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N° 3 - du 4 mai 2006 au 10 mai 2006

L'AIR DU TEMPS

L’art français existe-t-il ?

Les organisateurs de La Force de l’art, la nouvelle manifestation triennale du Grand Palais, jurent leurs grands dieux qu’il ne s’agit pas de faire naître au forceps un art français contemporain, singulièrement sous-représenté dans les grandes foires mondiales. Mais simplement de montrer la vitalité de la scène hexagonale (essentiellement parisienne), qui accueille des créateurs de tous horizons. Dans une période de morosité politique et sociale, l’initiative voulue par Dominique de Villepin a évidemment un fort sous-entendu patriotique – une façon de dire : « Non ! La France n’est pas en déclin. Regardez ! » Chacun tirera ses conclusions à partir d’un choix, concocté par 15 commissaires, qui s’annonce riche : de César à Soulages jusqu’à Bruno Peinado et Pierre Huyghe en passant par Boltanski, Lavier et de nombreux étrangers (Lee Ufan, Roman Opalka, Sarkis). Reste à savoir si son principal instigateur, usé par les affaires du CPE et de Clearstream, aura le cœur à l’art contemporain ou, tout simplement, s’il sera encore au timon le jour du vernissage. Dieu ! Qu’il est difficile de gouverner un pays qui compte au moins 365 sortes d’artistes.

  • La Force de l’art, du 10 mai au 25 juin 2006, au Grand Palais (avenue Winston-Churchill, 75008 Paris), tous les jours sauf le mardi, de 12h à 20h.

    Le site de la Force de l'art (du texte mais peu d'images…)

  • MUSÉES

    L'Orangerie, murs compris

    PARIS - Rendre les Nymphéas de Monet à la lumière naturelle : c'est le principe qui a guidé la rénovation du musée de l'Orangerie. Il a fallu 6 ans et 25 millions d'euros (dont un quart ont été fournis par la tournée internationale des chefs-d'œuvre de la collection Walter-Guillaume, l'autre trésor du musée) pour arriver à ce résultat. L'étage, qui avait justement été construit pour accueillir cette collection (un superbe fonds de Cézanne, Matisse, Derain, Soutine et Picasso), a été démoli et la verrière renforcée. Cela a permis de restituer l'aménagement d'origine, voulu par Monet lui-même, qui avait fait don des Nymphéas au lendemain de l'armistice de 1918. Mais pourquoi tant de temps pour ces aménagements conçus par l'agence Lajus Pueyo Brochet ? C'est qu'un obstacle imprévu s'est présenté en pleine canicule 2003 sous la forme des fortifications de Charles IX. Commencées en 1566, achevées en 1637, elles constituent la dernière grande muraille circulaire de l'histoire de Paris. Le ministère de la Culture a décidé de la conserver et les architectes ont dû adapter leur projet en conséquence. Combinant désormais art moderne mais aussi archéologie et architecture contemporaine, le musée de l'Orangerie a tout pour retrouver l'affluence de la décennie 1990. Avec des pointes à 500 000 visiteurs par an, c'était alors l'un des monuments les plus visités de la capitale.

  • Le musée national de l'Orangerie (jardin des Tuileries) rouvre le 17 mai 2006 (entrée gratuite les 17, 18,19, 20 et 21 mai). Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9h à 19h (matinée réservée aux groupes jusqu'à 12h30), nocturne le vendredi jusqu'à 21h.

    Le site de l'Orangerie pour en apprécier la collection

  • EXPOSITIONS

    Friedrich, l’ivresse de la nature

    ESSEN – L’un des apôtres du romantisme en peinture, connu pour ses paysages sauvages, déserts (ou contemplés par des personnages en noir, de dos), fait l’objet d’une rétrospective au cœur de la Ruhr. De façon significative, elle sera inaugurée par la reine de Suède. Friedrich, né en 1775 dans la ville de Greifswald en Poméranie, a en effet été sujet suédois jusqu’au Congrès de Vienne, soit les deux tiers de sa vie (il est mort en 1840). L’exposition réunit environ 80 tableaux et une centaine de dessins, provenant d’une cinquantaine d’institutions différentes. Sponsorisée par l’énergéticien E.ON, elle veut prouver que Essen mérite d’être ville européenne de la culture (elle est candidate pour 2010) et sert de feu d’artifice avant la rénovation complète du musée Folkwang. Parmi les œuvres exposées, nombre de « classiques » comme la Mer de glace, Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages, les Ages de la vie, peinture-testament réalisée en 1835, la Croix dans la montagne ou les Falaises de Rügen. Tenu pour son tableau le plus célèbre, il n’avait jamais été prêté par son propriétaire, la collection Reinhart de Winterthur, en Suisse.

  • Caspar David Friedrich, du 5 mai au 20 août 2006, au Folkwang Museum (Essen).

    Le site du musée Folkwang

  • Les têtes brûlées de l'actionnisme viennois

    VIENNE – A côté de ce que les actionnistes viennois ont eu le cran de faire en termes de happening contre la morale bourgeoise – incluant sang, excréments, sperme – toutes les autres performances de l’après-guerre pâlissent. C’était les années soixante mais, en pleine libéralisation des mœurs, les interventions de ces militants de l’extrême n’étaient pas du goût des autorités : après la séance Art et Révolution à l’université de Vienne, en 1968, Günther Brus et Otto Muehl, sous le coup de poursuites judiciaires, durent s’enfuir à l’étranger. L’un des membres du groupe, Rudolph Schwarzkogler, ira encore plus loin, faisant de son suicide une ultime performance, en 1969. Les photos, films et œuvres présentées appartiennent au galeriste Julius Hummel, le principal collectionneur du mouvement.

  • L’actionnisme viennois, du 4 mai au 16 juillet 2006, au MUMOK (Museumsplatz 1, Vienne).

    La présentation de l’exposition

  • Gilbert & George frappent encore

    MAASTRICHT - Le duo anglais statufié mais toujours provocateur : c'est ce que prouve sa dernière exposition en terre batave. L'ensemble intitulé Sonofagod Pictures - Was Jesus a Heterosexual ? a été créé en 2005 et présenté en début d'année 2006 à la galerie londonienne White Cube. Son esthétique très colorée est à la croisée de plusieurs influences a priori antagonistes : les entrelacs celtiques, les vitraux des cathédrales, les symboles chrétiens (la Crucifixion) et profanes (le fer à cheval). Et pose une question qui aurait été sacrilège il n'y a pas si longtemps - Jésus était-il hétérosexuel ? - mais qui, après le passage du Da Vinci Code, vous a un simple goût de déjà vu… C'est en tout cas une bonne occasion de visiter Maastricht, qui n'existe pas qu'au mois de mars, lorsque s'y tient le TEFAF, sa célèbre foire d'antiquaires.

  • Gilbert & George, Sonofagod Pictures, du 9 mai au 30 juillet 2006, au musée Bonnefanten (250 avenue Céramique, Maastricht).

    Pour voir quelques-unes des œuvres exposées

  • PHOTOGRAPHIE

    Petit DFOTO deviendra grand ?

    SAN SEBASTIAN – Si le terme n’était pas galvaudé, on dirait de ce jeune salon de la photographie qu’il est à taille humaine. Porté par un collectionneur notoire, Ordoñez Falcón, il n’accueille pas plus d’une quarantaine de galeries, ce qui donne la sensation agréable de pouvoir tout voir sans se presser. Sont présents les Espagnols Pepe Cobo, Juana de Aizpuru, le Portugais Mario Sequeira, les Français Anne Barrault, Vu, Kamel Mennour ou les Filles du Calvaire, l’Anglais Gimpel Fils, le New Yorkais I-20 (représentant de Spencer Tunick, qui a, il y a quinze jours, fait dévêtir un millier de Basques sur la plage de San Sebastián). Du beau monde pour un galop d’essai avant Photo España, qui ouvre le 1er juin à Madrid et où l’on sera, au contraire, submergé par une offre pléthorique. Parmi les expositions au programme : Beat Streuli, Toshio Shimamura et la Fabrique du paysage, dont le commissaire est Régis Durand, du Jeu de Paume.

  • DFOTO, du 4 au 7 mai 2006, au Kursaal de San Sebastián.

    Le site de DFOTO

  • LIVRES

    Goude dans les grandes largeurs

    Il n'est pas grand - ce complexe est d'ailleurs une source notable de créativité - mais hyperactif. Pour Jean-Paul Goude, ordonnateur des fêtes du bicentenaire de la Révolution en 1989, publicitaire de talent, "inventeur" ou metteur en scène de superbes créatures (de Grace Jones à Laetitia Casta), le temps est venu du bilan. Avec la complicité de Patrick Mauriès, il raconte ses débuts, ses rêves brisés de danseur, ses accointances avec Jacques Prévert ou avec New York, de la revue Esquire aux peep-shows de la 42e rue. Le livre vaut pour ses images, dont certaines sont devenues des icônes (la campagne du parfum Egoïste, par exemple), mais aussi pour la sincérité de la confession personnelle. Et l'on ne croit qu'à moitié à la valeur testamentaire de l'ouvrage : Goude n'a pas fini de faire jouer son esprit français - un peu vaniteux, un peu superficiel, mais néanmoins spirituel. Ce que les Américains appellent la French touch…

  • Tout Goude, texte de Patrick Mauriès, éditions de La Martinière, 2005, 66,50 €

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  • BRÈVES

    NEW YORK – Picasso superstar, comme d'habitude. Son Dora Maar au chat a été adjugé 95,2 millions de dollars chez Sotheby's le 3 mai, ce qui en fait le tableau le plus cher de l'histoire… après le Garçon à la pipe du même Picasso (104,2 millions de dollars en mai 2004 chez Sotheby's également). Petite déception, en revanche, chez Christie's pour Madame Ginoux, l'Arlésienne de Van Gogh, estimé 50 millions de dollars, qui n'en a réalisé "que" 38 le 2 mai. Quant aux 19 aquarelles de William Blake illustrant le poème The Grave, de Robert Blair, elles n'ont rapporté chez Sotheby's que 7,1 millions de dollars contre les 12 à 15 estimés (mais sept feuilles n'ont pas trouvé preneur). L'enchère la plus haute a porté sur The Death of the Strong Wicked Man, qui a été acquis par les Amis du Louvre pour 1,5 million de dollars.

    PARIS - La première partie de la bibliothèque érotique de Gérard Nordmann, dispersée chez Christie's le 27 avril, a réalisé 2,7 millions d'euros. La plus haute enchère a porté sur les Sonetti lussuriosi de l’Arétin (imprimé à Venise en 1527 chez Giovanni Tacuino da Tridino), à 325 600 euros.

    NEW YORK - Canettes de soupe ou aspirateurs ? Après Van Gogh - Picasso, nouveau match Christie’s - Sotheby’s, cette fois à la gloire de la société de consommation. D’un côté, une Campbell Soup de Warhol (10 millions de dollars chez Christie’s le 9 mai ; on y verra aussi 35 sculptures de Donald Judd). De l’autre, les New Hoover Convertibles de Jeff Koons (le 10 mai chez Sotheby’s, à côté d’un Dragon volant de Calder).

    Le catalogue de Christie’s

    PARIS – Un Dufy pour trois fois rien ? C’est possible à Drouot où maître Debureaux met en vente des gouaches et des empreintes dessinées par le peintre pour la maison Bianchini-Férier. A partir de quelques centaines d’euros, le 10 mai.

    Le catalogue de la vente Debureaux

    PARIS – C’est un hommage idéal à Viviane Huchard, sa conservatrice disparue en juillet 2005 : le musée national du Moyen-Age (musée de Cluny) expose dix ans d’acquisitions, soit une centaine d’objets (à partir du 10 mai).

    Liste de quelques-unes des œuvres

    AUSTIN – L’Université du Texas a inauguré le week-end dernier le nouveau bâtiment de son musée (Blanton Museum), dessiné par Kallmann Mc Kinnell & Wood. Un projet de près de 85 millions de dollars, qui abrite notamment une riche collection d’art latinoaméricain.

    Le site du Blanton Museum

    PARIS - Les nostalgiques d'Ed Ruscha ont une seconde chance. L'exposition au Jeu de Paume vient de fermer mais la galerie Templon prend le relais à partir du 4 mai en présentant des séries de photos emblématiques - Rooftops ou Vacant Lots (terrains vagues), qui détaillent l'évolution de Los Angeles du début des années 60 à aujourd'hui.

    Le site de la galerie Templon

    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas…

    NANCY - Roger Marx, haut fonctionnaire des beaux-arts mort en 1913, est très peu connu du grand public. Il a pourtant joué un rôle essentiel dans la carrière de quelques-uns des grands maîtres de l'art moderne : Gallé, son compatriote nancéien, Monet, Renoir ou Rodin. A découvrir au musée des Beaux-Arts et au musée de l'Ecole de Nancy.

    Roger Marx, un critique aux côtés de Gallé, Monet, Rodin, Gauguin

    GENEVE - Le musée Ariana a invité une septuagénaire pleine d'énergie, la céramiste américaine Betty Woodman. Fidèle au récipient tourné, elle lui fait cependant perdre sa vocation strictement utilitaire en le colorant, en le déformant, en le décomposant en fragments, en le faisant devenir tour à tour sculpture ou peinture.

    Betty Woodman, Théâtres

    PARIS - A la Libération, l'abstraction prend à Paris une teinte lyrique grâce à la rencontre de talents de tous horizons : Bissière, Schneider, Mathieu, Wols, Hartung, Matta et tant d'autres. Le musée du Luxembourg les a réunis pour faire le point sur une période trop rarement présentée.

    L'envolée lyrique, Paris 1945-1956