ArtAujourdhui.Hebdo
N° 56 - du 12 juillet 2007 au 5 septembre 2007
L'AIR DU TEMPS
Objectif rentrée
La rédaction d'artaujourdhui.info prend un léger répit avant de replonger dans la fournaise artistique de l'automne. La trêve sera largement rompue dès le 1er septembre : ce jour-là ouvriront, sur deux continents, la biennale de Porto Alegre et une rétrospective attendue d'Arcimboldo au musée du Luxembourg. Septembre sera marqué par la coupe du monde de rugby, qui s'accompagnera de propositions artistiques comme une "Mêlée des cultures" au musée du Quai Branly. Cela suffira-t-il à faire de l'ombre à un autre événement très attendu du mois - l'arrivée en masse des soldats chinois de céramique au British Museum ?
Entre Salon du collectionneur à Paris, biennales de Lyon et d'Istanbul, rétrospectives Rubens (à Bruxelles), Lee Miller et Millais (à Londres), il y aura matière à voyager.
Octobre sera, comme d'habitude, un mois riche en foires avec Frieze à Londres et la Fiac à Paris. Le Louvre se penchera sur la dynastie safavide, le musée du Belvédère à Vienne proposera une exposition "Vienne-Paris", que l'on souhaite dans l'esprit des grandes confrontations du Centre Pompidou (Paris-Moscou, Paris-Berlin, etc) et le Grand Palais montrera Courbet. Mais aussi Hodler au musée d'Orsay, Fragonard au musée Jacquemart-André, Titien à Vienne : la liste des expositions monographiques s'annonce longue. Nous aurons tout le temps d'y revenir après une belle parenthèse estivale. Bonnes vacances !
EXPOSITIONS
Hommage à Barcelone
SAINT-PAUL-DE-VENCE - Alors que le Metropolitan Museum de New York vient de montrer la vitalité artistique de Barcelone au début du XXe siècle, la fondation Maeght prend le relais pour exposer la suite, c’est-à-dire de l’après-guerre à aujourd’hui, au travers d’une cinquantaine de créateurs. Les liens de Maeght avec Barcelone, en partie noués à travers Miró, exposé pour la première fois à Paris en 1947, amèneront d’ailleurs à l’ouverture d’une galerie sur place en 1964. Dans une ville sous le joug du franquisme, qui n’a plus le droit de parler sa langue, l’art devient l’un des vecteurs de la résistance. A travers une revue d’avant-garde comme Dau al Set ou des mouvements expérimentaux comme le Grupo Treball, le lien est maintenu avec l’Europe. Si l’on rencontre quelques noms connus – Mirò (1893-1983) bien sûr, qui sert de repère tout au long du parcours, Tàpies, né en 1923, ou Barceló, né en 1957 – l’exposition vaut surtout pour tous les artistes méconnus, en France du moins, qu’elle met au premier plan comme Joan Brossa (1919-1998) et ses poèmes-objets, Joan-Josep Tharrats (1918-2001), Alberto Ràfols-Casamada (né en 1923) ou Josep Guinovart (né en 1927). Jusqu’à la jeune génération, née après 1960, avec Jaime Pitarch, Eulàlia Valldosera, Naia Del Castillo.
Les trésors de Krugier
MUNICH – Jan Krugier, basé à Genève, est connu comme l’un des grands galeristes de notre époque. Sa réputation comme collectionneur est également établie mais moins facile à vérifier… La Hypo Kunsthalle en donne l’occasion en montrant la plus grande sélection vue à ce jour, avec près de 250 œuvres. Né en 1928, d’une famille juive de Pologne dont il sera le seul à survivre aux camps de concentration, le jeune Jan s’installe en Suisse à la fin de la guerre. Décidé à devenir artiste, il lie amitié avec Alberto Giacometti avec qui il se rend à Paris en 1947. C’est là qu’il abandonnera ses premières amours pour choisir le métier de marchand. Avec sa femme, Jan Krugier a assemblé, depuis l’achat d’un dessin de Seurat en 1968, une collection qui traverse les époques et les pays. Des maîtres de la Renaissance ferraraise (Cosmè Tura) à Robert Rauschenberg, d’une étude d’anatomie de Rubens à une nature morte de Cézanne, d’un pastel de Manet à une aquarelle de Klee, en passant par l’art « premier », le spectre de ce dialogue des cultures est très large.
González, l’homme du fer
PARIS – D’artisan ferronnier à grand inspirateur de la sculpture de l’après-guerre : l’original destin de Julio González (1876-1942) est retracé au Centre Pompidou qui est riche de l’une des plus belles collections de l’artiste. Renforcé en 2003 d’une Tête en profondeur grâce au mécénat de Pernod Ricard, ce fonds a surtout bénéficié des legs de Roberta, la fille de Julio González (qui deviendra l’épouse de Hans Hartung) et de prêts de la Succession González. Les débuts, avec des dessins dans l’esthétique de Puvis de Chavannes, ne laissent guère augurer de la suite, de ces fameuses sculptures en fer découpé des années trente, qui marqueront David Smith ou César. Sa science de la soudure et de l’assemblage, qui aurait pu le cantonner à n’être qu’un bon joaillier, s’est projetée dans une autre direction grâce à sa collaboration « symbiotique » avec Picasso, à partir de 1928. Tordant et découpant le fer pour composer des formes minimalistes mais reconnaissables, González devient alors, selon l’expression bien trouvée d’un critique de l’époque, le « plasticien du vide ».
L’ARTISTE DE LA SEMAINE
Norman Dilworth Rods, 1970 tubes métalliques et peinture atelier de l'artiste photo P. Bernard
Norman Dilworth : l’art comme science exacte
LE CATEAU CAMBRESIS – Il fait partie des sectateurs d’Auguste Herbin : né en 1931, Norman Dilworth a poussé très loin l’abstraction géométrique (curieusement, il s'approche aussi physiquement du maître de Cambrai puisque, après avoir vécu à Amsterdam, il s'est récemment installé à Lille). Après des premiers dessins figuratifs inspirés par Giacometti, Dilworth explore depuis quatre décennies, avec une rigueur qui ne faiblit pas, la création de formes géométriques. Son art consiste à répéter, assembler ou permuter des modules précis, parfois avec l’aide de formules mathématiques. Sur papier, sur toile ou en trois dimensions, comme on peut actuellement le voir au musée Matisse du Cateau-Cambrésis, qui expose 60 pièces dont quatre sculptures en métal de grande dimension.
LIVRES
Le journal du Vollard
Un roman trépidant, plein de personnages hauts en couleurs, avec de l’action ? C’est bien ce que l’on conseille de mettre dans le sac de plage ? Voilà exactement ce qu’il vous faut : les mémoires de l'un des plus grands marchands de tableaux du XXe siècle, Ambroise Vollard (1866-1939). Sa mise telle qu’on la voit en couverture sur le portrait que lui a consacré Renoir – boutons de manchette, barbe Napoléon III et respectable calvitie – laisse augurer un ennuyeux inventaire de grand bourgeois. Il n’en est rien. La liberté de ton et l’humour de Vollard sont remarquables et touchent aussi bien sa vie personnelle – son père choisissant les répétitrices d’anglais les plus laides pour ne pas éveiller sa libido – que ses relations avec les artistes – de Félicien Rops ouvrant tout nu la porte de son atelier à Degas demandant, si on l’invite à dîner, une cuisine sans beurre et des femmes sans parfum. Derrière la petite histoire, il y a évidemment les liens forgés avec les plus grands artistes (Cézanne, Renoir, le douanier Rousseau, Picasso) et collectionneurs (Pellerin, Havemeyer), qui forment la toile de fond de ces souvenirs. En appendice de cette réédition de l’ouvrage de 1937, on notera une intéressante notule, très actuelle : « Peut-on faire monter les tableaux ? ».
BRÈVES
CONDE-SUR-NOIREAU - La ville normande vient d'inaugurer un musée consacré au caricaturiste Charles Léandre (1862-1934). Son fonds comprend plus de 250 œuvres.
LISBONNE - Sept nouvelles merveilles du monde ont été élues par des internautes du monde entier. Y figurent Chichen Itza, Macchu Picchu et le Corcovado mais ni l'Acropole ni les pyramides de Gizeh...
LONDRES - Le British Museum a annoncé qu'il allait construire en plein Londres, à Montague Place, un nouveau centre pour accueillir de grandes expositions temporaires. Son architecture serait confiée à Lord Rogers.
LONDRES - Les ventes d'art ancien des 5 et 6 juillet ont vu un tableau de Raphael, un portrait de Lorenzo de' Medici, adjugé à 37,3 millions $. Son propriétaire l'avait acheté pour 325 $, il y a quatre décennies...
PARIS - L'ADAGP, qui représente les artistes plasticiens dans 43 pays, et Artprice, dont les bases de données rassemblent les résultats des ventes aux enchères à travers le monde, viennent de conclure un accord, qui permettra la consultation en ligne des œuvres des artistes en même temps que de leur cote, dans le cadre d'un abonnement "Artprice images". Les artistes percevront un droit sur les œuvres représentées.
PHILADELPHIE - Le comté de Montgomery a annoncé qu'il allait entamer des poursuites judiciaires contre la fondation Barnes pour l'empêcher de quitter les faubourgs de Philadelphie, où elle se trouve actuellement, pour le centre de la ville.
SUR ARTAUJOURDHUI.INFO
Cette semaine ne manquez pas
CONCOURS ONE VISION Remise des prix.
ROME - Donner une autre image des malades du sida : c'est l'objectif du concours One Vision. Près de 2800 photographes de 37 pays ont participé à cette 4e édition, remportée chez les professionnels par l'Italien Francesco Zizola.
Des trésors des rois d'Abomey à l'Afrique d'aujourd'hui
CLAMECY - Le musée Romain Rolland présente un important fonds de statuettes africaines provenant des anciens rois d'Abomey (actuel Bénin) longtemps laissées dans les réserves, ainsi qu'un choix de tableaux africains de la collection Francois-Mitterrand.
DOMINIQUE DELPOUX : PORTRAITS CROISÉS
LABASTIDE-ROUAIROUX - Un portrait robot de l'industrie textile dans le Tarn, à travers ses sites et ses hommes : c'est le travail qu'a réalisé le photographe Dominique Delpoux, de l'agence Vu, qui en offre un résumé en 60 images.
GOYA, fastes et ténèbres
MONTBELIARD - Des tapisseries faites d'après des cartons du grand peintre espagnol sont montrées pour la première fois en France, en compagnie d'importantes séries de gravures sur la guerre contre Napoléon ou la tauromachie.
LES ANNEES MARTINE images d’enfance 1954-1965
EPINAL - Le musée de l'Image décrypte la France à partir des albums de la série "Martine", publiés par Casterman. Objets ménagers, vacances, sports d'hiver : la naissance de la société de consommation est aussi documentée par des affiches de Savignac, des photos d'Izis, des images scolaires Rossignol…
LES IMPRESSIONNISTES ET LA MER
LONDRES - La Royal Academy montre combien les impressionnistes, entre 1860 et 1870, ont transformé l'image conventionnelle de la mer et des rivages. Pour mieux souligner cette révolution, des tableaux plus conventionnel de Whistler ou Cazin, peints pour le Salon, sont mis en regard.
LES LIEUX IMAGINAIRES D'ERIK DESMAZIERES
VEVEY - Le musée Jenisch présente une sélection de 113 gravures d'Erik Desmazières qui permettent d'entrer dans son monde fantastique, où voisinent villes imaginaires et cabinets de curiosités, dans la veine de Callot ou Monsù Desiderio.
TRESORS DE SLOVAQUIE ORIENTALE
CAEN - Le musée de Normandie, attaché à présenter la création artistique de régions européennes mal connues du grand public, se penche sur la Slovaquie orientale et ses trésors baroques. Provenant du musée de Kosice, les quelque 50 pièces en bois comprennent retables et statues de saints polychromes.
Dans deux mois troisième édition du SALON DU COLLECTIONNEUR
PARIS - La 3e édition du Salon du collectionneur, qui est organisée au Grand Palais en alternance avec la Biennale des antiquaires, se tiendra du 15 au 23 septembre. A visée volontairement pédagogique, il accueille 124 galeries internationales, dont 46 nouvelles venues, regroupées par spécialités.
SALZBURG WORLD FINE ART FAIR
SALZBURG - Organisée par les responsables de la Foire de Moscou, la 1e édition de la Salzburg World Fine Art Fair ouvrira le 27 juillet dans le cadre prestigieux de la résidence des princes-archeveques, avec une trentaine de marchands internationaux proposant un vaste éventail de spécialités de l'art ancien à l'art moderne, en passant par l'art tribal.