L’exposition proposée cette année par le musée Hector-Berlioz s’intéresse à un peintre d’origine néerlandaise, dont l’essentiel de la carrière s’est déroulé en France. Travaillant sur le motif, Johan-Barthold Jongkind (1819-1891) transcende l'étude du plein air en faisant de la lumière l'élément essentiel et mouvant de sa peinture. Au crépuscule de sa vie, il quitte Paris pour séjourner et peindre en Dauphiné, plus particulièrement à La Côte Saint-André, avant de s’y éteindre et d’y être inhumé.
Des prêts exceptionnels
L’exposition rassemble plus d’une centaine d’œuvres provenant de collections privées et publiques, dont les musées d’Orsay et Carnavalet à Paris, le musée Malraux au Havre, le musée Eugène Boudin à Honfleur, le musée des Beaux-Arts de Reims, le musée des Beaux-Arts de Lyon, le Musée de Grenoble et le musée Faure d’Aix-les-Bains. Huiles sur toile prestigieuses et aquarelles aux teintes subtiles, réalisées entre 1849 et 1890 et dont certaines sont présentées en Rhône-Alpes pour la première fois, racontent le parcours atypique d’un artiste indifférent à la gloire que tous les historiens de l’art s’accordent pourtant à considérer comme le précurseur de l’impressionnisme en France.
Des bords de Seine aux montagnes des Alpes
La sélection d’œuvres, enrichie de dessins inédits et d’eaux-fortes, illustre à la fois l’itinéraire artistique de Jongkind et ses sources d’inspiration : paysages baignés par la lumière argentée d’un clair de lune et marines aux horizons bas de la mer du Nord, scènes au fil de l’eau sur la côte normande puis Paris, ses ponts et les bords de Seine. Enfin, les plaines et les collines autour de La Côte Saint-André dominées au loin par la blancheur des sommets alpins. En Dauphiné, l’artiste parfois accompagné d’un mouton ou d’enfants qui l’appellent le « père Jonquille », parcourt chemins et routes à la recherche de nouvelles sources d’inspiration. Travaux des champs ou scènes de la vie quotidienne d’un monde rural encore figé, bâtis souvent disparus, cimetières et croix aux carrefours ou encore cafés qu’il fréquente assidûment, atmosphères d’orage ou de crépuscule ; ces sujets-là vont devenir les motifs de ses aquarelles réalisées au naturel ou reprises sur la toile dans son atelier de la villa Beauséjour, à La Côte Saint-André.
Illustration : Johan Barthold Jongkind (1819-1891), par Jules Fesser [1873 / 1878], Photocarte, 9,5 x 6,5 cm. Collection particulière
L’admiration de Signac et de Corot
L’exposition donne la part belle à cette dernière période de l’artiste qui vécut ici à partir de 1878. Après des années de tourments se dégagent une certaine sérénité et surtout une grande liberté stylistique. Dès le début du XXe siècle, les spécialistes de son œuvre, dont le peintre Signac, privilégient cette période pour évoquer son travail. La technique d’aquarelle et le dessin au crayon sur le support papier offrent une nouvelle perception de la nature et de la lumière, tout en restituant aux paysages de nouvelles «impressions». Ce sont ces techniques qui influenceront d’autres artistes, comme l’écrira le paysagiste Corot : «C’est bien lui qui a ouvert toutes grandes les portes par lesquelles mes jeunes amis, qu’on devait nommer les Impressionnistes, ont pu pénétrer».
PUBLICATIONS :
Jongkind, des Pays-Bas au Dauphiné, ouvrage collectif sous la direction de Chantal Spillemaecker, éditions Libel, Lyon, 152 p., ill. couleur, 25 €
Johan Barthold Jongkind, un peintre en Dauphiné, par Christian Sadoux, éditions Le Dauphiné Libéré, 52 p., ill. couleur, 7€
Illustration : La Côte Saint-André par temps d'orage, Aquarelle double face sur deux feuilles juxtaposées, 1885, 17 x 50,5 cm.
Située et datée à l'aquarelle en bas à droite : Cote St. André 2 avril 1885. Cachet de vente de l'atelier en bas à droite : Jongkind. Collection particulilère
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