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N° 97 - du 26 juin 2008 au 2 juillet 2008

L'AIR DU TEMPS

Il est trop tard, Buenos Aires…

Un bicentenaire sans la tour Eiffel ? Impensable. C’est un peu l’équivalent qui risque d’arriver à l’Argentine. Dans le chaos des grèves, des cacerolazos (concerts de casseroles), des barrages routiers et des meetings sur la Plaza de Mayo, qui accompagnent le bras de fer entre la présidente Cristina Kirchner et le monde agricole, un anniversaire est passé inaperçu. Le théâtre Colón – l’un des plus beaux opéras du monde, à l’acoustique révérée – était fermé pour fêter son centenaire, le 25 mai dernier. Les travaux de restauration n’ont pas été achevés à temps. Des voix bien informées vont jusqu’à mettre en doute son inauguration en 2010, pour le bicentenaire de l’indépendance. Une ambitieuse exposition, prévue à la même date et étudiant l’influence française sur l’architecture argentine 1900, serait elle-même en péril. Mais c’est dans les moments difficiles que le pays semble avoir le génie de trouver des ressources inattendues. Pour preuve, deux de ses musées les plus dynamiques ont été inaugurés en 2001, l’année de la grande crise : le MACLA (musée d’Art contemporain de La Plata) et le MALBA (musée d’Art latino-américain de Buenos Aires). Ce dernier vient de fêter son deux millionième visiteur et accueille depuis le 19 juin une exposition de référence sur l’art mexicain de 1968 à 1998. La preuve de son succès local et de son rôle au niveau du continent. Et une façon de placer l’Argentine sur la carte autrement que pour le vin, le tango et le foot…

Le site du MALBA

EXPOSITIONS

Les racines de Miró

MADRID – Les grands créateurs du XXe siècle passés par toutes les avant-gardes peuvent être accomodés à d’innombrables sauces. Pour l’Espagnol Miró, ce pourrait être « Miró et Picasso », « Miró et le surréalisme », « Miró la liberté », etc. Le thème choisi par le musée Thyssen-Bornemisza est moins attendu : « Miró et la terre ». Des débuts marqués par le monde rural de Mont-Roig, en Catalogne, jusqu’aux sculptures et collages, qui montrent son goût pour la matière en relief, des figures « plutoniques » des années trente jusqu’aux travaux en céramique, cette clé de lecture entend éloigner Miró des jeux trop intellectuels du surréalisme et montrer que ce citadin de naissance avait aussi une composante paysanne dans l’âme. Parmi les 70 œuvres exposées, certaines constituent des prêts privilégiés, à l’image des plus importants Miró du Guggenheim (Terre labourée et Paysage) et du MoMA (Paysage catalan).

  • Miró: tierra au musée Thyssen-Bornemisza, jusqu’au 14 septembre 2008.

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  • Chine nouvelle

    PARIS – On les voit partout et le coup d’éclairage des Jeux olympiques ne va pas freiner leur ascension : les artistes chinois sont les nouvelles stars de la planète. Comment les classer, les distinguer alors qu’il nous est déjà si difficile de retenir leurs noms ? Le musée Maillol tente, pour les néophytes, ce travail de taxonomie. Le titre de l’exposition souligne l’iconoclasme de cette nouvelle génération. De l’or, couleur autrefois réservée à l’empereur, Sheng Qi a enduit un cosmonaute en combinaison, qui salue la visiteur avec un doigt coupé. Toutes les idoles sont soumises au même travail de démolition : Mao, l’armée, la bureaucratie, mais aussi la société de consommation (voir les paquets de chewing-gum Wrigley de Jiao Xingtao, froissés et écrasés, mesurant chacun plus d’un mètre de long). La performance est pour ces créateurs boulimiques un outil d’expression aussi important qu’à l’époque de Fluxus même si on ne peut ici le vérifier qu’à partir de photographies, comme celles montrant He Yunchang se faisant couler dans une chape de béton. La surprise vient peut-être de la variété des techniques utilisées. Ces jeunes artistes – une trentaine, incluant les vedettes Yue Minjun et Zhang Xiaogang, dont des tableaux peuvent partir à plus de 3 millions d’euros - sont aussi à l’aise dans la sculpture, la photographie, la vidéo, le ready-made que la classique peinture à l’huile.

  • China Gold au musée Maillol jusqu’au 13 octobre 2008. Catalogue Gallimard.

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  • Le grand écart d’Avedon

    PARIS – Après Annie Leibovitz la semaine dernière, c’est un autre monstre sacré de la photographie qui débarque à Paris. Le Jeu de paume n’a donc pas hésité à lui dédier tout le site de la Concorde : près de 300 images y sont exposées, hommage posthume à Richard Avedon, disparu il y a 4 ans. Et, comme pour Leibovitz, son succès dans la mode – où il s’était montré un acolyte de Frank Horvat, préférant les prises de vue « spontanées » en extérieur aux mises en scène sophistiquées de Cecil Beaton – a un peu occulté le reste de sa production. Pas ses portraits qui sont certes connus, ayant couvert tout le spectre de la culture et de la politique, mais plutôt ses sujets à dominante sociale : sont ainsi présentés ses séries sur les travailleurs de l’Ouest américain (qui le rapprochent cette fois d’Erwin Blumenfeld), et ses reportages sur le Ku Klux Klan, la guerre du Vietnam ou les hôpitaux psychiatriques.

  • Richard Avedon, 1946-2004 au Jeu de paume du 1er juillet au 28 septembre 2008

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  • VENTES

    Architectures de papier

    PARIS - L’expert chargé de la vente, Patrick de Bayser, ne mâche pas ses mots : il s’agit de «la plus exceptionnelle collection de dessins jamais vue sur le marché ». Les superlatifs sont peut-être généreux mais le fonds proposé par l’étude Millon semble en effet hors du commun. Commencé au XIXe siècle, cet ensemble a été complété par un « amateur distingué du XXe siècle ». Après avoir été si patiemment réuni, on regrette évidemment qu’il soit appelé à être démembré. Un chevalier blanc se manifestera-t-il ? Parmi les quelque 200 lots, les plus beaux éléments ne devraient pas s’échanger pour moins de 25 000 € : un Projet pour le palais d’Orsay d’Etienne-Louis Boullée, de 70 cm de long, un ensemble de quatre caprices architecturaux attribués à Louis-Joseph Le Lorrain ou, également datée de la fin du XVIIIe siècle, une curieuse image de Versailles entouré d’une colonnade inspirée de Saint Pierre de Rome, par Marie-Joseph Peyre. Après ces plumes et lavis, le XIXe siècle propose quelques aquarelles dans l’esprit du prix de Rome, notamment d’Alexandre Dufour. Pour des prix bien inférieurs, on pourra avoir des motifs décoratifs (lustres, plafonds, arabesques).

  • Une remarquable collection de dessins d’architecture par l’étude Millon à Drouot le 26 juin 2008

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Julien Clauss et Lynn Pook, Veille exposé au Dojo de Nice - Courtesy Dojo

    Lynn Pook : la beauté du son

    Cela fait longtemps que les arts plastiques ne se limitent plus au bloc de marbre à sculpter ou à la toile à couvrir de couleurs. Les contaminations entre disciplines ont permis de briser les frontières. Lynn Pook, franco-allemande, née en 1975, qui a étudié les beaux-arts et la danse, aime à travailler sur les lisières. Ses installations laissent une place primordiale au son. Au moyen de haut-parleurs incrustés dans la peau, elle stimule directement l’épiderme ou, indirectement, l’oreille interne, les ondes sonores y arrivant

    après avoir voyagé par le réseau osseux. Evolution de Raplapla, montré dans un château d’eau, à Berlin, en 2004, un nouveau système audio-tactile intitulé Veille est installé au Dojo de Nice. Il est le fruit d’une collaboration avec Julien Clauss et consiste en cinq hamacs et 70 hauts-parleurs, qui sollicitent le corps de façon insolite.

  • A voir et essayer : Veille de Lynn Pook et Julien Clauss, présenté au Dojo (22 bis boulevard Stalingrad, Nice) du 20 juin au 20 septembre 2008

    Le site du Dojo de Nice

  • LIVRES

    Couleurs magyares

    Les fauves sont dans le vent… Après Vlaminck, qui rencontre le succès au musée du Luxembourg, voici venu le tour des épigones hongrois de Matisse. Autant dire un pan largement méconnu de ce courant baptisé d'après le scandale du Salon d’automne de 1905. Un des principaux exposants de la branche hongroise était d'ailleurs présent lors de l’événement fondateur : Béla Czóbel y était exposé tout près de la fameuse salle 7 (celle de Matisse, Derain, Vlaminck, le douanier Rousseau). Ce catalogue, qui accompagne l’exposition qui vient d’ouvrir à Céret, montre l’effervescence picturale qui saisit la Hongrie juste avant la Première Guerre mondiale, avec la création d’une Maison des artistes à Budapest ou d’une communauté d’artistes à Kecskemét. L’influence de Paris est alors essentielle. Beaucoup de ces fauves hongrois y ont étudié, à l’académie Julian ou auprès de Matisse (comme Perlrott Csaba), et y ont eu des ateliers (une annexe en énumère les adresses). Leur unité, matérialisée par la formation d’un groupe des Huit, dure peu. Ainsi, dès 1911, Kernstok, qui opte pour une veine classicisante, repeint ses tableaux antérieurs. La guerre se chargera de disperser le reste. L’histoire tragique d’un jeune couple de peintres la symbolise : Valéria Dénes meurt d’une pneumonie le 18 juillet 1915. Deux jours plus tard, son mari, Sándor Galimberti se suicide à son enterrement…

  • Les fauves hongrois, Biro éditeur, 2008, 264 p., 39 €, ISBN : 978-2-35119-047-0

    A voir : l’exposition Les fauves hongrois au musée de Céret jusqu’au 12 octobre 2008

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  • BRÈVES

    AMSTERDAM – Rembrandt riant, le tableau acheté en octobre 2007 pour 2,2 millions £ (après avoir été estimé 1500 £ par Moore, Allen & Inocent, la maison d’enchères qui était chargée de le vendre), a été considéré par ses principaux experts comme un authentique autoportrait de Rembrandt. Il est exposé à la Maison de Rembrandt jusqu’au 29 juin.

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    CALCUTTA – Les architectes Herzog et de Meuron ont été choisis pour dessiner le KmoMA, le futur musée d’Art moderne de Calcutta. Co-financé par le gouvernement du Bengale occidental et des partenaires privés, son coût est estimé à 50 millions et l’ouverture programmée pour 2013.

    Lire l’article sur le Telegraph de Calcutta

    LAVAL – La Biennale de sculpture de Laval, qui se tient du 28 juin au 28 septembre, s’intéresse aux rapports entre sculpture et peinture.

    Lire l’article sur artaujourdhui.info

    LONDRES – Un nouveau record a été établi le 24 juin chez Christie’s pour un tableau de Monet : le Bassin aux nymphéas (1919) a été adjugé 40,9 millions £ (50 millions €, frais compris), le double de son estimation. L’un des clous des prochaines ventes (1er juillet) est Untitled (Pecho/Oreja) de Basquiat, estimé 5-7 millions € chez Sotheby’s. Le vendeur est le groupe de rock U2, qui s’offre une belle plus-value. Chez Christie’s, le 30 juin, à côté d’un Bacon inédit, Trois études pour un autoportrait, un tableau de Lucian Freud, Naked Portrait with reflection, est estimé 15 millions €.

    Le site de Christie's

    PARIS – Coïncidant avec la présidence française de l’Union européenne, le ministère de la Culture lance une saison culturelle européenne : en France, pendant six mois à partir du 1er juillet, 300 manifestations artistiques mettront en avant la culture des 26 autres membres de l’Union.

    Le dossier de presse en pdf

    PARIS – La Pinacothèque de Paris, nouvel espace d’exposition ouvert en juin 2007 place de la Madeleine, a reçu 700 000 visiteurs lors de sa première année d’activité, marquée par la présentation de Soutine et des soldats chinois de terre cuite.

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    PARIS - Dans ses ventes des 2 et 3 juillet, Sotheby's propose une large sélection d'œuvres impressionnistes et surréalistes, dont le Village des Sablons de Sisley (600 000 à 900 000 €), des toiles et des sculptures de Man Ray et une intéressante série de dessins politiques de Vallotton.

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    PARIS - La vente du mobilier de l'hôtel Royal Monceau a établi un record pour la dispersion du contenu des grands hôtels : les 20 000 objets ont rapporté 3,3 millions € lors des 4 journées d'enchères, menées par Bertrand Cornette de Saint-Cyr, du 19 au 22 juin.

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    TURIN – Le XXIIIe Congrès mondial d’architecture se tient dans la capitale piémontaise du 28 juin au 3 juillet. Une centaine d’intervenants sont attendus, de Will Alsop à Muhamad Yunus en passant par Odile Decq, Massimiliano Fuksas et Dominique Perrault.

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    VENISE – Dans le cadre du 60e anniversaire de l’ouverture de la Peggy Guggenheim Collection, l’exposition Coming of age, consacrée à l’art américain de 1850 à 1950, ouvre le 28 juin.

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    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    BERNARD CLARISSE

    BERCK - Le Musée d'Opale Sud présente un monde homérique : celui de Bernard Clarisse, qui donne à ses scènes paysannes une dimension mythologique en les fixant sur des « stèles » et en incluant fréquemment l'animal symbolique d'Asklépios, la taupe. Ses portraits s'inspirent en revanche de la grande tradition des « vanités ».

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    DANDYSMES Une histoire de séduction

    ANDILLAC - Qu'est-ce qu'un dandy ? Un esthète solitaire qui fait acte d'insoumission. Poursuivant l'enquête initiée l'an dernier, le château d'Andillac, qui fut la demeure de Maurice Guérin, grand ami de Barbey d'Aurevilly, étudie le dandysme comme phénomène de mode en rassemblant caricatures, costumes ou objets de toilette.

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    MYTHIQUES AMÉRIQUES - Voyages avec les photographies de Dominique Darbois

    ÉPINAL - A la recherche de notre « Amérique rêvée », le Musée de l'Image confronte les photographies prises pendant plus d'un demi-siècle par Dominique Darbois et les clichés véhiculés par les chromos, les films, les chansons et les… images d'Épinal.

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    LE DESSOUS DES CARTES - Photographie contemporaine en Amérique latine

    BRUXELLES - Se présentant comme l'une des plus vastes rétrospectives consacrées à la jeune photographie latino-américaine, du Mexique à la Terre de Feu, l'exposition du Palais des Beaux-Arts rassemble 200 images de 18 artistes, en abordant trois thématiques principales : le portrait, le paysage et les « histoires alternatives ».

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