Né en 1958 à Shanghai, le peintre Atsing a étudié à l’école des Beaux-Arts de Mulhouse. Il vit et travaille aujourd’hui à Dijon. La série qu’il présente – « Dans la cité » - a été commencée en 2004. Il y jette un regard étrange sur notre société, et sur les hommes et les femmes qui la constituent. La saisissante réalité de ces personnages, qui pourraient être nos voisins, des gens rencontrés dans la rue, vient du fait qu’ils sont issus de ce que l’on considère pourtant comme faux et artificiel - le monde des médias.
Le jeu des regards croisés
Donner la parole à une expression moderne, susciter la réflexion à partir d'une création plastique, oser les confrontations sont des initiatives encouragées depuis près de trente ans au Musée archéologique. Ces « regards croisés » permettent d'ouvrir le musée à un public nouveau, en développant un discours contemporain dans un lieu chargé d'histoire. Après Pierre-Yves Videlier (2003), Jean-Pierre Dussaillant (2005), les Poissons rouges de Didier Dessus (2006) et les Concept(ions) de Carlos Castillo (2007), c’est au tour, en cette fin d’année 2009, d’Atsing et de ses grands personnages composés d’après des pages déchirées et ré-assemblées de journaux et magazines de mode.
Illustration : Sans titre, 2008, huile sur toile, cl. André Morin
Gros plan sur notre vie quotidienne
Les origines lointaines d’Atsing lui font adopter une expression artistique qui peut dérouter : représentations figuratives maîtrisées dans un contexte qui interroge par son abstraction. Cet art sensible et attachant nous invite à reconsidérer notre quotidien. Les sujets grandeur nature, dans des teintes emplies de nuances, nous regardent et témoignent de la vie des femmes et des hommes de ce siècle, par leurs poses, leurs vêtements, leurs « attributs ». Il est curieux de confronter ceux-ci à l'iconographie attenante du seigneur de Fontaine-les-Dijon, Kalo de Saulx, qui figure sur sa pierre tombale dressée à quelques mètres : deux époques, deux modes figuratifs…
Un cousin des « ymagiers »
Sans en prendre conscience peut-être, par ses options artistiques et ses nuances colorées, Atsing prolonge une longue tradition bourguignonne, celle des peintures murales dont le Musée archéologique a été l'un des porte-voix. Les expositions « D'ocre et d'azur » (1992) et « Couleurs de temps - fragments d'histoire » (2003) ont représenté des jalons essentiels de la sensibilisation populaire à un art fragile, porté par les murs des édifices patrimoniaux de la Bourgogne. La peinture d'Atsing se découvre parfaitement par le prisme des expressions médiévales. L'évêque de l'église d'Oisilly, l'homme au faucon de l'église de Saint-Euphrône ou le donateur en aube de l'église de Champagne-sur-Vingeanne portent en eux des évolutions stylistiques manifestes. Mais les « ymagiers » qui les ont figurés ont, comme Atsing, apporté une vision transfigurée de leurs contemporains.
PUBLICATION :
Catalogue de l’exposition, textes de Fabian Stech et de Christian Vernou (introduction), photographies de André Morin, maquette et graphisme de Bruno Voidey, format 21x22 cm 48 p. couleurs, 14 €
Illustration : Sans titre, 2007, huile sur toile, cl. André Morin
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