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N° 23 - du 9 novembre 2006 au 15 novembre 2006

L'AIR DU TEMPS

Vu du ciel

Dans l’esprit du public, Yann Arthus-Bertrand est devenu synonyme de photographie aérienne, dont il détiendrait presque le monopole. Sa Terre vue du ciel est devenu un business décliné en agendas, affiches, cartes postales, expositions sur les grilles du Luxembourg, etc. Sans rien ôter à son talent, il ne fait pas de mal de rappeler, de temps en temps, que des pionniers ont effectué avant lui un travail remarquable. Deux d’entre eux sont mis en avant dans des expositions concomitantes. A Londres, le British Museum présente Georg Gerster. Né en 1928, il a survolé en 40 ans de carrière des sites archéologiques dans 111 pays. A Paris, c’est un personnage haut en couleurs - avec ses photos en noir et blanc des Halles ou de la Seine - qui ressuscite au musée Carnavalet : Roger Henrard (1900-1975). Les 65 images présentées, ne sont qu’un échantillon des 1750 clichés qu’il a légués à Carnavalet. Pilote d’exception, il obtint de la préfecture l’autorisation de survoler très bas la capitale, au guidon de son monomoteur, pour s’approcher au plus près des monuments. On imagine quelle réponse serait aujourd’hui donnée à un impétrant qui formulerait la même demande…

Georg Gerster au British Museum à partir du 16 novembre

EXPOSITIONS

Pub et chambre noire

PARIS – Cela fait bientôt un siècle que la photographie est couramment utilisée dans le domaine publicitaire puisque l’on date de 1928-30 le tournant, dans la réclame, de l’image dessinée au cliché. Plutôt que d’en attendre l’anniversaire dans une vingtaine d’années, le musée de la Publicité fait le point sur trois quarts de siècle très touffus en évolution. Si Man Ray et Jean-Paul Goude sont des noms connus de tous, on a plaisir à voir mis en avant d’autres grands interprètes du genre. L’exposition fait ainsi la part belle à l’école de Paris des années 1930 lorsque Laure Albin-Guillot, François Kollar, Emmanuel Sougez ou Maurice Tabard, toujours très près de la technique (ils sont parfois directeurs de laboratoires) font des images en gros plan, savamment éclairées, de radiateurs, d’ampoules électriques ou de mobilier. Les années 1960 à 1980, avec l’irruption de la couleur et des compositions qui aiment utiliser le second degré, par Guy Bourdin ou Sarah Moon, constituent un autre âge d’or. Les développements récents, permis par la photographie numérique, fournissent la conclusion de l’exposition.

  • La photographie publicitaire en France, de Man Ray à Jean-Paul Goude au musée de la Publicité du 8 novembre au 25 mars 2007

    Le site des Arts décoratifs, dont fait partie le musée de la Publicité

  • Vous reprendrez bien du Martini

    MILAN – Il est moins connu que la boisson du même nom et ses expositions sont si rares qu’il ne faut pas manquer celle qu’offre la capitale lombarde ! Arturo Martini, né à Trévise en 1889, mort en 1947, a été un compagnon de route des futuristes et des métaphysiciens à la Chirico. Puis, obsédé par la sculpture médiévale et de la Renaissance, il a suivi un chemin personnel qul l’a vu accéder, tout en restant figuratif, à un degré d’abstraction toujours majeur. Une centaine d’œuvres sont exposées au Palazzo della Permanente et à la Fondazione Stelline, montrant sa capacité à utiliser tous les matériaux : plâtre, bronze, marbre de Carrare ou pierre de Finale Ligure, terre réfractaire ou terre cuite… Hercule, Tchékhov, des personnages dont ceux de la célèbre série « La Soif » sont présentés. Martini a été un grand sculpteur « public » et il faut donc profiter d’un voyage à Milan pour aller découvrir ses sculptures et bas-reliefs dans la ville, de l’hôpital Niguarda au Palais de Justice ou au Palais de l’Arengario, face au Duomo.

  • Arturo Martini du 8 novembre 2006 au 4 février 2007 à la Permanente et à la Fondazione Stelline.

    Le mini-site consacré à l’exposition

  • Un Caravage, sinon l’autre

    ROME – C’est une toute petite exposition que l’on peut voir dans l’église Santa Maria del Popolo : deux tableaux seulement ! Mais elle n’en est pas moins palpitante car elle évoque un épisode mystérieux de la vie du Caravage (qui n’en était pas avare). Deux versions de sa Conversion de saint Paul sont mises en regard. La première est sur toile et orne une chapelle de l’église depuis 1605. La seconde est sur bois de cyprès, appartient à la famille Odescalchi et vient d’être restaurée : c’est en réalité celle-ci qui avait été commandée à l’origine par Tiberio Cerasi, trésorier de la Chambre apostolique. Alors pourquoi une substitution a-t-elle été effectuée par Caravage ? Le mystère s’épaissit quand on distingue une seconde scène sur les murs de l’église : le Martyre de saint Pierre. C’est la version « toile ». Il existait également un original « cyprès » mais qui a disparu depuis bien longtemps. Avis aux chasseurs de trésors…

  • Il Caravaggio Odescalchi, du 10 au 25 novembre, dans l’église Santa Maria del Popolo.

    Une reproduction de l’œuvre

  • MARCHÉ

    Artissima teenager

    TURIN – Le cadre est toujours aussi fascinant : l’ancienne usine Fiat du Lingotto, remodelée par Renzo Piano avec la mythique piste d’essais sur le toit… Mais une visite à Artissima, dynamique foire d’art qui fête sa 13e édition, ne se limite pas à des émois architecturaux. Elle constitue un bon panorama du marché italien dans son segment le plus contemporain. A côté des solides valeurs locales (l’Arte Povera est née ici) que sont Persano ou Christian Stein, une bonne délégation d’exposants étrangers est également présente (au total, 150 galeries). A l’instar des autres foires internationales, Artissima a créé une section pour les nouvelles pousses (New Entries) et une autre pour les projets de grandes dimensions (Constellations). Turin profite de l’occasion pour multiplier les initiatives : pour la Saturday Night Art Fever, musées et galeries seront ouverts tard tandis que la manifestation Luci d’Artista (qui se prolonge jusqu’en décembre) distille des installations lumineuses dans toute la ville.

  • Artissima, du 10 au 12 novembre au Lingotto Fiere

    Le site d'Artissima

  • Les assiettes contre la faim

    Pour la troisième année, Action contre la faim organise une vente d'œuvres d'artistes contemporains. Les sommes collectées permettent de mener des programmes d’urgence dans le monde entier. Ce sont des assiettes de porcelaine qu'ont décorées cette années une centaine d' artistes tels que Pierre et Gilles, Robert Combas, Aki Kuroda, Didier Pozza, Alain Declercq, Claude Viallat, Orlan... Ces assiettes sont présentées sur le site Internet d’Action contre la Faim où l'on peut enchérir en ligne dès maintenant. Elles seront finalement adjugées le 12 décembre, au cours d’une soirée à l’Hôtel Dassault organisée en partenariat avec Artcurial.
    Créée en 1979, Action contre la Faim est aujourd’hui l’une des plus importantes organisations humanitaires de lutte contre la faim dans le monde, constituée en réseau international avec cinq sièges (Londres, Madrid, New York, Montréal et Paris). Action contre la Faim – France intervient dans 18 pays frappés par des crises alimentaires graves. En 2005, Action contre la Faim - France est venue en aide à près de 1,9 millions de personnes.

    Voir toutes les assiettes et enchérir sur le site d'Action contre la faim

    LIVRES

    Kiefer-Celan, le cauchemar des camps

    Depuis des décennies, Anselm Kiefer (né en 1945) est obsédé par la mémoire du nazisme et de ses horreurs, qu’il tente d’exorciser par une peinture très matérielle, alliant sable, fleurs séchées, paille, graines de tournesol, cendres, bâtons brûlés ou livres de bronze… Originaire de Donaueschingen, un lieu marqué par le mythe germanique des Nibelungen, Kiefer n’en finit pas d’essayer de comprendre l’indicible. Les poèmes de Paul Celan, qui a perdu toute sa famille dans les camps et qui s’est suicidé en se jetant du pont Mirabeau, lui ont longuement servi de fil conducteur dans cette quête. Le livre mène une analyse serrée de ce rapport entre l’écrit et création plastique, dans une langue parfois ardue. L'ouvrage a reçu le prix Artcurial du livre d'art contemporain.

  • Anselm Kiefer et la poésie de Paul Celan, par Andréa Lauterwein, éditions du Regard, 2006, ISBN : 2-84105-159-5, 59 €

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  • BRÈVES

    BOURGES – Du 9 au 19 novembre, la 3e biennale d’art contemporain de Bourges investit de nombreux lieux de la ville, de la maison Jacques-Cœur au musée Estève, du muséum d’Histoire naturelle à la Transpalette.

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    LISBONNE – Le salon Arte Lisboa 2006 réunit 66 galeries d’art contemporain du 9 au 13 novembre. Ce rendez-vous permet de prendre le pouls du marché portugais.

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    NEW YORK – Abondance de Warhol lors des ventes d’art moderne et contemporain chez Christie’s le 15 novembre : le portrait de Marilyn (1962) est estimé 12 millions $, celui de Mao (1972) 8 millions.

    Explication audio (en anglais) du portrait de Mao

    NEW YORK – Le salon Art20, créé il y a 5 ans, se tient du 10 au 13 novembre au Park Avenue Armory. Il est spécialisé sur le XXe siècle, des avant-gardes jusqu’à nos jours et rassemble une soixantaine de galeries.

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    NEW YORK – L’artiste Olafur Eliasson, dont l’installation en forme de soleil à la Tate Modern avait fait date, a réalisé une sculpture lumineuse, qui sera exposée dans tous les magasins Louis Vuitton. Elle est présentée dans le magasin de la Ve Avenue le 9 novembre.

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    PARIS - Le Salon du patrimoine culturel est ouvert au public du 9 au 12 novembre au Carrousel du Louvre. Il réunit 250 exposants, professionnels de la restauration, de la décoration et des monuments historiques.

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    PARIS – Quatre salons – ceux des Artistes Français, des Indépendants, du Dessin et de la Peinture à l'eau ainsi que Comparaisons - se sont fédérés pour proposer la manifestation "Art en capital", qui se tient sous la nef du Grand Palais du 9 au 19 novembre.

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    PARIS – La galerie Valérie Cueto ferme à Paris et rouvre à New York le 24 février (au moment de l’Armory Show) sous le nom de Cueto Project.

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    TORONTO – Pour sa 7e édition, du 9 au 13 novembre, la Toronto International Art Fair accueille 85 galeries d’art contemporain, essentiellement d’Amérique du Nord.

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    Cette semaine, ne manquez pas

    François Bocion, au seuil de l'impressionnisme

    VEVEY - Contemporain d'Eugène Boudin, François Boçion (1828-90) privilégie comme lui la peinture de plein air, captant toutes les subtilités atmosphériques du monde lacustre. C'est à une redécouverte de ce peintre basé à Lausanne, et grand ami de Courbet (à sa mort, il sera chargé d'expertiser son atelier), qu'invite le musée Jenisch, avec quelque 160 œuvres.

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