ArtAujourdhui.Hebdo
N° 86 - du 10 avril 2008 au 16 avril 2008
L'AIR DU TEMPS
A la une
WASHINGTON - Le Newseum est un musée d’un genre nouveau : ses 20 000 m2 sont entièrement consacrés à l’information, ses collections allant d’une tablette cunéiforme vieille de 3262 ans aux studios de télévision les plus modernes. Dans un bâtiment de verre conçu par le cabinet d’architectes Polshek (à qui l’on doit l’opéra de Santa Fe), sept étages sont consacrés à illustrer la mission et les devoirs de la presse. Sur la façade est inscrit en grandes lettres, dans le marbre, le premier amendement de la constitution américaine, qui martèle les principes de liberté (religieuse, d’expression, de réunion et de la presse). Dans les galeries d’exposition sont passés en revue cinq siècles d’histoire du reportage, avec des gros plans sur la chute du Mur de Berlin, le 11 septembre, l’information électronique ou les prix Pulitzer. Idéalement situé entre le Capitole et la Maison blanche, le projet, qui a coûté plus de 500 millions de dollars, compte parmi ses membres fondateurs les plus grandes corporations américaines, de Hearst à News Corporation, d’ABC à NBC.
Le site du Newseum propose chaque jour les unes de 560 quotidiens du monde entier
1er AVRIL
La tour Eiffel n’aura pas de collerette
PARIS – Dommage pour ceux qui auraient vu avec intérêt un geste un peu iconoclaste et une modification inattendue du paysage parisien : la tour Eiffel ne mettra pas la cravate. L’annonce qu’elle allait être équipée, à l’occasion de son 120e anniversaire en 2009, d’une plate-forme étendue pour accueillir davantage de touristes a pourtant fait le tour du monde. Elle a été relayée par des médias au-dessus de tout soupçon comme le Guardian de Londres ou le New York Times. Quant au « lauréat », le cabinet d’architectes Serero, remarqué dans des consultations internationales (parc Hellenikon à Athènes, bibliothèque Grimm à Berlin), il avait placé sur son site le détail de l’opération… On s’est habitué depuis quelques années à voir le réel et le virtuel faire bon ménage. Ceux qui ne peuvent plus se contenter d’une tour Eiffel n’arrivant pas à vivre avec son temps ont donc intérêt à faire un tour sur Second Life. On peut l’utiliser comme base de parachutisme ou retoucher son profil sans encourir de démenti.
EXPOSITIONS
Ode au livre
LONDRES – Le livre, pour le commun des mortels, est en papier (bien qu’on l’annonce, pour bientôt, en cristaux liquides). Les artistes se jouent de ces conventions. Pour eux, les livres peuvent être en céramique (on l’a vu chez Alechinsky), en acier et bronze (l’Open Secret d’Anthony Caro) ou en plomb et carton. Une création monumentale d’Anselm Kiefer, The secret life of plants ouvre l’exposition que le Victoria & Albert consacre au livre d’artiste durant les cent dernières années. On y trouve évidemment les créations les plus connues du genre, dont Jazz de Matisse, à côté de créations troublantes comme Ode à ma mère de Louise Bourgeois ou Wound d’Anish Kapoor, une parabole sur la liberté d’expression, où un livre est blessé par un rayon laser. Hirst et Koons, stars du moment, sont présents mais on trouve aussi la main de Balthus, Buren, Motherwell ou Martin Parr derrière les soixante pièces exposées.
Camille revient chez Rodin
PARIS – Avec Frida Kahlo, elle est sans doute l’artiste femme la plus connue au monde. Comme la Mexicaine, elle s’est formée auprès d’un grand artiste – Diego Rivera pour l’une, Rodin pour l’autre –, l’a aimé et s’en est affranchie dans la douleur. La composition d’Isabelle Adjani dans le film du même nom n’a fait que renforcer un mythe que l’on peut maintenant étudier de plus près : 80 œuvres de Camille Claudel sont rassemblées au musée Rodin pour une exposition qui établira sans doute un record de fréquentation. On y voit ses pièces les plus connues comme la Valse, sensuel pas de danse coulé dans le bronze, la Vague, mais aussi de petites études en terre cuite qui lui sont attribuées depuis peu. On a fait venir à cette occasion des œuvres conservées fort loin comme ce plâtre représentant une Niobide blessée, qui n’avait pas quitté le musée de Bejaïa, en Algérie, depuis 1910.
Kokoschka, dernier demi-siècle
VIENNE – Dans l’histoire de l’art, Oscar Kokoschka se résume généralement à sa période expressionniste, juste avant la Première Guerre mondiale. Lorsqu’il est contraint de quitter Vienne, en 1934, pour Prague, puis la Grande-Bretagne, il n’a pas encore 50 ans et il lui en reste quasiment autant à vivre (il mourra en 1980, à 94 ans). C’est cette période qu’explore l’Albertina avec 140 œuvres, vues urbaines de Londres ou d’Italie, paysages d’Ecosse ou de Suisse (il finira sa vie au bord du lac de Genève), images de fleurs ou portraits. Une section est consacrée à ses illustrations pour la littérature ou pour le théâtre. La rétrospective aurait pu être encore plus riche si la fondation Kokoschka, en conflit avec l’héritier du peintre, n’avait refusé de laisser ses tableaux sortir de Suisse.
MARCHÉ
Paris capitale du dessin
PARIS – Lancé en 1991, le Salon du dessin, réunion de marchands internationaux spécialisés dans la discipline, s’est affirmé comme un rendez-vous fiable, qui accueille cette année 36 galeries de premier plan (de Didier Aaron à Pandora en passant par Agnew’s et Jean-Luc Baroni). Un peu trop rigide pour certains, qui le trouvent trop enfermé dans sa forteresse de la Bourse et trop orienté sur les époques passées. Une faiblesse qui s'est révélée une force puisqu’elle a laissé du champ à un deuxième rendez-vous, le Salon du dessin contemporain, qui se tient en même temps selon un principe original : les galeries investissent les différents étages d’un même immeuble du VIIIe arrondissement. L’offre s’annonce donc pléthorique pour les amateurs qui devront aussi répondre aux sollicitations de plusieurs musées parisiens qui organisent des expositions thématiques (musée Carnavalet, centre Pompidou, musée des Années 30 à Boulogne-Billancourt, etc).
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
Jim Dine se prend pour Geppetto
On l’a vu travailler sur le motif du cœur, de la robe de chambre, des outils. On l’a vu en pionnier de la performance avec Claes Oldenburg. Est-il retombé en enfance ? La dernière marotte de Jim Dine, l’artiste américain né en 1936, est Pinocchio. A la galerie Templon, il remplit l’espace avec sa vision du pantin : en bois, comme l’avait fait maître Geppetto, ou en papier, sous forme de lithographie.
LIVRES
Terre !
Il arrive de voir des catalogues en anglais accompagnant des expositions en France. Voir un catalogue en français pour une manifestation à l’étranger est plus rare. Il faut dire que celui-ci est publié dans une région que de Gaulle se serait bien vu annexer, la Vallée d’Aoste. Il est consacré à l’exposition « Terra », qui est présentée jusqu’au mois d’août au château de Bardi et qui ausculte notre planète sous l’angle de l’art et du symbole. La démonstation est évidemment complexe tant le sujet est vaste. Sur un fil conducteur de mots-clés, « sillon », « mère », « mouvement », « limite », sont convoquées des œuvres de toutes époques, des ivoires médiévaux à Donatello, de Boccioni à Renato Guttuso. Le volume est complété par des séries réalisées par des photographes valdôtains sur leur région.
BRÈVES
LONDRES – David Hockney a fait don à la Tate Britain de l’un de ses plus grands tableaux, Bigger Trees near Water, qui mesure près de 12 mètres de long.
NEW YORK – Le tableau de Watteau la Surprise, récemment redécouvert dans une collection anglaise et qui passera en vente chez Christie’s à Londres le 8 juillet, est exposé à New York du 10 au 14 avril.
PARIS – Christine Albanel a présenté le 2 avril le plan élaboré par Martin Bethenod, commissaire général de la FIAC, pour le renouveau du marché de l’art français. Les principales mesures proposées sont les suivantes : allègement de la réglementation sur les ventes publiques volontaires, extension des bénéfices fiscaux du mécénat aux PME et entreprises individuelles, mise en place de prêts sans intérêt pour les collectionneurs.
PARIS – Selon le site www.latribunedelart.com, l’exposition organisée à Vérone, au Palazzo della Gran Guardia en septembre, sur les trésors du Louvre (avec 140 œuvres dont la Belle Ferronnière de Léonard de Vinci), serait en réalité une « location » au tarif de 4 millions €.
PARIS - Art et politique. Le musée de l'histoire de France aux Archives consacre une exposition à l'homme politique Marcel Sembat et à sa femme peintre Georgette Agutte. Plus de 200 documents écrits, journaux, tableaux, sculptures tirent de l'oubli ces deux personnalités étonnantes, à la croisée des avant-gardes du début du XXe siècle. Entre Jaurès et Matisse : Marcel Sembat et Georgette Agutte à la croisée des avant-gardes jusqu'au 13 juillet
PARIS – Le salon Réalités nouvelles, lancé dans l’après-guerre pour défendre l’abstraction, tient son édition 2008 au Parc floral de Paris du 13 au 20 avril.
SUR ARTAUJOURDHUI.INFO
Cette semaine, ne manquez pas
TRACES D'ANTHRACITE Exposition photographique
CAGNAC-LES-MINES - Le musée-mine départemental, situé dans le bassin du Carmausis, a demandé au photographe Philippe Larroque de poser son regard subjectif sur les traces de l'exploitation charbonnière. En quarante images, sept siècles d'histoire défilent, du XIIIe siècle jusqu'à la fermeture de la dernière mine en 1997.
ARS MEDICINA Médecine et savoir au XVIe siècle
ECOUEN - Comment opérait-on, comment soignait-on à l'époque d'Ambroise Paré et de Jean Heroard ? C'est le sujet de l'exposition du musée de la Renaissance qui montre, à partir des collections de différentes académies et bibliothèques spécialisées, les prémices de la médecine moderne.
GOYA À L'ÉPOQUE DE LA GUERRE
MADRID - Dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la guerre d'indépendance espagnole, le musée du Prado présente, avec quelque 200 œuvres rassemblées autour des célèbres compositions des 2 et 3 mai 1808, la plus importante exposition consacrée à Goya depuis une décennie.