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N° 98 - du 3 juillet 2008 au 9 juillet 2008

L'AIR DU TEMPS

L’art règne à Varsovie

De quoi parle-t-on en Pologne ? Du supposé passé d’agent secret de Lech Walesa. De l’échec cuisant à l’Euro 2008 – un point commun avec la France - et de la difficulté que le pays aura à organiser la prochaine édition avec l’Ukraine. Comme partout, la scène artistique se hisse rarement jusqu’à la une des quotidiens. Sauf lorsqu’il s’agit de Chopin, qui serait mort de mucoviscidose et non de tuberculose, et dont des scientifiques polonais demandent l’exhumation du corps, enterré au Père-Lachaise, pour effectuer un prélèvement d’ADN. C’est connu, on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure. Car si les stades de football sont au point mort, les centres d’art plastique, eux, ouvrent en respectant les échéanciers. Le dernier en date, le CoCA de Torun, la ville de Copernic, a été inauguré en juin 2008. A Varsovie même, le CSW (Centre d’art contemporain), dans le château d’Ujazdowski, va accueillir un futur centre européen de rencontre, qui sera installé dans l’ancien arsenal. Si sa programmation dynamique se poursuit - actuellement on peut y voir une ambitieuse rétrospective de photographie polonaise contemporaine et une redécouverte de l’inclassable Stefan Themerson (1910-1988), auteur de photogrammes, de films d’avant-garde et de musique symphonique – le CSW pourrait s’imposer comme l’une des adresses incontournables d’Europe Centrale. C’est moins médiatique qu’une victoire au foot. Mais une réussite tout aussi louable…

Le site du CSW Varsovie

EXPOSITIONS

Van Dongen sur le Rocher

MONACO – Fauvisme, suite et fin ? Après Vlaminck, après les fauves hongrois, voici Van Dongen, servi par une ambitieuse rétrospective de 200 œuvres dont 130 toiles. Elle se tient à Monaco, en préfiguration du futur NMNM (Nouveau Musée National Monaco), qui ouvrira en 2009 villa Paloma avant de migrer en 2015 dans un nouveau bâtiment qui reste à construire. Le choix de Van Dongen est naturel : c’est dans la Principauté qu’il est mort, en 1968, à 91 ans. Peut-être pour se démarquer d’une actualité trop fauve, les commissaires ont privilégié d’autres périodes de l’artiste : avant 1905, avec ses dessins satiriques, ou pendant les Années folles, lorsqu’il devient le portraitiste préféré de la société mondaine, de la marquise Casati à Anna de Noailles. Un certain nombre de toiles font partie de la collection du musée, qui a mené une active politique d’acquisition. D’autres proviennent de collections privées et ne seront pas visibles de sitôt comme Mademoiselle Edmonde Guy ou nu debout ou un grand portrait de 4 m2 de Léopold, le roi des Belges.

  • Kees Van Dongen à la Salle d’Exposition du Quai Antoine Ier, du 25 juin au 7 septembre 2008

    Le site du NMNM

  • César, tendance Nouvel

    PARIS – La rétrospective consacrée au nouveau réaliste peut se lire sous plusieurs angles. Elle célèbre évidemment le sculpteur décédé il y a dix ans, la veille du Noël 1998. Elle est un hommage à Jean Nouvel puisque c’est l’architecte qui a été chargé de choisir les œuvres exposées et d’en concevoir la scénographie. Enfin, elle peut se lire comme un bilan de la Fondation elle-même, ouverte en 1984 avec une exposition César, puis installée depuis 1994 dans un bâtiment de Jean Nouvel… Au-delà de ce jeu de miroirs, on prendra plaisir à revoir les œuvres emblématiques qui ont jalonné la carrière du Niçois : les Fers, premières soudures de métal à l’arc de 1949 ; les Empreintes, avec ses fameux Pouces (au nombre de 19, dont celui de 2,5 mètres de haut, exposé à la galerie Claude Bernard en 1965, et le 6 mètres, 6 tonnes du Conseil général des Hauts-de-Seine) et quelques Seins ; les Expansions en mousse de polyuréthane ; enfin, les Compressions, qui sont sans doute sa production la plus connue du grand public.

  • César, anthologie par Jean Nouvel à la Fondation Cartier, du 8 juillet au 26 octobre 2008 Parmi les événements et performances qui accompagnent l’exposition, à noter la création de la plus grande barbe à papa du monde, le 20 juillet à 15h, sous la baguette de Gilles Stassart.

    Le site de la Fondation Cartier

  • Laib, histoires de pollen

    GRENOBLE – Au début des années soixante-dix, Wolfgang Laib (né en 1950) sculpta en Turquie une « brahmanda », une pierre en forme d’œuf. Les femmes crurent qu’il s’agissait d’un météorite et se persuadèrent que son contact favorisait la fertilité. C’est sans doute le plus bel hommage rendu à l’artiste allemand, qui a toujours cherché son inspiration dans la nature. Il investit le musée de Grenoble avec ses œuvres emblématiques : il y a là des petites montagnes de riz, des « montagnes qu’on ne peut pas escalader ». Il y a des étendues couvertes avec le pollen qu’il récolte patiemment, au printemps, dans sa région de la Haute-Souabe et qu’il étend tout aussi patiemment, au tamis et à la petite cuillère. Il y des espaces dont les parois sont enduites de cire d’abeille et des « pierres de lait ». La pratique de Laib est en résonance évidente avec nos inquiétudes écologiques mais elle incorpore une dimension métaphysique, méditative, qui fait souvent défaut aux organisation militantes.

  • Wolfgang Laib au musée de Grenoble du 5 juillet au 28 septembre 2008

    Le site du musée de Grenoble

  • PHOTOGRAPHIE

    Les rencontres de Lacroix

    ARLES – C’est la grande année arlésienne de Christian Lacroix. Dans sa ville, le couturier a été invité à concevoir une exposition au musée Réattu. En ce début d’été, il est aussi aux commandes des Rencontres internationales de la photographie. Il y a invité des créateurs dont il aime le travail et qui, pour certains, ont couvert son travail. Ils peuvent être actifs dans la mode (Paolo Roversi ou Peter Lindbergh qui aime placer ses mannequins à Beauduc en Camargue) ou pas (comme Grégoire Korganow, deux fois à l’honneur, pour ses portraits de femmes de prisonniers et son regard néophyte sur les backstages de défilés). Joachim Schmid constitue l’une des curiosités de cette édition. Il n’est pas photographe mais collectionne depuis un quart de siècle des clichés anonymes trouvés dans la rue : dûment numérotées, ils constituent un original « cadavre exquis » de notre société. Pour un panorama de la jeune création européenne, on ne manquera pas la Nuit de l’Europe, le 9 juillet. Vingt-sept commissaires (de Quentin Bajac pour la France à Margarita Matulyte pour la Lituanie) ont été invités à sélectionner trois photographes pour chacun des pays de l’Union européenne. Le résultat – soit la production de 81 photographes – est projeté la nuit sur des écrans géants.

  • Les Rencontres internationales de la photographie ouvrent le 8 juillet et durent jusqu’au 14 septembre. Semaine d’ouverture du 8 au 13 juillet.

    Le programme des Rencontres d’Arles

  • L’ARTISTE DE LA SEMAINE


    Vue de l'installation. Deux dessins Pelle di grafite, 2003-2006, graphite sur papier noir, 300 x 400 cm (4 éléments de 150 x 200 cm chaque) ; La geometria nelle mani, 2007, bronze et inox, 195 x 120 x 103 (h) cm Courtesy Giuseppe Penone and Marian Goodman Gallery, Paris/New York

    Giuseppe Penone, l’homme-tronc

    Il est indissolublement lié au mouvement de l’Arte Povera lancé à Turin à la fin des années soixante par le critique Germano Celant. Comme ses acolytes Merz, Kounellis ou Fabro, Giuseppe Penone (né en 1947) aime utiliser des matériaux bruts avec, dans son cas précis, une attirance particulière pour les productions de la nature. L’arbre, son écorce, son tronc, ses racines, sont des motifs puissants d’inspiration. La galerie Marian Goodman présente des œuvres récentes – des dessins, une sculpture et une installation de grandes dimensions, dans laquelle l’empreinte d’un cèdre centenaire est coulée dans le bronze. Penone aime l’espace et l’on ne manquera pas de profiter de l’été pour aller découvrir sa dernière création : dans le parc de la Venaria Reale, près de Turin, il a composé le Jardin des sculptures fluides, avec 11 installations disséminées sur 5 hectares.

  • Giuseppe Penone à la galerie Marian Goodman (79, rue du Temple, 75003 Paris), jusqu’au 12 juillet

    Le site de la galerie Marian Goodman

  • LIVRES

    Chine, architectures en péril

    Il y a le dit et le non-dit. Si Dans la ville chinoise, la grande exposition de la Cité de l’architecture, est intéressante par la multiplicité des films, des images d’archives, des maquettes (celle, colossale, du Pékin actuel), elle reste, pour d’évidentes raisons diplomatiques, très « politiquement correcte ». On reste sur sa faim quant à l’ampleur des destructions de hutongs (les habitations traditionnelles de Pékin) ou quant à l’effet sur la structure urbaine des migrations colossales des campagnes vers les villes. Le catalogue permet de pallier ces manques. On y tord d’abord le cou au préjugé qui veut que les Orientaux se moquent de l’ancien et préfèrent reconstruire indéfiniment les mêmes bâtiments avec des matériaux neufs. L’attachement au « patrimoine » peut y être comparable au nôtre mais les impératifs de la croissance économique ont amené les planificateurs à raser sans pitié des quartiers anciens et à reloger les habitants au-delà du 4e ou du 5e périphérique. La vie des mingong, ces cohortes de paysans-citadins, y est présentée sans fard. Et si l’on continue à utiliser des géomanciens pour l’implantation et l’orientation des immeubles, le slogan autoritaire des Jeux olympiques, « Je participe, je suis heureux, je me sacrifie », pourrait bien soulever la vraie question : jusqu’où la ville chinoise pourra-t-elle sacrifier son passé ?

  • Dans la ville chinoise, regards sur la mutation d’un empire sous la direction de Frédéric Edelman, Françoise Ged et Yves Kirchner, 2008, coédition Cité de l’architecture / CCCB de Barcelone, éditions Actar, 350 p., 42 €, ISBN : 978-849-695457-1
  • A lire aussi, le second catalogue Positions, portrait d’une nouvelle génération d’architectes chinois, 224 p., 32 €

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  • BRÈVES

    BOSTON - Le musée des Beaux-Arts a annoncé avoir atteint son objectif (500 millions $) dans sa campagne de dons pour financer son développement. La plus grosse partie - 350 millions $ - permettra la construction d'un nouveau bâtiment par Foster and Partners.

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    LONDRES – La manifestation « Master Drawings », du 5 au 11 juillet, rassemble une vingtaine de galeries des quartiers de Mayfair et St James’s, qui présentent des expositions de dessins, du XVe siècle à l’époque contemporaine.

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    NEW YORK – Les installations réalisées par l’artiste Olafur Eliasson – des chutes d’eau près du pont de Brooklyn - ont été inaugurées le 26 juin. Elle sont visibles jusqu’au 13 octobre, de 7h à 22h et sont illuminées la nuit.

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    PARIS – Corinthe, une sculpture en plâtre de Jean-Léon Gérôme, présentée chez Sotheby’s le 25 juin, a été préemptée par le musée d’Orsay, à un prix qui constitue un nouveau record mondial pour l’artiste (456 750 €).

    PARIS – Une toile de Wassily Kandinsky, Epanouissement 1943 a été adjugée 1,86 million € le 25 juin par l’étude Aguttes.

    PARIS – Selon le rapport du Conseil des ventes volontaires (CVV), autorité de régulation du marché français, la croissance des ventes n’a été que de 1% en France. Alors que les ventes d’œuvres d’art ont crû de 33% dans le monde, la part de la France dans le total ne cesse de baisser (-5,8 % en 2006, -13% en 2007). Le CVV appelle à une refonte globale du droit française des enchères et à une meilleure transparence.

    VALLAURIS – La biennale internationale de céramique contemporaine se tient du 28 juin au 17 novembre en sept lieux de la ville, dont le musée national Picasso (qui accueille une exposition Richard Deacon) et le musée Magnelli.

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    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    ODON, MAÎTRE DES LIEUX

    BEAUVAIS - Le temps d'un été, dans le palais Renaissance qui abrite le Musée départemental de l'Oise, Odon confronte ses œuvres épurées aux poutres centenaires. Depuis des années, Odon développe un art du tressage qui est autant une méditation inspirée des rituels chamaniques qu'une création plastique.

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    JACQUES DAMVILLE

    BERCK-SUR-MER - Près de vingt ans après sa première exposition, Jacques Damville revient dans la cité picarde, au musée d'Opale-Sud. Marquée par un engagement fort (il fut expulsé d'Espagne par Franco pour une toile en hommage à un anarchiste) et par un lien permanent avec le réel, son œuvre mêle portraits et paysages marins.

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    LE VIELLEUX / JEAN-MARC CERINO

    BOURG-EN-BRESSE - Symbole du mendiant ou des dames raffinées de la cour de Louis XIV ? La vielle a été tout cela, avant de devenir, au XIXe siècle, le symbole de l'identité bressane. Le monastère de Brou fait le point sur cette évolution et présente parallèlement les créations contemporaines de Jean-Marc Cerino.

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