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N° 39 - du 15 mars 2007 au 21 mars 2007

L'AIR DU TEMPS

Les chemins de la gloire

A l’heure où la nouvelle livraison de Thom Mayne (prix Pritzker 2005) – une tour pour l’administration de San Francisco - suscite des éloges généralisés, on peut légitimement se demander quelles réalisations des architectes contemporains passeront le crible du temps. Une enquête menée par Harris Interactive pour le 150e anniversaire de l’Americain Institute of Architects montre en effet que le public américain a des goûts plutôt conservateurs. Dans son hit parade, les grands classiques que sont l’Empire State Buiding, le Chrysler Building, la Maison blanche ou le Capitole ne sont guère inquiétés par les nouveaux venus. Frank Lloyd Wright classe 8 bâtiments dans ce top 150 tandis que Richard Meier est l’architecte vivant le plus cité (5 fois). Une seule réalisation de l’après-guerre entre en queue de Top Ten. C’est un cas célèbre : le Mémorial de la guerre du Vietnam (1982), œuvre, à l’époque, d’une étudiante, Maya Lin (née en 1959), laquelle continue aujourd’hui de souffrir de cet excès de gloire. La starisation actuelle des grands architectes, dont les projets font l’objet d’une surmédiatisation, n’est donc pas suffisante. Pour s’assurer une place dans le cœur du public, rien n’a encore remplacé une bonne vieille méthode : le passage du temps…

P.S.: La présence française dans la liste est inattendue. Outre Philippe Starck (39e pour l'aménagement intérieur de l'hôtel Delano, à Miami), les lauriers vont à Jean-Paul Viguier, 82e pour le… Sofitel Chicago.

La liste des 150 édifices préférés des Américains

EXPOSITIONS

Munch, au-delà du Cri

BALE – Le tableau volé il y a trois ans à Oslo - ce Cri récemment retrouvé - est si célèbre qu’il finit par cacher le reste de l’œuvre du Norvégien Edvard Munch (1863-1944)… Le Cri n’est pas montré à Bâle mais sont présentes d’autres œuvres, notamment de la période berlinoise (1892-95), marquées par l’obsession de la mort, de la folie et de la solitude, comme Puberté ou Vampire. L’exposition, ayant pour objet de documenter toute la carrière de Munch, s’attache aussi à ses débuts, dans une atmosphère naturaliste, aux nombreux voyages qui marquèrent son art (à Nice, à Paris, en Italie) et aux ruptures psychologiques et sentimentales (dépression nerveuse de 1908, alcoolisme). Elle montre la diversité d’une œuvre essentielle dans le courant expressionniste, qui s’exprime aussi bien par la peinture, que par le dessin, la gravure (dont Munch fut un virtuose) ou encore la photographie. Pour fêter de belle manière son 10e anniversaire, la fondation Beyeler a réuni plus de 200 pièces, dont 130 tableaux, provenant d’une cinquantaine d’institutions et d’autant de collections privées. Un record !

  • Edvard Munch, à la fondation Beyeler du 18 mars au 15 juillet

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  • Un autre Monet

    LONDRES – Monet inconnu ? Cela est-il envisageable ? On se le demande tant l’artiste impressionniste a servi jusqu’ à plus soif d’aliment aux fabricants de posters…C’est en tout cas le défi que tente de relever la Royal Academy en consacrant une exposition entière à sa production de pastels et de dessins. Elle obéit un peu à la même logique que celle qui avait animé une récente exposition-dossier sur Millet au musée d’Orsay : montrer que ce peintre de l’immédiateté, que l’on imagine peindre systématiquement « sur le motif », a en fait beaucoup produit de dessins préparatoires. Parmi les quelque 80 qui sont présentés, et rarement vus auparavant, on voit beaucoup de paysages normands, dont certains datent de la jeunesse de l’artiste, des vues londoniennes, et des esquisses pour un projet avorté, un Déjeuner sur l’herbe.

  • Unknown Monet à la Royal Academy of Arts, du 17 mars au 10 juin

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  • Juan Muñoz, sculpteur sachant dessiner

    GRENOBLE – C’est à une belle rétrospective qu’invite le musée de Grenoble. Elle est dédiée à Juan Muñoz, l’un des « wonderboys » de l’art espagnol, prématurément décédé en 2001 à l’âge de 48 ans. Un « poids lourd » que l’on a davantage l’habitude de voir à la Tate Gallery ou au Guggenheim que dans un musée de région. Mais la familiarité du conservateur Guy Tosatto avec l’œuvre de Muñoz et son amitié avec Cristina Iglesias, sa veuve, ont permis de faire venir de nombreuses œuvres de l’atelier. C’est le cas de beaucoup de ces dessins si maîtrisés à la craie grasse sur papier ou sur toile. Portraits, profils, ils semblent dénoter une formation classique et l’on croit voir dans leur noirceur l’influence de Goya ou de Vélasquez. Pourtant, Muñoz est un semi-autodidacte…Son travail de sculpteur est contemporain de celui du dessinateur puisque la première œuvre connue de Muñoz, en 1984, est un petit escalier en métal. Viennent ensuite ces pièces inquiétantes, des mains courantes derrière lesquelles se cache un couteau à cran d’arrêt, lame ouverte. Le parcours finit avec la création la plus spectaculaire de Muñoz, intitulée Many Times : une centaine de statues en résine de Chinois rigolards, tous identiques, en station debout mais pieds coupés, au milieu desquels le spectateur se promène, médusé et vaguement inquiet…

  • Juan Muñoz, sculptures et dessins au musée de Grenoble, du 10 mars au 28 mai 2007.

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE

    Michel Potage : dans les secrets de l’atelier

    PARIS – C’est un artiste exigeant, au parcours difficile, qui nous revient à la galerie Lélia Mordoch. On l’avait laissé avec un coup d’éclat en mars 2003, l’illustration de tout un numéro du « Monde diplomatique » à l’orée de la guerre du Golfe. Le revoici avec des compositions plus sages dans leur thématique – son atelier – mais pas forcément dans leur facture. Les formes ne sont guère reconnaissables, constructions géométriques en brun et noir, qui rappellent des chevalets, des fenêtres et les toiles sont encombrées de bois de chassis, collés sur leur surface. « Je travaille par séries, explique l’artiste, elles m’occupent totalement et je suis incapable d’en commencer une nouvelle avant d’avoir fini celle qui est en cours. Je ressens le besoin de donner à celle-ci une dimension en volume, de la traiter en sculpture. » A l’orée de la soixantaine, Michel Potage symbolise ces artistes peu présents aux enchères (cote significative à la fin des années 1980 puis long passage à vide) mais comptant sur des collectionneurs fidèles sur le « premier marché ». Le moment de le redécouvrir ?

  • Michel Potage à la galerie Lélia Mordoch, 50 rue Mazarine, 75006 Paris, tél. : 01 53 10 88 52, du mardi au samedi de 13h à 19h.

    Le site de la galerie Lelia Mordoch

  • VENTES

    Les mille passions de Bruni-Tedeschi

    LONDRES – Le personnage est emblématique de ces capitaines d’industrie d’un temps, bon gestionnaires de l’entreprise familiale (en l’occurrence CEAT, concurrente de Pirelli, dans le secteur des pneumatiques) mais aussi érudits admirables. Dans le cas d’Alberto Bruni-Tedeschi (1915-1996), père du mannequin Carla Bruni et de l’actrice et réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi, il s’agit de musique sérielle, dont il fut un compositeur reconnu… mais aussi de beaux-arts. Il amassa en effet une collection remarquable dont une partie, les miniatures, a été donnée au Palazzo Madama, le musée d’Art ancien de Turin, récemment rouvert après près de vingt ans de travaux. Le reste passe en vente chez Sotheby’s pour financer la fondation dédiée à son fils, mort récemment du cancer. Outre du mobilier piémontais, un bel ensemble de tapisseries, Les Indes galantes, ayant appartenu à Charles de Beistegui au palazzo Labia, à Venise, et des tableaux du XVIIIe siècle, la pièce de résistance est un lustre qui illumina le Quirinal (résidence du Président de la République italienne) lorsque Napoléon y logea, estimé 370 000 €.

  • Vente Alberto Bruni-Tedeschi, chez Sotheby’s le 21 mars

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  • LIVRES

    Ma petite entreprise

    L’art et l’entreprise peuvent-ils coexister ? Ils le doivent car ils sont nécessaires l’un à l’autre. C’est la thèse qui sous-tend ce livre écrit par un galeriste reconnu et par la lauréate du prix 2005 du mécénat culturel. Des exemples classiques de commande d’art par des entreprises sont abordés, notamment celui de Renault qui, dans les années 1960 et 1970, fit travailler Arman, Dubuffet et Hantaï et commanda son nouveau logo à Yvaral, le fils de Vasarely. L’engagement de l’Etat, par le biais des FRAC puis les balbutiements du mécénat depuis Pompidou jusqu’à la loi estampillée Aillagon en 2003, sont rapidement disséqués. Akzo Nobel, la Caixa, la Caisse des Dépôts, UBS ou la norvégienne Hydro : ces grandes entreprises ont eu à un moment ou un autre des collections. Que sont-elles devenues ? La comparaison n’est pas toujours au bénéfice de la France… Cette rapide introduction incite à aller plus loin : les annexes indiquant les principales collections d’entreprise en Europe fournissent quelques pistes d’approfondissement.

  • L’art avec pertes ou profit ?, par Karine Lisbonne et Bernard Zürcher, Flammarion, 2007, 280 p., ISBN : 2-08210570-9, 21 €

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  • BRÈVES

    LAS VEGAS – Daniel Libeskind vient de dévoiler lors du salon professionnel MIPIM de Cannes le City Center dont il est l’un des architectes. Il s’agit d’une véritable ville verticale, financée par le promoteur MGM Mirage, abritant hôtels, casinos et des milliers de résidences privées, qui ouvrira fin 2009. Coût de l’opération : 7 milliards $.

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    LEZOUX – Le Musée départemental de la céramique du Puy-de-Dôme a été inauguré le 14 mars à Lezoux.

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    LIMOGES – Le dernier né des seize Zénith de France (salles de concert) a été inauguré à Limoges le 8 mars. Il ressemble à un dirigeable transparent et est signé Bernard Tschumi.

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    MILAN – La Mostra del libro antico (Salon du livre ancien) se tient du 16 au 18 mars au Palazzo della Permanente avec 60 libraires du monde entier.

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    MONACO – Son nom a longtemps symbolisé le portrait photographique de star, en noir et blanc, admirablement retouché. Les temps ont changé mais le très parisien Studio Harcourt est toujours actif. Le Grimaldi Forum lui accorde une rétrospective du 17 mars au 15 avril.

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    PARIS – Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, inaugure le 21 mars a galerie des Gobelins, dessinée par Jean-Camille Formigé entre 1910 et 1922 dans l’enceinte de la manufacture. Elle était fermée depuis 30 ans et a vocation à exposer les créations de la manufacture des Gobelins et du Mobilier national. Elle sera ouverte au public à partir du 12 mai.

    PARIS – Pour fêter la fin de la restauration du donjon du château de Vincennes, après huit ans de travaux, un spectacle nocturne est proposé le 20 mars, à partir de 20 heures.

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    PARIS – Le 19 mars, l’étude Millon met aux enchères 8 huiles de Monet, dont six études ou fragments de Nymphéas. Deux tableaux de 1878, La Seine à Lavacourt et Sous-bois, effets de soleil sont estimés chacun à 500 000 €.

    PARIS – Les plus belles pièces des ventes de printemps sont exposées à Paris cette semaine : chez Sotheby’s, du 20 au 24 mars, un ensemble de 14 aquarelles de Turner (estimé 15 millions €, vente à Londres le 5 juillet) ; chez Christie’s, du 17 au 19 mars, un autre Turner, un Greco et une Vue du Grand Canal de Bellotto (estimée entre 8 et 12 millions $), qui passeront aux enchères à New York.

    PARIS – Le collectif de galeries de la rue Louise Weiss, dans le XIIIe arrondissement, fête son 10e anniversaire avec des vernissages simultanés le samedi 17 mars à partir de 18h.

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    VENISE – Quelques fonds d’or, comme à l’accoutumée, dans la vente de prestige de Semenzato le 18 mars. Mais aussi un Panini, un van Baburen, un Paris Bordon et un intéressant Magnasco (peint avec Peruzzini) : une paire de paysages estimée 400 000 €.

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    Cette semaine, ne manquez pas

    Jacques Stella

    TOULOUSE - Grand ami de Poussin qu'il a connu à Rome, Jacques Stella (1596-1657) est l'un des interprètes majeurs de la peinture française du XVIIe siècle. Autour des trois toiles qu'il possède de l'artiste (dont Le Mariage de la Vierge et Le Repos de la Sainte Famille), le musée des Augustins a réuni quelque 150 œuvres provenant d'institutions internationales, qui montrent la finesse de ce peintre chéri par Richelieu.

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    Le Maroc de Sébastien

    BEAUVAIS - Le Musée départemental de l'Oise a reçu en 2006 un fonds significatif de dessins du décorateur Gabriel Simonet dit Sébastien (1909-1990). A sa sortie de l'école Boulle, il travaille sur le chantier du cinéma Le Grand Rex. Mais c'est la découverte du Maroc après son service militaire (1930-31) qui va le bouleverser et l'orienter vers la céramique, qu'il pratiquera notamment avec Picasso à Vallauris. Ces 69 dessins aquarellés sont une preuve de sa fascination pour le Grand Sud marocain.

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