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N° 111 - du 20 novembre 2008 au 26 novembre 2008

L'AIR DU TEMPS

Ramirez et Van Gogh, même combat

Un peintre excentrique produit beaucoup. Illuminé, il connaît des périodes de crise et séjourne en asile psychiatrique. Personne ne voulant de ses toiles, il les distribue à ses amis ou aux inconnus. Certains de ses tableaux finissent dans le poulailler, pour boucher un trou, ou sont jetés à la poubelle. Vous avez reconnu Van Gogh, qui n’aurait vendu qu’un seul tableau dans sa vie… L’enchaînement - misère, incompréhension, fortune posthume - s’est répété plusieurs fois dans l’histoire. On en a un nouvel exemple éclatant avec Martín Ramírez (1895-1963). Mexicain émigré aux Etats-Unis, interné pendant des années en Californie, Ramirez a vu sa cote exploser : ce qui ne valait rien en 1980 coûtait 25 000 dollars en 2001 et 80 000 dollars en 2003. Une exposition à l’American Folk Art Museum au premier semestre 2007, accompagnée de critiques dithyrambiques, a encore accru sa valeur. De quoi éveiller les appétits : sa famille, dont on dit qu’elle brûlait autrefois les œuvres du fils « fou », a récemment fait suspendre une vente chez Sotheby’s. Elle rassemblait 17 dessins sauvegardés par le seul à croire en son génie, le psychiatre Tarmo Pasto. La folie de Ramirez invaliderait ses dons et les tableaux devraient revenir à la famille… Dans l’attente du jugement, fouillez dans vos greniers : on a retrouvé à l’automne 2007 une centaine d’œuvres de Ramirez dans un garage californien. D’autres découvertes fortuites sont à prévoir.

L'exposition de 2007 à l'American Folk Art Museum

EXPOSITIONS

Vouet l’Italien

NANTES – En 1624, il connaît un honneur insigne : Simon Vouet est le premier peintre français à recevoir du pape une commande pour la basilique de Saint-Pierre. Etabli à Rome depuis une décennie, après des pérégrinations qui l’ont mené de Londres et Constantinople, Vouet est une « star » locale, statufiée par son élection à la prestigieuse académie de Saint-Luc. L’œuvre pour Saint-Pierre, une Adoration de la Croix voulue par Urbain VIII, a disparu mais la reconstitution à Nantes de l’étude préparatoire montre l’engagement des commissaires, qui sont allés en chercher les éléments éparpillés à travers le monde. Les portraits ou les Diseuses de bonne aventure de Vouet, qui illustrent l’influence de Caravage sur son style, viennent eux aussi de Rome, Washington ou Ottawa. En 1627, marié à une Italienne, fêté dans la Ville éternelle, Vouet décide pourtant de revenir en France : Louis XIII a décidé d’en faire son peintre officiel.

  • Simon Vouet, les années italiennes au musée des Beaux-Arts, du 21 novembre 2008 au 23 février 2009

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  • Ile de Pâques, forcément mystérieuse

    PARIS - Elle a beau être minuscule, elle fascine autant que la civilisation maya. C’est que, derrière l’île de Pâques se cachent des mystères tout aussi impénétrables. Qui furent ses habitants à partir de l’an Mil ? Pourquoi disparurent-ils brutalement ? Quel est le sens de leurs idoles gigantesques, ces Moai en forme de têtes ? Quant à l’écriture « rongorongo », elle n’a toujours pas été déchiffrée… Alors que les Musées royaux de Belgique viennent d’inaugurer une salle consacrée à l’île de Pâques, une exposition montre la richesse du patrimoine français, public et privé, en la matière. Statuettes en bois, accessoires de danse, armes, objets en pierre : plus de 150 pièces sont réunies, fruit de plusieurs expéditions, dont celle, franco-belge, montée par le musée d’Ethnographie du Trocadéro dans les années 1930.

  • Rapa Nui, l’île de Pâques à l’espace Fondation EDF (ex-Electra), du 20 novembre 2008 au 1er mars 2009

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  • Braque au-delà du cubisme

    VIENNE – Braque égale cubisme. L’équation dans laquelle on a enfermé l’artiste – en l’assaisonnant d’une excitante rivalité avec Picasso – a jeté dans l’ombre une part importante de son corpus. En effet, après « l’invention » du cubisme en 1907, Braque aura comme Picasso une longue vie créative puisqu’il ne décèdera qu’en 1963. La rétrospective du Bank Austria Kunstforum a justement l’ambition de réévaluer les autres pans de son œuvre, de la période fauve aux séries tardives des Ateliers en passant par les papiers collés – un domaine dans lequel il sera un expérimentateur hors pair - et les natures mortes. La démonstration est effectuée en s’appuyant sur quelque 80 tableaux et sur un échantillon fourni de l’œuvre graphique.

  • Georges Braque au Bank Austria Kunstforum, jusqu’au 1er mars 2009

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  • VENTES

    Inventaire d‘éventails

    On associe généralement l’éventail à l’Espagne, à la corrida, au flamenco. Son royaume est en réalité beaucoup plus large comme le démontre la vente de l’étude Deburaux le 25 novembre. On y trouve des exemplaires d’Europe et d’Asie, de dates et de formes variées – des écrans à main du XVIIIe siècle jusqu’à l’éventail « révolutionnaire » de Siné sur lequel sont dessinées cent culottes (estimation : 400 euros) - en passant par un classique des Années folles : l‘éventail en plumes d’autruche teintées (à partir de 100 euros). Si les premières estimations sont très sages, on peut assez vite monter à plusieurs milliers d’euros en fonction des matériaux (nacre, soie, ivoire) et de la qualité du travail sur les feuilles et les brins. Un Coriolan supplié par sa mère de 1760 avec une monture de nacre incrustée d’or est annoncé à plus de 4 000 euros. Quelques curiosités allècheront sans doute les amateurs comme le lot 142 bis : il s’agit d’un éventail en caudales de paon mâle albinos, sur une monture en nacre blanche, qui devrait être disputé au-delà des 400 euros prévus.

  • Eventails à Richelieu-Drouot, par la SVV Deburaux, le 25 novembre 2008 à 14h.

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Aurore Valade, Intérieur avec figures, Chanel n°5, photographie, 100 x 82 cm, courtesy Fondation HSBC pour la photographie

    Aurore Valade, femme d’intérieurs

    Le prix HSBC pour la photographie, lancé en 1996, a récompensé quelques créateurs aujourd’hui reconnus comme Rip Hopkins, Valérie Belin ou Eric Baudelaire. L’un de ses attraits consiste dans la publication d’une monographie sur les artistes élus. Les lauréats 2008 représentent deux approches complémentaires : Guillaume Lemarchal (né en 1974) cherche dans le paysage les traces des « blessures » infligées par l’homme. Aurore Valade (née en 1981) reste au contraire entre quatre murs. Elle documente le quotidien des gens sans histoire dans leur appartement. Le résultat de son travail a pourtant une dimension quasi cinématographique : la mise en scène (jeu des éclairages, des symétries et effets de miroirs) et la pose étudiée, rigide, des personnages donnent un aspect hiératique, solennel, à ses compositions.

  • Aurore Valade et Guillaume Lemarchal sont exposés à l’Atelier Soardi (8 rue Désiré Niel, Nice) du 25 novembre 2008 au 6 janvier 2009

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  • LIVRES

    Mon petit livre ne connaît pas la crise

    Il y avait l’art pauvre (l’arte povera), voici le « livre pauvre » : une définition bien trouvée pour les livres d’artistes, réalisés avec des moyens limités, en très peu d’exemplaires (au moins un mais pas plus de six), qui ont peu de lecteurs mais qui en auront toujours… Sous le joli titre de Richesses du livre pauvre, l’ouvrage est le catalogue d’une exposition, qui présente la collection de Daniel Leuwers, lui-même poète proche de René Char. Mais il fonctionne aussi comme un manifeste ou une apologie de ce type de créations, qui réunit dans une même famille Mallarmé, les enlumineurs du Moyen Age et les surréalistes. Les créateurs présentés dans ce troisième volet (deux autres rétrospectives ont eu lieu en 2003 et 2006) sont tous contemporains : Leuwers lui-même avec Viallat ou Alexandre Hollan, Jean-Dominique Rey avec Béatrice Casadesus mais aussi Michel Butor, André Velter, Henri Meschonnic, Jean-Claude Pirotte, Alechinsky. Ils sont souvent à deux mains : le livre d’artiste implique alors une sorte d’état de grâce entre le poète et le peintre.

  • Richesses du livre pauvre par Daniel Leuwers, Gallimard, 2008, 200 p., 39 €, ISBN : 978-2-07-012307-0.
  • A voir : l’exposition au prieuré de saint-Cosme (la demeure de Ronsard, près de Tours) jusqu’au 4 janvier 2009

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  • BRÈVES

    DOHA (Qatar) – Le musée d’Art islamique (Museum of Islamic Art), dessiné par I.M. Pei, avec une muséographie de Jean-Michel Wilmotte, ouvre ses portes le 22 novembre 2008.

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    EDIMBOURG – L’exposition consacrée aux collections d’art baroque de la reine d’Angleterre, qui a ouvert le 13 novembre à la Queen’s Gallery, contient deux tableaux attribués à Caravage durant leur restauration – la Saint Pierre et saint Paul et Enfant pelant un fruit.

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    PARIS – La vente des 61 œuvres réalisées par des artistes à la suite de l’incendie subi par Deyrolle, célèbre maison de taxidermie, a rapporté 260 000 euros le 13 novembre chez Christie’s.

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    SAINT-ETIENNE – La Biennale internationale du design, qui fête son 10e anniversaire, se tient jusqu’au 30 novembre 2008 à la Cité du Design.

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    TORONTO – Le nouveau bâtiment de l’Art Gallery of Ontario, dessiné par Frank Gehry, un enfant de la ville, a été inauguré le 14 novembre 2008.

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    TURIN - Luci d’artista, qui confie aux artistes contemporains (dont Daniel Buren ou Mimmo Paladino) la création d’installations lumineuses dans la ville, se tient jusqu’au 18 janvier 2009.

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    ST-ART 2008

    STRASBOURG – Jusqu’au 24 novembre, le Parc des Expositions du Wacken accueille St-Art, foire européenne d’art contemporain. Une centaine de galeries d’Europe, d’Amérique et d‘Asie présentent un panorama diversifié de la création des années 1950 jusqu’à nos jours, avec un accent particulier sur la Hongrie, pays invité.

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