet / CRDP d'Auvergne
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