L’exposition, placée sous l’égide de Baudelaire (la citation qui donne son nom à l’exposition est tirée du poème l’Etranger dans Le Spleen de Paris), propose une réfléxion sur la postérité de l'iconographie des nuages dans la photographie, du milieu du XIXe siècle jusqu'à nos jours. On retrouve la genèse de cet événement, au sein des collections permanentes du musée qui conserve une magnifique collection d'environ 300 oeuvres d'Eugène Boudin dont une vingtaine d'études de ciel. Afin de compléter le propos, l'exposition bénéficie de prêts exceptionnels du MUSEE D'ORSAY.
En complément, le musée propose un parcours thématique autour du motif du nuage. Cet itinéraire argumenté permet de relire les oeuvres des écoles anciennes dans une nouvelle perspective et s'achève sur des toiles du siècle dernier.
A la poursuite du nuage
Le premier volet de l’exposition examine la conquête de ce sujet par la photographie au XIXe siècle. En effet, tandis que Boudin consigne méticuleusement dans ses études les plus infimes variations atmosphériques, les photographes, aux prises avec ces mêmes nuages, inventent toutes sortes de subterfuges pour tenter d’en capturer les valeurs insaisissables. D’abord escamotés ou surexposés, les ciels, objets de prises de vues séparées, sont ensuite rapportés dans les paysages au moment du tirage. Cette approche naturaliste du sujet est illustrée par une sélection d’œuvres de Boudin, à laquelle est associée un choix de photographies précoces de Charles Marville, Charles Nègre, Gustave Le Gray, mais aussi des héritiers de la tradition de la peinture de paysage réaliste comme Félix Thiollier ainsi que des pictorialistes : Hans Watzek, J. C. Annan…
Illustration : Laurent MILLET, Nuée 010, 2006, Photographie numérique, tirage lambda, 50 x 70 cm. Courtesy galerie. Camera Obscura, Paris © Laurent Millet
L’avion au secours de l’artiste
La seconde partie souligne les prolongements contemporains des conquêtes réalisées par les photographes du XIXe siècle. Elle prend en compte les tentatives réitérées des photographes pour tenter d’approcher les nuages au plus près, qu’ils se hissent aux sommets des montagnes comme Léon Gimpel ou bien que les progrès technologiques les projettent au dessus, en dirigeable ou en avion (Alfred Stieglitz). Mais très vite ce regard objectif va basculer de façon significative dans une approche formaliste sur un nuage considéré comme un « objet-matière » totalement inédit et qu’illustrent les recherches d’Alfred Stieglitz qui aboutiront à sa célèbre série des « Equivalents ».
Le nuage réinterprété
Cette partie s’attache plus spécifiquement aux « figures » incontournables d’une nouvelle iconographie du nuage : le nuage solitaire, le nuage noir, le ciel bas et lourd, au point d’en définir une véritable typologie. La remystification du nuage permet aux artistes contemporains, comme Gilbert Garcin, de se livrer à des expérimentations ludiques et poétiques autour du nuage. Vik Muniz et François Méchain auscultent leurs formes anthropomorphes. Ironiques, Pierre et Gilles peuplent de figures angéliques ambiguës des nuées plus post-modernes que réellement spirituelles.
Illustration : Axel ANTAS, Cloud Formation suspended, 2006. C-Print, 90 x 114 cm. Courtesy Rokeby gallery, Londres © Axel Antas
PUBLICATION :
Catalogue sous la direction de Annette Haudiquet, Marc Donnadieu et Jean-Pierre Mélot. Editions Somogy, 176 p., 150 ill., 25 €.
Cette exposition est réalisée en partenariat avec le Frac Haute-Normandie
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