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N° 31 - du 18 janvier 2007 au 24 janvier 2007

L'AIR DU TEMPS

Le Texas et les bananes volantes

« La banane est un clin d’œil à la stupidité ». Fort de ce concept simple, le plasticien César Sáez a décidé de placer en orbite géostationnaire une gigantesque banane de 300 mètres de long. Construite en bambou et balsa – comme le radeau Kon Tiki de Thor Heyerdahl – et recouverte de papier synthétique, elle se maintiendra pendant un mois à une altitude de 30 000 m avant de se désintégrer. Elle tournera sur elle-même grâce à un système de gyroscopes mais sera géostationnaire, c’est-à-dire qu’elle se tiendra toujours au même endroit au-dessus de la Terre. Et le choix de Saez et de son équipe n’est évidemment pas anodin : cet endroit, ce sera le Texas, le pays de la puissance spatiale, des cow-boys machos, du pétrole et du président Bush. Suspendre un fruit d’origine étrangère, phallique et jaune, sur Dallas, c’est à la fois une vaste plaisanterie de potache et une satire au second degré. Le projet, d’un coût d’un million de dollars, est appuyé par plusieurs centres d’artistes canadiens. Une souscription est lancée ainsi qu’un appel aux bonnes volontés pour trouver un site de construction au nord du Mexique. Compte tenu de ses dimensions, c’est une banane à croissance rapide : elle devrait se gondoler près de la stratosphère en 2008.

En savoir plus sur le projet

EXPOSITIONS

Canaletto-upon-Thames

DULWICH (LONDRES) – Canaletto, le Grand Canal, le Palais des Doges… Canaletto, la Tamise, la campagne humide… Est-ce le même artiste ? Oui même si on l’oublie souvent. Les Anglais composaient une clientèle si essentielle pour Canaletto qu’il s’installa près de dix ans chez eux, de 1746 à 1755. C’est cette période qu’explore la Dulwich Picture Gallery, un délicieux musée des environs de Londres. On y voit donc des vues classiques de Venise, que Canaletto peignit loin de l’original (mais il le connaissait par cœur, grâce à ses carnets de notes). Mais aussi tout ce qui l’inspira sur place, de la Tamise, évidemment, cousine industrialisée du Grand Canal, aux demeures de l’aristocratie, baignées dans l’herbe et les nuages. L’intérêt de l’exposition est accru par la provenance des œuvres : beaucoup n’ont jamais quitté les collections privées britanniques.

  • Canaletto in England, à la Dulwich Picture Gallery, du 24 janvier au 15 avril

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  • Baselitz remonte le temps

    VIENNE – Il a longtemps été l’un des jeunes hommes en colère, l’un des talents subversifs de l’art européen. On se souvient que son tableau de 1962, Die grosse Nacht im Eimer, le montrant enfant, se martubant, fut interdit d’exposition. Aujourd’hui, Georg Baselitz a 68 ans. Connu depuis 1969 pour ses personnages peints à l’envers, il est devenu une valeur sûre, figurant dans les encyclopédies. L’exposition qui ouvre à l’Albertina sous le titre parlant de Remix mérite véritablement le titre de rétrospective : l’artiste se penche en effet sur sa production passée, celle des années 1960-70. Elle lui sert d’inspiration pour un nouveau pan créatif, moins violent, plus réfléchi. Une trentaine de 30 toiles et 60 dessins sont présentés pour la première fois : ils proviennent en grande partie de la collection de l’artiste. Parallèlement, la fondation Rheingold dépose à long terme à l’Albertina un ensemble de 9 tableaux et 60 aquarelles.

  • Baselitz Remix à l’Albertina, du 18 janvier au 24 avril

    Le site de l’Albertina, peu disert

  • Des pages pleines de Grèce

    VILLENEUVE-D’ASCQ - L’influence de la Grèce antique sur l’art occidental est évidemment un sujet inépuisable. Le musée d’art moderne Lille-Métropole se penche sur une période précise en France – de 1933, date d’arrivée au pouvoir d’Hitler, aux mutations de 1968 – et sur des productions particulières – le livre, le dessin, l’estampe, avec des œuvres sur papier de Zadkine, Braque, Laurens, Le Corbusier, André Masson, etc. Suivant un fil conducteur inspiré par Marguerite Yourcenar, l’exposition se décompose en trois « poèmes » : les origines, le destin, la politique. Si les deux premiers renvoient à l’histoire antique et à la façon d’illustrer ses mythes, le troisième montre comment la pensée des Anciens a pu inspirer l’Europe en lutte contre le fascisme. Les revues Minotaure et Cahiers d’art (lancées par Tériade et Christian Zervos, qui jouèrent un rôle de passeur, en étant tous deux originaires) illustrent le renouveau du mythe de la Grèce au XXe siècle.

  • La Grèces des modernes, Impressions d’un voyage, les artistes, les écrivains et la Grèce, 1966-1968

    Lien vers le musée de Villeneuve-d'Ascq

  • VENTES

    Derniers souvenirs d'un roi grec

    LONDRES – L’Hellade, à l’honneur à Villeneuve-d’Ascq (voir ci-dessus) l’est aussi, sous une autre forme, à Londres. On y disperse les 24 et 25 janvier la collection du roi George Ier, qui régna de 1863 à 1913. L’argenterie y est à l’honneur, notamment par l’intermédiaire de l’orfèvre de la cour anglaise, Garrard, de son homologue danois Michelsen ou du Français Poussielgue-Rusand. Les liens de George avec la Russie – il épousa la grande-duchesse Maria Fedorovna dont il eut huit enfants – expliquent les nombreuses pièces signées Fabergé, dont l’une, une horloge en néphrite, est estimée 250 000 £. On dépensera beaucoup moins avec les flacons à parfum ou les boites à cigarettes. Des objets chinois en jade, des tabourets et consoles en bois doré et quelques tableaux européens du XIXe siècle complètent une vente éclectique de 850 lots, de forte saveur nostalgique. Au vu des récentes ventes royales, dont celle consacrée à la princesse Margaret, on sait que la nostalgie est à la mode…

  • Vente George Ier chez Christie’s les 24 et 25 janvier.

    Lien vers www.christies.com

  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE

    Yann Toma : « Et Ouest-Lumière fut ! »

    PARIS – Né en 1969, Yann Toma élabore depuis 1991 une fiction soumise aux règles du marché : il fait vivre une grosse entreprise de production d’électricité – Ouest-Lumière - dotée d’innombrables directions, soumise à des actionnaires pointilleux et réunissant régulièrement son conseil d’administration. Fiction ou réalité ? En ces temps d’envolées virtuelles, on ne sait plus trop bien tant Yann Toma s’est ingénié à brouiller les pistes. Il a racheté le nom d’une entreprise qui a réellement existé, l’ancêtre d’EDF avant la nationalisation de 1946. Les actionnaires actuels sont des personnes en chair et en os, qui se réunissent « pour de bon » sous l’autorité du président à vie, Yann Toma. Les organigrammes très compliqués sont consultables sur internet et l’on a pu voir, il y a quelques années, de vrais-faux dossiers empilés chez Artcurial. L’affabulation va désormais plus loin : Yann Toma a passé six mois au Rajasthan et à Delhi pour lancer, avec l’aide des derniers peintres en lettres, une vraie campagne de publicité sur Ouest-Lumière. Cette campagne est affichée en grands panneaux dans les rues de Neemrala. Pour ceux qui ne pourront pas se rendre en Inde, de grandes toiles en constituent un compte-rendu efficace à la galerie Patricia Dorfmann. Prochain objectif du président à vie : partir à la conquête de l’Amérique.

  • Yann Toma à la galerie Patricia Dorfmann, jusqu’ au 10 février, 61, rue de la Verrerie, 75004 Paris, tél. : 01 42 77 55 41 ouest-lumiere.org

    Le site d'Ouest-Lumière

  • LIVRES

    Primatice, comme en 1540

    Un fastueux prélat italien, le cardinal de Ferrare, souhaite faire d’une chapelle d’Ile-de-France un monument digne de Florence, Rome ou Venise. La scène se situe vers 1540, sous François Ier. Cinq ans plus tard, le miracle est accompli et le cycle de fresques de Primatice, avec sa voûte aux 18 saints, va s’inscrire définitivement dans l’histoire de l’art. La chapelle Sainte-Marie qui l’accueille, propriété de l’Institut de France, curieux vestige au milieu d’une abbaye cistercienne démolie à la Révolution, vient d’être restaurée grâce à l’aide de Generali et d’autres mécènes. Elle est rouverte au public depuis l’automne 2006. Le livre revient sur les conditions de la commande – le cardinal de Ferrare, fils de Lucrèce Borgia, se fera aussi connaître par la villa d’Este à Tivoli – et sur les enquêtes qui ont permis d’attribuer définitivement le cycle, notamment sur la foi des dessins consacrés au Louvre, au Primatice. La seconde partie analyse l’œuvre, les techniques et les pigments utilisés au XVIe siècle puis détaille les opérations de restauration. La troisième partie, obligatoire, consistera en une visite sur les lieux…

  • Primatice à Chaalis, sous la direction de Jean-Pierre Babelon, éditions Nicolas Chaudun, 2006, ISBN : 2-35039-027-6, 45 €

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  • BRÈVES

    AMSTERDAM - Le marchand néerlandais Robert Noortman, l'un des principaux antiquaires européens, spécialisé en maîtres anciens, est décédé à l'âge de 60 ans. Figurant parmi les fondateurs du salon Tefaf de Maastricht, Noortman avait cédé l'an dernier son affaire à Sotheby's, en échange d'une part du capital de l'auctioneer.

    AARHUS (Danemark) – Le musée AROS présente du 17 au 31 janvier City on Fire, une vidéo de Pio Diaz et Thyra Hilden. Projeté sur ses murs extérieurs à 17 heures, ce feu symbolique incite à réfléchir sur les tendances destructives de la culture occidentale.

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    LONDRES – L’exposition Vélasquez à la National Gallery a dépassé les 300 000 visiteurs. Pour sa dernière semaine (elle ferme le 21 janvier), les horaires d'ouverture ont été prolongés jusqu’à 21 heures.

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    PARIS – Deux nouveaux musées ont reçu le label « musée de France » (reconnu par l’Etat) : le musée Bonnard du Cannet et le musée du Service de santé des armées à Paris. Les musées de France sont aujourd’hui au nombre de 1203.

    PARIS – Les 30 maîtres d’art d’Ile-de-France, professionnels d’exception dans les domaines de l’orfèvrerie, du livre, de la céramique ou du textile, sont réunis jusqu’au 3 février au Viaduc des arts (55-57 avenue Daumesnil, 75011) avec leurs œuvres les plus récentes.

    ROUBAIX – La propriété de la collection du musée Bouchard (Paris), formée autour de l’atelier du sculpteur Henri Bouchard, a été transférée au musée d’art et d’industrie André-Diligent (la Piscine) de Roubaix.

    Le site du musée Bouchard

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    Cette semaine, ne manquez pas

    Hammershoi et Dreyer

    BARCELONE - Le Centre de culture contemporania réunit dans une même exposition deux des plus grands artistes danois : le peintre Hammershoi (1864-1916) et le cinéaste Dreyer (1889-1968). En contreposant les tableaux de l'un et les films de l'autre, dont La Passion de Jeanne d'Arc et Gertrud, elle explore les analogies entre eux : science de la lumière, goût pour les univers intérieurs, fascination pour le silence et la mort.

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    La Belgique dévoilée, de l'impressionnisme à l'expressionnisme

    LAUSANNE _ La fondation de l'Hermitage présente un panorama complet de l'art belge à la fin du XIXe siècle, une période ��? o?���� Z?�?n. En une centaine de tableaux, les principaux mouvement de l'époque sont abordés, le groupe des XX et la Libre Esthétique, ainsi que les représentants de cet âge d'or : Félicien Rops, Ensor, Khnopff, Spilliaert, Degouve de Nuncques…

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