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N° 84 - du 27 mars 2008 au 2 avril 2008

L'AIR DU TEMPS

131 millions de dollars

NEW YORK - 131 millions de dollars : c’est ce qu’un seul homme va donner à un seul musée, à une seule condition : qu’il ne quitte pas le bâtiment historique qu’il occupe. On dira que ce geste de générosité ne coûte pas très cher à celui qui l’a annoncé et n’écornera guère sa fortune, qui se mesure en milliards de dollars. Mais il aurait pu tout aussi bien s’acheter un hôtel particulier, quelques yachts ou une équipe de base-ball. On peut donc rendre hommage à Leonard Lauder, l’un des héritiers de l’empire Estée Lauder, qui annonce dans le New York Times avoir pris toutes ses précautions pour que sa donation ne soit pas mise en danger par une économie chancelante : le montant est investi depuis plusieurs années dans des bons du trésor américains. Dans la famille Lauder, c’est le frère Ronald qui faisait plus souvent la une pour avoir ouvert la Neue Gallery, consacrée à l’art allemand et autrichien, et pour avoir acquis les Klimt les plus chers du monde. A propos, le musée en question ? C’est le Whitney Museum of American Art, logé près de Central Park dans un édifice conçu en 1966 par l’un des maîtres du Bauhaus, Marcel Breuer. En finançant le développement du musée et en défendant l’architecture moderne, Leonard Lauder fait d’une pierre deux coups.

Le site du Whitney Museum of American Art

EXPOSITIONS

Karavan passe à Berlin

BERLIN – Une exposition rétrospective dans la capitale allemande, pour un artiste israélien qui a beaucoup produit sur la guerre et l’antisémitisme, cela conserve toujours une part de symbole, même s’il a déjà travaillé dans ce pays (avec en particulier sa Rue des droits de l’homme à Nuremberg). Déployée sur une vingtaine de pièces du Martin Gropius-Bau, la rétrospective couvre l’ensemble de la carrière du sculpteur né à Tel-Aviv en 1930, qui a commencé comme décorateur pour la compagnie de danse de Martha Graham. Il s’est ensuite fait connaître par ses installations comme le monument à la brigade Negev à Beersheba, en Israël (1968) ou la sculpture Passages à Port-Bou, en Catalogne, consacrée à Walter Benjamin. Celles-ci ne sont, on s’en doute, pas réunies sur place mais tout leur accompagnement l’est : photographies et films, dessins et maquettes. A l’entrée du musée, une œuvre spécialement créée pour l’occasion aborde l’histoire et les divisions de Berlin.

  • Dany Karavan au Martin-Gropius-Bau, jusqu’au 1er juin 2008

    Le site du Martin Gropius-Bau

  • Les chairs de Corinth

    PARIS – Serge Lemoine, qui a cédé sa place de président du musée d'Orsay à Guy Cogeval, signe son départ à la retraite par le commissariat de cette rétrospective consacrée à l’un des grands peintres allemands de la première moitié du XXe siècle. Bien qu’il ait été formé à Paris chez Bouguereau et Robert-Fleury, Lovis Corinth (1858-1925) n’a jamais fait l’objet d’une exposition significative en France. Celle-ci, avec 80 tableaux et une trentaine d’œuvres sur papier, aborde ses différents thèmes de prédilection : mythologie, paysages de la vieillesse ou portraits, qui constituèrent une part importante de sa production autour de 1900, au moment de la Sécession. Installé à Berlin, Corinth devient l’interprète de la vie trépidante et libérée de la capitale allemande, trouvant dans le nu – traité de manière très charnelle - son motif le plus personnel.

  • Lovis Corinth, entre impressionnisme et expressionnisme au musée d’Orsay, du 1er avril au 22 juin 2008

    Le site du musée d'Orsay

  • Paracas, la mort en ce tissu

    PARIS – Ils sont vieux de 2000 ans et n’ont pourtant fait irruption sur la scène artistique qu’au début des années 1920 : le directeur du musée national d’Archéologie de Lima, Julio C. Tello, est alors surpris par l’apparition sur le marché clandestin, au Pérou, de textiles d’une qualité extraordinaire. Après les pilleurs de tombes, ce sont les archéologues qui vont, au cours de fouilles dans la région aride de Paracas (sur la côte, à 250 km au sud de Lima), mettre au jour un ensemble exceptionnel de « fardos ». Il s’agit de tissus à usage funéraire qui enveloppaient le corps momifié du défunt. Un petit nombre d’entre eux quittent pour la première fois le Pérou, après avoir fait l’objet d’une campagne de restauration financée par le musée du Quai Branly. Ils sont variés dans les motifs (à la symbolique très précise), dans les techniques, dans les formes (ponchos, tuniques, turbans, etc) et présentés avec les objets précieux qui les accompagnaient dans les tombes. Une exposition sert de complément : elle est consacrée à l’artiste Elena Izcue, qui a créé dans l’entre-deux-guerres, pour les couturiers français, des textiles inspirés de motifs précolombiens.

  • Paracas, trésors inédits du Pérou ancien au musée du quai Branly, du 1er avril au 13 juillet 2008

    Le site du musée du Quai Branly

  • MARCHÉ

    L’heure du Japon

    NEW YORK - On a beaucoup parlé des jeunes artistes anglais, puis des Chinois, enfin des Indiens et des créateurs du Moyen-Orient, qui ont tous battu des records à la pelle. Un pays discret fait l’actualité à son tour : le Japon, que l’on n’avait plus vu à telle fête depuis les achats pharaoniques de ses entrepreneurs au début des années 1990 (avec un Van Gogh et un Renoir qui avaient établi des prix d’anthologie, en dépassant la barre des 50 millions de dollars). Ce n’est pas une installation contemporaine mais une pièce beaucoup plus ancienne qui est à l'honneur. Le Bouddha assis en bois de cyprès du XIIe siècle, qui a réalisé cette performance, a été récemment découvert. Il a été adjugé 14,3 millions de dollars chez Christie’s, multipliant son estimation par sept. L’acheteur a une tradition affirmée de mécénat et d'investissement dans l'art : il s'agit des grands magasins Mitsukoshi, l’équivalent des Galeries Lafayette dans l’archipel.

    L’ARTISTE DE LA SEMAINE


    Château de Versailles II, courtesy galerie Yvon Lambert

    Candida Höffer : Paris vide

    Né à Cologne, Candida Höffer a été l’élève de Bernd Becher, qui a donné naissance à tout un courant de la photographie allemande contemporaine, marqué par la recherche d’une objectivité extrême, souvent réuni sous le vocable d’école de Düsseldorf. Alors que les Becher travaillaient à l’extérieur, photographiant des gazoducs et des intallations industrielles sous une lumière blanche, Candida Höffer privilégie les intérieurs, qu’elle reproduit dans des formats immenses. Elle a conservé le principe

    d’une vision frontale – qui permet d’amplifier l’effet des perspectives -, d’une lumière naturelle, et, comme eux, réalise des séries thématiques où l’homme est singulièrement absent. A ceci près que les lieux qu’elle photographie sont eux-mêmes des symboles du génie humain : bibliothèques, théâtres, musées. L’ensemble qu’elle présente à la galerie Lambert, intitulé « Paris Serie », réunit entre autres la Sorbonne, les châteaux de Versailles et de Fontainebleau.

  • Candida Höffer est exposée à la galerie Yvon Lambert jusqu’au 5 avril 2008.

    Le site de la galerie Yvon Lambert

  • LIVRES

    Palette de cheval

    C’est la plus noble conquête de l’homme. C’est aussi, certainement, l’animal le plus représenté dans l’art. Il apparaît sur les grottes de Lascaux, puis sous le pinceau ou les pastels de Gozzoli, Rubens et Degas. Plus près de nous, le trublion Maurizio Cattelan, s’est permis d’en suspendre un exemplaire taxidermisé dans une galerie. Il y a donc de quoi remplir un gros volume sur les avatars artistiques du cheval, qui sont ici abordés selon une clé chronologique. Les civilisations qui lui ont accordé une place prépondérante, comme les Perses, les Romains ou les Arabes, ont évidemment droit à de longs développements, illustrés de bronzes, de diptyques d’ivoire, de mosaïques ou d’objets en argent repoussé. Des chapitres thématiques – le cheval et la guerre, les attelages, le sporting art - enrichissent le propos et montrent que la monture peut être croquée à toutes les sauces. Cavale fougueuse et à demi-sauvage chez Géricault, elle devient presque un ornement d’appartement chez les Anglais du XVIIIe siècle.

  • Le cheval dans l’art, ouvrage collectif, éditions Citadelles et Mazenod, 2008, 400 p., 179 €, ISBN : 978-2-85088-251-7

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  • BRÈVES

    HOUILLES – La 7e Biennale de la jeune création, avec la présence de 12 jeunes plasticiens choisis parmi 150 candidats, se tient du 28 mars au 18 avril.

    En savoir plus

    LONDRES – L’Apothéose de Jacques Ier, un tableau de Rubens actuellement exposé à la Tate Gallery, est mis en vente par ses propriétaires, descendants du vicomte de Hampden. La Tate Gallery a lancé un appel pour réunir d’ici au 31 juillet les 6 millions £ nécessaires à son rachat.

    En savoir plus

    LONDRES – Le Commonwealth Institute, à Kensington, un bâtiment emblématique des années 60, va être restauré par l’architecte Rem Koolhaas, qui sera également chargé de superviser le développement du site.

    Deux images sur archinect.com

    NEW YORK – L’Armory Show se tient à New York du 27 au 30 mars avec 150 galeries. Plusieurs foires « satellites », consacrées à l’art contemporain, sont organisées en même temps, dont Pulse au Pier 40, réunissant 80 galeries d’art contemporain, Volta ou Scope.

    Le site de l'Armory Show

    PARIS – La vente de la bibliothèque impériale de Dominique de Villepin, par Pierre Bergé et Associés, a rapporté 925 000 € le 19 mars, soit le double de l’estimation. Le Mémorial de Sainte-Hélène par Las Cases, a représenté l'enchère la plus élevée à 38 752 €.

    ROME – Les douaniers italiens ont saisi en mars un ensemble de 6000 objets archéologiques, issus de fouilles clandestines, dont des colonnes, des mosaïques et des bas-reliefs du début de l’Empire.

    TURIN – Un texte pour les musées d’arts décoratifs, établissant principes et initiatives communs : c’est le contenu de la Charte de Turin signée le 7 mars par plusieurs grands établissements européens.