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N° 118 - du 22 janvier 2009 au 28 janvier 2009

L'AIR DU TEMPS

Tchèque sur toute la ligne

Le spectre des arnaques artistiques était déjà fort étendu. Pour notre grand plaisir, il vient de s’enrichir encore. On connaissait les faux en tout genre, des Vermeer peints par van Meegeren, aux faux Dalí signés par Dalí lui-même, jusqu’aux Modigliani de pacotille pêchés dans un canal à Livourne. On ne connaissait pas encore les faux artistes. On vient d’en découvrir 26 d’un coup et la supercherie est si monumentale qu’elle s’inscrit d’emblée comme un chef-d’œuvre. Entendant frapper un grand coup culturel, la présidence tchèque de l’Union européenne a fait installer à Bruxelles, dans le hall du Conseil de l’Europe, une installation réalisée par 27 artistes, un pour chaque pays membre, tournant en dérision les clichés nationalistes. En réalité, c’est un seul homme, David Cerny, qui a produit l’installation, inventant de fausses identités, de fausses biographies, de faux sites internet pour ses collègues, qui sont tous virtuels. Ce sont les Bulgares, en découvrant que leur pays était symbolisé par des cabinets à la turque, qui ont flairé le pot aux roses et déclenché une mini-crise. Qui a dit que l’art n’était plus politique ?

Un compte-rendu illustré de l’installation Entropa sur Ouest-France

EXPOSITIONS

L’art moderne, cousin de l’art primitif

BÂLE – On est plutôt habitué à y voir des Léger, des Matisse, des Dubuffet. La fondation Beyeler renverse les perspectives habituelles en exposant dans les salles dessinées par Renzo Piano des œuvres d’art primitif. Au début du XXe siècle, Vlaminck, Picasso, Derain et d’autres créateurs avaient été fascinés par ces formes artistiques exotiques. Le principe de la juxtaposition est remis à l’honneur. Les reliquaires Fang d‘Afrique de l’Ouest rencontrent Cézanne et Kandinsky. Les sculptures quasiment abstraites de l’atoll de Nukuoro, en Micronésie, se confrontent à Brancusi et au Douanier Rousseau tandis que Picasso, qui ne pouvait évidemment manquer, accompagne des portraits d’ancêtres Mundugumor de Nouvelle-Guinée. Au total, ce sont près de 200 pièces ethnographiques qui sont mises en regard de l’art moderne.

  • La magie des images. L’Afrique, l’Océanie et l’art moderne à la fondation Beyeler, du 25 janvier au 24 mars 2009

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  • Revoir Canova

    FORLI (Italie) – Antonio Canova est réapparu périodiquement ces dernières années. Ces rétrospectives ont été motivées par le bicentenaire de sa production d’inspiration napoléonienne et par la restauration de son sanctuaire à Possagno, en Vénétie. Voici une nouvelle occasion de retrouver le prince des sculpteurs, cette fois-ci dans une petite ville romagnole, connue pour avoir donné naissance à Melozzo da Forlì. Y réunir des œuvres majeures comme la Vénus Médicis des Offices, la Vénus italique de Palazzo Pitti ou des prêts de l’Ermitage n’est pas fortuit. C’est pour des amateurs de cette ville que Canova avait notamment créé Hébé (en 1817, pour la comtesse Guarini) ou la Danseuse avec le doigt au menton. Cette dernière avait disparu lors de l’assassinat de son commanditaire, le banquier Domenico Manzoni. Une mort violente qui fut un bien pour Forlì puisqu’elle lui valut une troisième œuvre de Canova, la stèle funéraire du banquier, conservée dans l’église de la Santissima Trinità.

  • Antonio Canova, l’ideale classico aux musées San Domenico, du 25 janvier au 21 juin 2009

    Le site web de l'exposition

  • Motherwell de papier

    LA LOUVIÈRE (Belgique) – C’est l’un des géants américains de l’après-guerre, notamment connu pour son immense cycle aux noirs de charbon sur la guerre d’Espagne. Parmi les expressionnistes abstraits, Robert Motherwell (1915-1991) fut sans doute celui qui produisit l’œuvre la plus abondante sur papier. S’il s’initia à la gravure dès 1947, à New York, chez Stanley William Hayter, ce n’est qu’en 1961 qu’il s’y consacre de façon systématique, accordant à cette technique autant d’attention qu’à la peinture. Le Centre de la Louvière expose une soixantaine de ses feuilles, souvent travaillées par thématiques (« Elégies », « Poet », « America-La France Variations »). Il y fait montre d’une inventivité débordante, mêlant par exemple gravure et collage, comme dans la série « Gauloises bleues ».

  • Robert Motherwell, l’œuvre gravé 1960-1989 au Centre de la gravure et de l’image imprimée, du 24 janvier au 19 avril 2009.

    Le Centre de la Gravure et de l'Image imprimée

  • VENTES

    Collage à gogo

    VENISE - A moins qu’il soit signé Max Ernst ou Prévert, un collage a peu de chances de faire des vagues en salle des ventes. C’est mal faire justice à une technique qui est un des fondements du surréalisme – elle met en pratique l’association d’idées - et qui a aidé à révolutionner la poésie moderne – que l’on pense aux Calligrames d’Apollinaire. Après les derniers feux du surréalisme, notamment illustrés par Georges Hugnet, les Italiens du mouvement Poesia visiva et les membres de Fluxus ont continué à développer le sillon. Sans risque de se ruiner (les estimations vont de quelques centaines d’euros à 8 000 euros pour une composition politique de Sarenco), les lots présentés dans cette vacation spécialisée permettent de redécouvrir des artistes inventifs et injustement négligés, comme Lamberto Pignotti, Luciano Ori, Ben Patterson ou Bernard Aubertin. Ils mêlent huile, photo, plumes, plantes et cartes postales pour transmettre des messages souvent subversifs ou contestataires : une forme de résistance à laquelle nous ne somme plus guère habitués…

  • Poesia visiva, Fluxus e dintorni chez Semenzato à Venise le 24 janvier 2009 à 11h.

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Stéphane Calais, La Pléiade, sérigraphies sur papier, 100 x 70 cm (chacune), série de 80 pièces, courtesy Espace Claude Berri

    Stéphane Calais : in memoriam Claude Berri

    Les hasards de l’actualité vont donner à l’inauguration de l’exposition de Stéphane Calais, samedi 24 janvier, la forme d’un hommage à Claude Berri. C’est en effet dans la galerie du producteur, réalisateur et collectionneur récemment disparu qu’elle se tient. Intronisé dans la cour des grands par sa sélection au prix Marcel Duchamp 2008, Calais aime se mesurer à différentes techniques. Il peut aussi bien privilégier le dessin pur (ses sérigraphies sur le thème de la Pléiade) ou la peinture sur toile dans des formats « archaïques » (le tondo ou l’ovale, apprécié à la Renaissance et par les maniéristes), que se lancer, laser en main, dans la découpe de formes florales en métal. Une installation sous forme de grands mobiles de macramé, plumes et ballons a pour effet de désorienter encore plus le visiteur dans un « univers » à plusieurs dimensions. Le titre, inspiré d’un célèbre libelle de l’architecte Adolf Loos (Crime et ornement) écrit il y a exactement cent ans, aide encore davantage à brouiller les pistes…

  • Ornements, crimes et délices de Stéphane Calais à l’Espace Claude Berri (4 rue Sainte Avoye, 75003 Paris, tél. : 01 44 54 88 50) jusqu’au 28 mars 2009.

  • LIVRES

    Une vie de singe

    « Arrête tes singeries ! » dit-on vulgairement en français. Au XVIIIe siècle, c’était le contraire, on en raffolait et plus d’un boudoir en a couvert ses murs. Il faut dire que la singerie était tout autre chose : un ensemble de peintures dans lesquelles le rôle habituel des hommes était tenu par les singes et les singesses (on ne disait pas guenon). Ce livre présente le plus bel ensemble rescapé, qui vient d’être restauré avec l’aide du World Monuments Fund. Il se trouve au château de Chantilly, divisé en deux appartements : une Grande Singerie et une Petite Singerie. On y voit l’animal le plus proche de l’homme sous les traits du savant, du maître d’école ou du sculpteur. Une mondaine en robe de mousseline retire ses mules rouges pour prendre son bain, une autre se fait limer les griffes devant son miroir. Un veneur présente le pied de la bête tuée à la chasse à courre, un coursier se dépêche avec son pli sous le bras. Ils nous ressemblent et nous font rire… La résurrection de ce cycle de Christophe Huet, réalisé entre 1735 et 1737, console en partie de la disparition du chef-d’œuvre du genre, réalisé par Watteau au château de la Muette.

  • Les Singeries, par Nicole Garnier-Pelle, éditions Nicolas Chaudun, 2008, 100 p., 15 €, ISBN : 978-2-35039-063-5

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  • BRÈVES

    BOLOGNE – Le salon d’art moderne et contemporain Arte Fiera tient sa 33e édition du 23 au 26 janvier 2009.

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    LOS ANGELES – Art LA 2009, le salon d’art contemporain de la ville californienne, se tient du 23 au 25 janvier 2009.

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    NEW YORK – Nouveau test pour le marché chez Christie’s le 28 janvier 2009 : cinq aquarelles de Turner (quatre paysages et un portrait de femme) sont proposées par les collectionneurs William et Eleanor Wood Prince, qui avaient déboursé en 2006 la somme record de 36 millons $ pour s’assurer un chef-d’œuvre du peintre, La Giudecca.

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    PARIS – Le musée d’Orsay a inauguré une salle consacrée aux œuvres données par Philippe Meyer (1925-2007) – des Bonnard, Cézanne et Manet. La contribution du mécène a également été essentielle pour l’acquisition du célèbre Talisman de Sérusier ou de l’Autoportrait au Christ jaune de Gauguin.

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    PARIS – Le rapport d’Hervé Lemoine, conservateur du patrimoine, sur un nouveau musée de l’Histoire de France, est mis en ligne sur le site du ministère de la Culture

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    PARIS – Le salon Museum Expressions, consacré aux produits dérivés des musées, se tient à Paris Expo, à la Porte de Versailles, les 22 et 23 janvier 2009.

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    VENISE – Le Centre d’art contemporain Punta della Dogana, dont des rumeurs annonçaient la mise en sommeil, ouvrira en même temps que la prochaine Biennale de Venise, le 6 juin 2009. Cet espace, dont l’architecture a été confiée à Tadao Ando, doit accueillir la collection François Pinault.

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