ArtAujourdhui.Hebdo
N° 131 - du 23 avril 2009 au 29 avril 2009
L'AIR DU TEMPS
Retour à Soweto
Alors que les projecteurs se braquent sur l’Afrique du Sud, qui a voté ce mercredi 22 pour élire son nouveau président, Jacob Zuma, comment se porte la scène artistique locale ? Si certains créateurs sont mondialement connus comme Marlene Dumas, William Kentridge ou le photographe Roger Ballen, les espoirs liés à la fin de l’apartheid n’ont pas tous été concrétisés. La Biennale d’art contemporain du Cap s’est éteinte en 1997, dès sa seconde édition et l’on ne trouve pas dans le pays de musée d’art contemporain à la hauteur de son poids politique et démographique (50 millions d’habitants). La nouveauté est peut-être là où on l’attend le moins. La ville de Soweto, symbole de la politique de répression, a créé l’un des musées les plus émouvants des dernières années. Consacré à l’insurrection étudiante de 1976, qui fit plus de 500 morts, dont le jeune étudiant Hector Pieterson (qui lui a donné son nom), il bénéficie de l’architecture efficace et dépouillée de l’agence Mashebane Rose. A quelques kilomètres de là, à l’entrée de la ville, le stade FCB sera le joyau de la prochaine coupe du monde de football. Demain, Soweto, but de pèlerinage architectural ? Dans un monde aussi changeant, tout est possible.
EXPOSITIONS
Gandhara, entre Alexandre et Bouddha
BONN – Si l’on dit Pakistan ou Afghanistan, on fait peur. Si l’on dit Gandhara, on pense à Alexandre le Grand et à la Route de la Soie. Le Gandhara est pourtant sur le territoire des deux Etats précités… L’exposition de Bonn fait revivre les cinq premiers siècles de notre ère dans cette région carrefour. Les 300 objets – sculptures, bas-reliefs, bijoux et monnaies – documentent un âge d’or, que confirme le rôle du Gandhara dans la diffusion du bouddhisme hors des frontières de l’Inde. L’une de ses manifestations les plus éclatantes a aujourd’hui disparu : les grands Bouddhas sculptés dans le rocher à Bamyan, pris pour cible par les talibans en 2001.
L’art contemporain en force
PARIS - Lors de la première édition, en 2006, il fallait prouver que l’art contemporain français, à peu près inaudible au plan international, était bien vivant. C’est sur un rythme triennal, pour rompre avec les sempiternelles biennales, que la Force de l’art, s’est inscrite dans le calendrier. Pour cette seconde livraison, sous les voûtes du Grand Palais, les trois commissaires (Froment, Jouannais, Ottinger) posent au fond la même question : comment exister alors que les grandes manifestations (Art Basel, Frieze, Biennale de Venise, Documenta) et les grandes ventes se tiennent pour l’essentiel à l’étranger ? Pour répondre, ils ont convoqué les noms les plus médiatisés de la scène hexagonale des jeunes générations – ceux qui, demain, remplaceront Buren, Lavier ou Boltanski. Voici donc réunis dans un même espace, ce qui n’est pas fréquent, Stéphane Calais et Fabrice Hyber, Didier Marcel et Philippe Mayaux. Le grand écart entre les toiles figuratives de Philippe Perrot et les installations de Kader Attia est inévitable. Mais plutôt encourageant si on le lit comme un indice de diversité culturelle…
Titus, père et fils
ROME – Titus a un bel arc de triomphe à Rome, qui lui fut offert pour la prise de Jérusalem et du trésor du Temple (une autre conséquence de sa campagne fut la Grande Diaspora juive). Deux mille ans après son court règne, une exposition évoque les trois Flaviens : Titus lui-même mais aussi son frère cadet Domitien, à la si mauvaise réputation, et, surtout, leur père Titus Vespasien, fondateur de la dynastie. Elle est organisée dans le lieu idéal – le Colisée qu’ils firent construire. A l’aide de fragments de colonnes, d’une grande carte en marbre de Rome, de statues et de bustes de personnages célèbres, ce cercle de conquérants et de courtisans est reconstitué. Une partie des pièces sont exposées sur le Forum, dans la Curie, qui rouvre pour l’occasion au public après une longue fermeture. En outre, un parcours extérieur distingue par une signalisation particulière les principaux monuments commandités par les Flaviens.
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VENTES
De Miró à Murakami
PARIS – Comme chez les grands auctioneers anglo-saxons, la maison Tajan présente une vacation d’art moderne et contemporain divisée en deux sessions : dans la journée les lots les plus accessibles, la veille au soir les pièces les plus convoitées donc les plus chères. Dans la première partie, le 28 avril à 19h30, limitée à une trentaine de lots, on verra plusieurs Riopelle, un Portrait d’Antonio Saura qui devrait dépasser les 100 000 euros, un Infinity Nets de Yayoi Kusama et un Time Points de James Rosenquist qui devraient flirter chacun avec les 300 000 euros. L’estimation la plus haute (plus de 500 000 euros) concerne des bronzes peints de Miró, Homme et femme dans la nuit. Dans la vente du lendemain, le choix est évidemment plus large, débutant à quelques centaines d’euros. Ainsi, une petite composition à l’encre de Chine de Mathieu est-elle estimée 800 euros. Elle voisine avec des toiles de Rebeyrolle ou Peter Klasen, des objets de Raoul Ubac, des mobiles de Martha Botho, des sérigraphies d’Alain Jacquet ou des lithographies de Murakami.
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
Pierre Ardouvin, La Chose, 2008, bâche, PVC, systèmes de soufflerie, timer, 6 x 3,20 x 3,50 m, coproduction Fondation d’entreprise Ricard et LIA-Centre d’art Bastille, courtesy galerie Cher Valentin, Paris.
Pierre Ardouvin : objets mode d’emploi
Il y a quelque chose de Magritte en lui. Se référer à d’hypothétiques filiations ne plaît pas toujours aux artistes mais comment réagir autrement face à cet univers mêlant l’absurde, le cocasse, le surréaliste ? Il ne s’agit pas seulement du goût pour les objets quotidiens, transformés, statufiés par un usage différent et délirant, du manteau à la brouette. Mais aussi du jeu sur les titres, qui sont autant de mini manifestes, de Love me tender (une auto-tamponneuse esseulée, évocation nostalgique des fêtes foraines d’autrefois) à Nasseville (quelques blocs de béton entourés d’un filet).
Amusant mais toujours un peu inquiétant, l’art d’Ardouvin accommode les débris de notre société de consommation dans une mise en scène étudiée – éclairage, estrades, fleurs en plastique - qui montre combien les rêves matérialistes vieillissent mal.
LIVRES
Renaissance et développement durable
La Renaissance marque l’irruption d’une nouvelle façon de voir le monde et cela n’est nulle part aussi notable qu’en peinture. Les compositions hiératiques, construites selon des canons intellectuels, cèdent la place à des œuvres nourries de l’observation de la nature. C’est ce passage que documente l’ouvrage de Nadeije Laneyrie-Dagen. En partant des éléments traditionnels – l’air, le feu, l’eau, la terre – elle montre pour chacun d’eux comment Giotto ou Roger van der Weyden ont infléchi la représentation du monde. On s’y attache donc à des choses très simples mais, au fond, très importantes : jets d’eau et éclaboussures, lumière des chandelles, texture de l’herbe ou de la mousse, forme des nuages. C’est en s’intéressant de si près à la forme des choses que les artistes auraient été les premiers à se rendre compte de la fragilité de la nature. Bosch et Mantegna, écologistes avant la lettre ?
BRÈVES
BRUXELLES – Le salon d’art contemporain Art Brussels tient sa 27e édition du 24 au 27 avril 2009 avec plus de 160 galeries internationales.
CHICAGO – Le Pritzker Prize, communément considéré comme le « prix Nobel de l’architecture » a été attribué au Suisse Peter Zumthor, notamment connu pour les thermes de Vals.
GENEVE - Le salon Europ'art'09, réunissant artistes indépendants et galeries, se tient du 22 au 26 avril 2009 au Palexpo.
LONDRES - La foire London Original Print Fair, spécialisée en estampes, se tient du 22 au 26 avril 2009 à la Royal Academy of Arts.
MEXICO - Le salon MACO d'art moderne et contemporain se tient du 23 au 26 avril 2009 au Centro Banamex.
RIO DE JANEIRO – L’année de la France au Brésil a été lancée le 21 avril et se poursuit jusqu'au 15 novembre 2009.
SAN FRANCISCO – Le photographe américain Robert Adams a obtenu le prix 2009 de la fondation Hasselblad.
SUR ARTAUJOURDHUI.INFO
Cette semaine, ne manquez pas
CHRISTIAN SORG - ŒUVRES RÉCENTES
SOISSONS - Né en 1941, Christian Sorg propose une peinture abstraite de paysages de France et d'Espagne, notamment d'Aragon où il passe plusieurs mois par an dans le village de Calaceite. L'Arsenal-musée de Soissons présente une sélection d'œuvres réalisées dans la dernière décennie.