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N° 113 - du 4 décembre 2008 au 10 décembre 2008

L'AIR DU TEMPS

McDonald's chez Michel-Ange

L’annonce a fait grand bruit et a suscité l’ouverture d’une pétition de protestation, qui a recueilli près de 10 000 signatures : Silvio Berlusconi a nommé un super-patron des musées italiens, qui aura pour mission d’accroître leur "valorisation" et leur rentabilité. On s’attend à la mise en œuvre de méthodes de marketing agressives, incluant par exemple le prêt d’œuvres d’art contre rémunération. Y a-t-il là vraiment du nouveau ? Le Guggenheim ou le Louvre, à Abu Dhabi et Atlanta, ont déjà montré l’exemple. C’est plutôt le parcours de l’homme choisi pour ce poste, Mario Resca, qui suffit à le stigmatiser : il a été dans le passé à la tête de McDonald's Italie, une corporation qui ne partage pas forcément les valeurs d’une administration de service public. On avait évoqué, il y a quelques années, la concession du musée de l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort à Eurodisney. Sa récente rénovation, respectueuse de son histoire, montre qu’on a bien fait de ne pas s’engager dans cette voie. La démarche italienne surprend. Le libéralisme économique, les mécanismes du marché sont aujourd’hui remis en question par les tenants mêmes de l’éthique capitaliste. Est-ce le moment de les introduire dans l’univers du patrimoine ? Voilà un vrai contrepied. On l'avait oublié, Berlusconi aime le football.
PS. La pétition a atteint son premier objectif : repousser d'une semaine l'étude du projet de réforme du ministère des Biens culturels. Il passe en conseil des ministres le 4 décembre 2008.

La pétition sur le site bianchibandinelli.it

EXPOSITIONS

Lurçat, l'appel d'Angers

ANGERS - En 1937, Jean Lurçat (1892-1966) découvre, émerveillé, la tenture de l’Apocalypse à Angers, plus grande tapisserie du XVe siècle européen. Délaissant la peinture, adaptant sa palette aux nuances de la laine, il décide de se consacrer lui-même à cette discipline. A partir de 1957, il dessine les cartons de ce qui va devenir l’équivalent moderne de l’Apocalypse et qu’il nommera, comme une antidote aux horreurs de la guerre, le Chant du monde. L’exposition ne porte pas sur cette œuvre gigantesque, qui a été achetée par la ville en 1967, et que l’on peut admirer dans la salle des malades de l’ancien hôpital Saint-Jean. Elle donne en revanche à voir, en une trentaine de pièces créées à Aubusson, tout l’arc créatif de Lurçat tisserand, de 1940 (Le petit fabuleux) à 1965 (Mangeur d’ombres). Provenant d’achats réalisés par le musée Jean-Lurçat entre 1981 et 1996, de la collection Simone Lurçat et de la donation faite à l’Académie des beaux-arts, ces compositions, de 4 à 20 mètres carrés chacune, résument la renaissance de l’art de la tapisserie au XXe siècle.

  • Jean Lurçat, tapisseries (1940-1965) , au musée Jean-Lurçat et de la Tapisserie contemporaine, jusqu’au 17 mai 2009.

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  • Magritte au naturel

    MILAN - On fête en 2008 le 110e anniversaire de sa naissance. Le millésime 2009 devrait être encore plus éclatant puisqu’il verra la concrétisation du musée Magritte, longtemps annoncé, sur la place Royale, à Bruxelles. Plutôt que de proposer une rétrospective générale de l’artiste surréaliste, les commissaires de l’événement milanais ont voulu lui imprimer un biais : la centaine d’œuvres présentées, provenant de collections publiques et privées, montrent le lien de Magritte (1898-1967) avec la nature. La pomme verte de Souvenir de voyage ou l’arbre au lampadaire de L’Empire des lumières sont des tableaux célèbres de la maturité. L’exposition entend faire découvrir des créations moins connues comme les essais futuristes des débuts ou la production de l’entre-deux-guerres. Très intellectualisée, la nature de Magritte est davantage un symbole qu’une représentation de la réalité : une vision qui reflète la façon dont l’homme moderne s’est progressivement éloigné de son environnement.

  • Magritte et la nature au Palazzo Reale, jusqu’au 29 mars 2009

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  • MUSÉES

    La longue marche du MAO

    TURIN – Les responsables ont dû être contents de leur trouvaille lorsqu’il s’est agi de baptiser le nouveau musée consacré aux civilisations extrêmes-orientales, qui ouvre le 5 décembre dans le palais Mazzoni après une longue gestation. Ils lui ont donné l’acronyme immédiatement identifiable de MAO (Museo d’Arte Orientale). Rassemblant des acquisitions anciennes et récentes de la municipalité, des dons, des prêts d’institutions (la banque San Paolo notamment) et de collectionneurs privés, il rassemble quelque 1500 objets répartis en cinq sections, auxquelles on accède par un cube de verre installé dans la cour par l’architecte Andrea Bruno. Si les collections ne peuvent être comparées à celles du richissime Musée égyptien de la même ville, elles renferment cependant quelques belles pièces, en particulier des statues en schiste du Gandhara, une aiguière en grès vernissé à tête de phénix (Chine, VIIe siècle), des couvertures en bois utilisées pour les livres du canon bouddhiste et un gardien de cimetière japonais (dvarapala), d’époque Karakura (XIIIe siècle), taillé dans un tronc de cyprès.

  • Le MAO (Museo d’Arte Orientale) ouvre le 5 décembre 2008

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  • VENTES


    Lot 212 : pendulette de voyage pour le marché chinois signée 'F. Rossel & de Lacour, Rue de la paix à Paris", vers 1870.
    Estimation : 4 000 / 6 000 €
    Courtesy SVV Chayette Cheval

    Objets à remonter le temps

    PARIS - Nous n’employons plus guère que la montre à bracelet et quelques horloges de parquet sonnent encore l’heure dans les maisons de campagne. Quelle pauvreté si l’on considère la typologie d’autrefois dans les instruments à mesurer le temps : montre savonnette ou montre boutonnière, montre à ancre ou à verge, montre de col, sans compter les cartels, pendules lanternes et autres pendules portiques… La vente Chayette Cheval du 8 décembre permet de redécouvrir ce riche patrimoine – et de se l’approprier pour peu. Une montre à quantième de la fin du XIXe siècle, signée Giovanni Bione, est estimée 400 euros, et une montre savonnette en argent de Grandjean à la Chaux-de-Fonds autour de 250 euros. Si l’on recherche du plus vieux, on trouve des exemplaires du XVIIIe siècle au même prix. La touche d’originalité est fournie par la présence d’objets curieux, des pinces américaines à la machine à tailler, des verres de montre à la machine à arrondir (200 euros), jusqu’à l’arrêté de juin 1793 du Comité de Sûreté générale attribuant un passeport à Abraham Louis Bréguet (800 euros). Une pendule à équation Boris et Johnstone, 1800) est attendue à 12 000 euros mais le lot le plus attendu est le 202, une montre en émail blanc avec mouvements en laiton doré : ce fut la montre personnelle d’Abraham-Louis Bréguet et elle n’est jamais sortie de la famille (de 120 000 à 150 000 euros.)

  • Horlogerie à Drouot-Richelieu (SVV Chayette Cheval) le 8 décembre 2008

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Delphine Coindet, Chérie-Chérie, 2006, mousse polyéthylène, plastique, métal laqué, inox poli, miroir, env. 44 x 300 x 170 cm. Courtesy galerie Laurent Godin / Galerie Evergreene

    Delphine Coindet : la vie des objets

    Des cordes, des harpes, des masques, une torche, des pelotes : voilà des objets de toute nature éparpillés cet hiver dans le parc du château de Chamarande. Objets, il faut le dire, pas toujours reconnaissables car passés à travers un filtre conceptuel. Delphine Coindet, l’artiste qui les produit, part certainement d’images qui « parlent » à tout le monde. Mais un travail assidu sur ordinateur, avec des logiciels 3D, donne naissance à d’autres formes, qui sont à leur tour retranscrites en sculpture, généralement dans des matériaux brillants. A cette veine personnelle, Delphine Coindet a ajouté de nouveaux « collages » à Chamarande, à l’image de Bluetooth (la connexion sans fil), qui sont des variations autant sur des concepts que sur les mots qui les représentent. D’autres artistes accompagnent Delphine Coindet avec des installations dans le parc : Eric Baudelaire, Cyprien Gaillard ou Erwin Wurm.

  • Delphine Coindet dans le parc du château de Chamarande, jusqu’au 15 février 2009.

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  • LIVRES

    Bagdad brique

    En juillet 1936, Ahmad Mukhtar est le premier Irakien diplômé d’une école d’architecture européenne (Liverpool). Les habitants de Bagdad n’avaient évidemment pas attendu cette date pour produire leur architecture : les ustâs, maçons-sculpteurs locaux, maîtrisaient depuis plus d’un millénaire les techniques qui leur permettaient d’édifier les maisons traditionnelles avec cour intérieure (hosh) et pièces à encorbellement de bois ouvragé à l’étage (shanashil). L’auteur montre la permanence, en plein milieu du XXe siècle et malgré les soubresauts de l’histoire, du module fondamental qu’est la brique. Même les Britanniques, qui occupent la ville à partir de 1917, l’utilisent dans leurs édifices symboliques comme le musée archéologique ou l’hôpital. Et si l’habitat se rationalise dans les années trente avec des lotissements de maisons alignées et l’introduction du béton, la brique survit comme élément décoratif. Moulée, ciselée, embellie par des ferronneries ou des cartouches en stuc, elle continue d’imprimer à la ville cette couleur crème qui n’est autre que celui de la Mésopotamie antique.

  • Bagdad arts déco, architectures de brique, 1920-1950, par Caecilia Pieri, éditions L’Archange Minotaure, 2008, 158 p., 49 €, ISBN : 978-2-35463-032-4

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  • BRÈVES

    LONDRES – Le Turner Prize, principal prix d’art contemporain en Grande-Bretagne, a été attribué le 1er décembre 2008 à l’artiste Mark Leckey.

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    LONDRES - La Photographers Gallery inaugure ses nouveaux espaces le 6 décembre 2008 au 16 Ramillies Street.

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    LYON – La traditionnelle fête des Lumières, avec des installations d’art contemporain à travers la ville, se tient du 5 au 8 décembre 2008.

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    MELBOURNE – La National Gallery of Victoria a réattribué un tableau anonyme de la Renaissance italienne à Dosso Dossi, un peintre ferrarais. Le personnage représenté serait Lucrèce Borgia, dont il s'agirait de l’unique portrait connu.

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    MIAMI – Art Basel Miami Beach se tient du 4 au 7 décembre 2008 avec la participation de quelque 250 galeries. Plusieurs foires « satellites » accompagnent la manifestation dont Scope, Nada et Pulse.

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    PARIS – Le Carrousel des métiers d’art, manifestation lancée il y a 8 ans pour la valorisation de l’artisanat de prestige, se tient du 3 au 7 décembre 2008 au Carrousel du Louvre.

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    PARIS – Le Forum des images, ancienne Vidéothèque de Paris, rouvre le 5 décembre 2008 au Forum des Halles après trois ans de fermeture.

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    PARIS – Une « nocturne de la Saint-Nicolas » est organisée le soir du 6 décembre 2008 par les 120 antiquaires et galeries d’art du Carré rive gauche, qui resteront ouverts jusqu’à 22 h.

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    PARIS – L’Equerre d’argent, l’un des principaux prix d’architecture en France, a été attribuée le 1er décembre 2008 à l’architecte Marc Barani pour le pôle multimodal du nouveau tramway de Nice.

    PARIS – Sotheby’s propose une toile de Francis Bacon, Two Figures, estimée 5 millions €, dans sa vente d’art moderne et contemporain du 10 décembre 2008.

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    PARIS - Pour le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, une vente aux enchères d'œuvres d'artistes contemporains est organisée au profit d'Amnesty International par Artcurial le 10 décembre 2008 au Palais de Tokyo .

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    TRIPOLI - L'agence anglaise Metropolitan Workshop a remporté le concours pour le Musée des conflits. Cette institution en forme de tente bédouine, qui doit ouvrir en 2011, décrira l’histoire de la Libye sous l’angle des guerres et soulèvements.

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