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N° 109 - du 6 novembre 2008 au 12 novembre 2008

L'AIR DU TEMPS

Rendez-vous à Turin

Les grandes foires artistiques ont rarement une relation consanguine avec la ville qui les accueille. Elles sont un bref moment où affluent galeristes et collectionneurs puis l’on démonte les stands sans que les habitants aient vraiment eu conscience d’un événement. Turin, peut-être parce qu’elle est de taille moyenne, réussit au contraire assez bien à créer un « état d’esprit » qui parcourt toute la ville. La foire Artissima, qui en est à sa 15e livraison, n’est pourtant pas centrale : elle se tient dans l’ancienne usine Fiat du Lingotto, relookée par Renzo Piano, avec, sur le toit, sa fameuse piste (et l’excellent musée Agnelli). Mais la coordination a été parfaite pour qu’Artissima s’accompagne d’événements tous azimuths – films d’artistes dans le surprenant musée du Cinéma de la Mole Antonelliana, ouverture du Parco Arte Vivente dessiné par Piero Gilardi, exposition sur la BD et l’art contemporain à la Chambre de commerce. Sans compter la Triennale de Milan qui, sous le titre énigmatique « 50 lunes de Saturne », réunit deux artistes confirmés, Olafur Eliasson et Paul Chan, et une meute de jeunes aux dents longues, qui s’éparpillent entre la château de Rivoli, la Promotrice des beaux-arts et la fondation Re Rebaudengo.

  • Artissima du 7 au 9 novembre 2008
  • T2, Triennale de Turin du 6 novembre 2008 au 18 janvier 2009

    Le site d'Artissima

  • EXPOSITIONS

    Daniel Tremblay, in memoriam

    ANGERS – C’est un météore de l’art, comme ont pu l’être, par exemple, Pino Pascali ou Basquiat. Le fait qu’il n’ait jamais connu leur notoriété ne disqualifie pas pour autant sa production… La courte carrière de Daniel Tremblay s’est interrompue avec sa mort accidentelle à l’âge de 35 ans, en 1985. Dans la décennie précédente, il avait été proche de la jeune scène anglaise, en vertu de ses études au Royal College of Art, à Londres, de 1975 à 1978. L’utilisation ironique d’objets produits en masse par la société de consommation – moquettes, chaussures, brosses, plastique – dont il tire des « reliefs », est l’une de ses marques de fabrique. L’exposition du musée des Beaux-Arts se veut définitive puisqu’elle réunit, outre le fonds du musée, constitué en grande partie des dons de la galeriste Farideh Cadot, des pièces conservées à l’étranger et The Last Wave, une installation créée à La Jolla, en Californie, en 1984, qui a pu être reconstituée grâce à un autre don récent.

  • Daniel Tremblay au musée des Beaux-Arts du 8 novembre 2008 au 3 mai 2009.

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  • Cobra, serpent artistique européen

    BRUXELLES - Dans Cobra, il y a Co, Br et A, autrement dit Copenhague, Bruxelles et Amsterdam, villes d’origine des artistes qui ont fondé le mouvement. Certains objecteront qu’il y manque le P de Paris : c’est là, dans un café près de Notre-Dame, que la réunion initiale a eu lieu en novembre 1948… En 150 œuvres, c’est à une frénésie de couleurs et de formes que le visiteur est invité. CoBrA n’a pas duré longtemps (dissous dès 1951) mais son influence devait s’exercer pendant longtemps, du situationnisme à Fluxus, et sa dimension pan-européenne était elle-même visionnaire. Si la plupart des acteurs ont disparu, à l’image d’Asger Jorn ou Karel Appel, l’un d’eux reste sur la brèche : Pierre Alechinsky, qui a eu droit à sa propre rétrospective l’an dernier, dans le même musée. Pour découvrir Cobra sur un mode « mineur », on pourra se déplacer de quelques centaines de mètres : à Bozar sont réunis des échantillons de l’inventivité graphique d’Alechinsky et consorts, de l’estampe à l’affiche.

  • CoBrA aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, du 7 novembre 2008 au 15 février 2009
  • Cobra et Cie à Bozar du 8 novembre au 4 janvier 2009

    L'exposition au Musées royaux des Beaux-Arts

  • Femmes offertes

    DUSSELDORF - L’affiche est tout ce qu’il y a de plus « porno-soft » : un jeune enfant observe une femme nue sur un lit, dans une position scabreuse. Son corps est strié par les ombres du store. Cette toile d’Eric Fischl, assez souvent reproduite, sert de bannière à une exposition dont le propos est limpide. Il s’agit de montrer comment les artistes se sont mis dans la position du voyeur, se repaissant de nus féminins, en s’abritant souvent derrière l’excuse de la mythologie ou de l’histoire. Diane et Actéon, qui fournit le titre, c’est l’histoire du chasseur puni pour avoir vu Diane nue. Tout comme Suzanne et les vieillards, le thème a fourni d’infinies variations (dont l’une par Titien, que les autorités du Royaume-Uni tentent de conserver au pays lors que son propriétaire veut la vendre). L’exposition ne se limite évidemment pas aux maîtres anciens : en 300 œuvres et 200 artistes, on déroule le fil du temps jusqu’à Hans Bellmer, Louise Bourgeoise, Marlene Dumas et Araki.

  • Diane et Actéon, regard interdit sur le corps nu au Kunst Palast, jusqu’au 15 février 2009.

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  • VENTES

    Un Basquiat contre la crise

    NEW YORK – « C’est l’un des plus importants tableaux de Basquiat jamais présentés aux enchères : Untitled (Boxer) est destiné à établir un nouveau record pour l’artiste ». C’est ainsi que les experts de Christie’s présentaient le clou de la vente d’art contemporain du 12 novembre. Il est facile de railler une telle prétention maintenant que la crise est là : il y a deux mois, personne n’aurait mis en doute une vacation record. Ce tableau de 1982 a en effet été l’une des stars de la rétrospective Basquiat au Brooklyn Museum et au MOCA de Los Angeles en 2005-2006, dont il avait même constitué l’affiche. Son propriétaire avisé, Lars Ulrich, n’est pas un roi des hedge funds en mal de revenus mais le batteur du groupe de hard rock Metallica qui est connu pour l’excellence de sa collection d’art. A côté du Basquiat, un Attendant 5 de Brice Marden, estimé 10 millions de dollars (soit un record personnel qui serait multiplié par 4 ou 5), une Pine House de Peter Doig, entre 5 et 7 millions de dollars, une Grande Vallée VII de Joan Mitchell entre 4 et 6 millions de dollars. Comme au bon vieux temps de la prospérité…

  • Art d’après-guerre et contemporain, chez Christie’s le 12 novembre 2008

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Aleksandra Mir, Plane Landing, Paris, octobre 2008, courtesy galerie Laurent Godin

    Aleksandra Mir : comme un avion sans ailes

    Elle est née en Pologne (en 1967), elle a étudié aux Etats-Unis, elle est de nationalité suédoise, elle vit à Palerme, elle a été en résidence au Mexique et à Zurich, elle expose un peu partout : peut-on être plus citoyen du monde qu’Aleksandra Mir ? Son art brouille encore plus les pistes en ce sens qu’il se laisse difficilement définir. Il est certainement conceptuel, misant beaucoup sur la performance mais sans nier la part de l’esthétique.

    On l’a vu récemment à Paris pour l’un de ses Plane Landings , qui lui permettent d’amarrer des avions devant des monuments emblématiques, où de « vrais » avions ne devraient jamais se trouver. Au moment de la FIAC, sa créature en plastique, gonflée à l’hélium, faisait face à l’Arc de triomphe du Carrousel. Son Grand Parapluie (Big Umbrella), qui prend tant de place qu’il devient un personnage à part entière, a été montré dans de nombreuses expositions. Projetant des films dans des cinémas déserts ou donnant un nouveau sens à la symbolique des fleurs, Aleksandra Mir, qui est diplômée en anthropologie culturelle, se pose assurément des questions sur le sens de la vie ou sur nos échelles de valeur.

  • Aleksandra Mir est notamment représentée par la galerie Laurent Godin à Paris et la galerie Mary Boone à New York. On peut la voir à partir du 14 novembre à la galerie Lisboa20.

    Le site d'Aleksandra Mir

  • LIVRES

    L’autre révolution russe

    Diaghilev, Nijinsly et les Ballets russes, Malevitch, Bakst, Chagall, Rodtchenko, Anna Akhmatova… Au tournant du XXe siècle, la Russie produit une salve unique d’artistes, dans tous les domaines. Il ne s’agit pas exactement d’une génération spontanée puisque les peintres ambulants ou le groupe du Monde de l’art avaient préparé le terrain. Mais les transformations politiques ont indubitablement exalté la tension créatrice et provoqué un véritable tourbillon, qui oscille entre le symbolisme de Vroubel et le modernisme de Tatline. La richesse de l’illustration – près de 700 images, photographies anciennes, vues d’architecture, tableaux, scénographies, icônes, intérieurs d’appartements « constructivistes », réclames, manifestes ou gravures traditionnelles (« lioubok ») – fait parfois oublier le texte. C’est pourtant le bilan complet d’un âge d’or où ont coexisté grands-ducs, révolutionnaires, apôtres du nudisme, cinéastes expérimentaux, grands poètes et collectionneurs. Une alchimie d’exception qui constituera l’un des piliers de l’art du XXe siècle.

  • Moscou et Saint-Pétersbourg 1900-1920 par John E. Bowlt, édition Hazan, 2008, 392 p., 35 €, ISBN : 978-2-7541-0303-9

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  • BRÈVES

    ARLES – L’exposition Christian Lacroix est prolongée jusqu’au 31 décembre 2008.

    Voir l'article sur artaujourdhui.info

    ISTANBUL - Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel se réunit à Istanbul du 4 au 8 novembre. A l’issue de la session, sera publiée la liste Unesco du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

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    NANTES – L’étude Couton & Veyrac procède à la dispersion du fonds Julien Gracq le 12 novembre 2008. Le clou en est la correspondance avec André Breton, qui est estimée à 35 000 €.

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    NEW YORK – La grande vente d’art moderne et contemporain du 3 novembre chez Sotheby's a prouvé que le marché était lui aussi atteint par la crise. Des tableaux emblématiques présentés, seul le Vampire de Munch a dépassé son estimation de 30 millions $. La composition suprématiste de Malévitch a atteint 53 millions $ au lieu des 60 millions $ attendus, la Danseuse de Degas 33 millions $ au lieu de 40 millions $. Vingt-cinq des 70 lots n’ont pas trouvé preneur. Le total de la vente (hors frais) a effleuré la barre des 200 millions de dollars (224 millions avec frais) alors que les estimations tablaient entre 338 et 475 millions $.

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    PARIS – Le Salon international du patrimoine culturel se tient au Carrousel du Louvre du 6 au au 9 novembre 2008.

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    PARIS – Le prix de la fondation d’entreprise Ricard 2008 a été attribué à l’artiste Raphaël Zarka.

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    PARIS – La foire internationale des antiquaires de l’hippodrome de Longchamp se tient du 7 au 16 novembre 2008.

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    VERSAILLES – L’exposition consacrée à Jeff Koons au château de Versailles est prolongée jusqu’au 4 janvier 2009.

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