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N° 140 - du 25 juin 2009 au 1 juillet 2009

L'AIR DU TEMPS

Mitterrand, l'autre

C’est en soi une véritable figure artistique : inviter à son gouvernement de droite un neveu de l’ancien président socialiste, qui se dit pourtant dépositaire de la mémoire de l’oncle. Sarkozy l’a fait : Frédéric Mitterrand est désormais en charge de la culture, pour la délectation des journaux anglo-saxons comme le Guardian qui voient dans la famille Mitterrand ce qui s’approche le plus d’une dynastie royale. Pour mener quelle politique ? Sur ce point, le nouveau ministre, qui quitte la direction de la Villa Médicis, s’est montré aussi sibyllin que son aïeul. On connaît son intérêt pour le livre et pour l’image animée – il a géré des cinémas à Paris, dont l’Entrepôt, animé des émissions de télévision et produit quelques films poétiques comme Lettres d’amour en Somalie. On est moins informé sur son programme en termes de défense du patrimoine, de promotion des arts de la scène ou de soutien aux arts plastiques. Ce n’est qu’une demi-surprise. On l’a remarqué depuis un moment : les buzz médiatiques permettent de pallier efficacement l’absence de projets concrets.

EXPOSITIONS

Peindre Céret

CÉRET - Certains lieux ont une aura particulière dans l’histoire de l’art moderne : l’Estaque, Giverny, Auvers-sur-Oise… Céret, petit village catalan, peut être admis dans le club. Avec son voisin Collioure, situé sur le littoral, il a en effet accueilli le gotha : Picasso, Braque et Gris, évidemment, mais aussi Kisling, Soutine, Picabia, Herbin, Masson, Maillol… Les locaux suivent ces pionniers avec intérêt : l’un des mécènes locaux sera Michel Aribaud, un marchand de vins, qui fera plus tard don de sa collection au musée. Celui-ci, en quelque 140 toiles, montre aujourd’hui combien les paysages, mêlant montagnes, cyprès, ponts, fontaines et couvents, ont été abondamment interprétés. Le fil ne s’est d’ailleurs pas rompu : aujourd’hui ce sont François Bioulès, Tàpies ou Tom Carr qui entretiennent la flamme.

  • Céret, un siècle de paysages au musée d’Art moderne, jusqu’au 31 octobre 2009.

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  • Ensor en Amérique

    NEW YORK – Les journaux américains font la liste des grandes expositions annulées ou reportées pour cause de récession. Le Los Angeles Times en comptabilisait huit rien que pour trois des grands musées de la métropole californienne. Heureusement, tous les plannings ne sont pas bouleversés. Ainsi, comme prévu, le corrosif James Ensor débarque au MoMA avant son étape automnale au musée d’Orsay. Pas d’Entrée du Christ à Bruxelles, son chef-d’œuvre (inamovible, de Los Angeles justement, où il est exposé au Getty Museum), mais une bonne série de masques, de têtes de mort, d’autoportraits, de bains de mer parmi les 120 pièces accrochées. L’accent est mis sur l’utilisation virtuose de la dérision pour faire une peinture au vitriol de la société belge (et européenne) de la fin du XIXe siècle, où la bourgeoisie s’affiche comme une obscène galerie de spectres.

  • Ensor au Museum of Modern Art du 28 juin au 21 septembre 2009.

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  • Miró dans un jardin français

    SAINT-PAUL-DE-VENCE - S’il est un lieu où une rétrospective Miró fait sens, c’est bien à la Fondation Maeght. Les rapports entre Miró et Aimé Maeght remontent à 1948 lorsque le galeriste rencontre l’artiste catalan chez Braque, à Varengeville, et l’incite à se lancer dans la gravure. Cette amitié durera toute leur vie : en 1979, quinze ans après l’inauguration de la Fondation, Miró lui fait don d’un ensemble significatif d’œuvres. Il connaissait bien le lieu pour y avoir créé un jardin de sculptures, le Labyrinthe Miró, toujours visible, qui mêle un Oiseau lunaire, un Lézard, une Femme à la chevelure défaite… L’abondante rétrospective – au total, plus de 250 pièces - rapproche les œuvres de la Fondation de celles du Centre Pompidou et d’autres collections.

  • Miró en son jardin à la Fondation Maeght, du 27 juin au 8 novembre 2009

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  • La rédaction d'Artaujourdhui vous conseille aussi…

  • Au musée des Beaux-Arts d’Orléans, qui possède un très beau fonds d’estampes Daumier et la caricature politique retrace 40 ans de création engagée de l’artiste. Du 26 juin au 27 septembre 2009

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  • Pour célébrer le centième anniversaire de sa naissance, Henri Cartier-Bresson, à vue d’œil se veut une promenade, sur les thèmes de Paris et de l’Europe, à travers les 320 clichés que la Maison européenne de la photographie conserve de l’artiste. Jusqu’au 30 août 2009

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  • Henri de Warocquier, sculpteur (1881-1970) offre à la Piscine de Roubaix une réhabilitation de l’œuvre de l’artiste, notamment connu pour ses décorations du Palais de Chaillot et ses visages sculptés aux traits tragiques. Jusqu’au 18 octobre 2009

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  • VENTES

    Magie des automates

    PARIS - Ce qui fait le charme de Drouot, ce ne sont pas les grandes ventes thématiques dans lesquelles sont passés maîtres les auctioneers anglo-saxons mais les ventes généralistes. Les amateurs peuvent y trouver des trésors et le dilettante y sera fasciné par l’infinie variété des lots. La vente Baille-Robert du juin en est un bon exemple. Voici coexister des plats en argent de Picasso, des tapisseries d’Aubusson, des boîtes à épingles, un casque en ivoire, une défense d’éléphant sculptée en forme de singe, des icônes russes, des tableaux naïfs de Fernand Boilauges, un beau Domergue (une Elégante au miroir), trois œuvres d’Edy-Legrand, le peintre orientaliste à la mode, des photographies érotiques de Pierre Molinier… Pour donner toute sa consistance à ce cabinet de curiosités, l’offre comprend aussi des automates des XIXe et XXe siècles, dont certains par Renou. Estimés entre 1000 et 3000 euros, certains sont en état de fonctionnement comme ce chasseur de papillon, ce fumeur de narguilé ou cet équilibriste aux yeux de porcelaine et aux habits de satin, qui multiplie les acrobaties au sommet de son échelle.

  • Tableaux, meubles, objets d’art à Richelieu-Drouot (SVV Robert-Baille) le 26 juin 2009 à 14h.

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Jean-Bernard Métais, Temps imparti/Eclipse, installation présentée au jardin des Plantes, à Paris, de 1999 à 2002.

    Jean-Bernard Métais : l’art de ville

    On se souvient de son gigantesque sablier aux 40 tonnes de sable, dressé pendant trois ans au Jardin des Plantes à l’occasion de l’éclipse solaire de 1999 : le temps y faisait office de grand sculpteur. Le matériau, en s’écoulant lentement, modelait des pyramides aléatoires. L’opération est renouvelée au Mans, sous l’appellation Temps imparti/Eclipse. Jean-Bernard Métais se sent particulièrement à l’aise dans la cité : c’est un artiste qui aime installer des signes forts sur la voirie, dans les parcs, au fil des fleuves. Valenciennes a ainsi été dotée d’une aiguille verticale de 45 mètres

    (qui rappelle la Needle de Ian Richie à Dublin) et Luxembourg d’un Passe-muraille, une résille de bronze qui a davantage d’yeux que le chien Argus : 8000 trous comme autant de bouches à lumière. L’eau, le sable, les vibrations mais aussi les mots : les œuvres de Métais sont des rébus ou des poésies plastiques. Prochaines étapes : une « onde de mots » à Londres et des « fluorescences » au Japon.

  • La sculpture Eclipse/Temps imparti a été inaugurée le 25 juin 2009 au Mans, dans le parc de Tessé.

    Le site de l'artiste

  • LIVRES

    Retour sur un pillage

    Une fois la France occupée, comment les Allemands ont-ils choisi les œuvres d’art à confisquer ? Pourquoi ont-elles transité par le Jeu de Paume ? Quel rôle la compagnie de transport Schenker a-t-elle joué dans leur envoi en Allemagne ? Cette mise à jour d’une étude devenue classique passe en revue quelques cas exemplaires comme ceux des collections Rothschild et Bernheim Jeune, ou des 333 œuvres du fonds Schloss, et montre que certains marchands, tel Paul Rosenberg, emploieront, après la Libération, des années à tenter de reconstituer leur patrimoine, sans y parvenir. Il montre aussi un autre aspect de ce grand pillage : tout n’a pas fini dans les coffres allemands, des galeristes actifs dans des pays au-dessus de tout soupçon, comme la Suisse, ayant pu faire de juteuses affaires, grâce à un arsenal législatif peu contraignant. L’Astronome de Vermeer, chéri par Hitler, le Lion au serpent de Delacroix, le Portrait de jeune fille de Cranach ne sont que quelques-uns des milliers de tableaux qui ont été soumis à cette ponction et dont l’histoire court en filigrane à travers toute l’enquête.

  • Le musée disparu, enquête sur le pillage d’œuvres d’art en France par les nazis par Hector Feliciano, Gallimard, 2009, 400 p., 32 €, ISBN : 978-2-07-076275.

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  • BRÈVES

    LE CAIRE – Zaha Hadid a remporté le projet d’un quartier de tours, Stone Towers, aux formes végétales stylisées.

    L’article sur Archdaily

    LEIPZIG – Le 3e Festival international de photographie de Leipzig se tient du 1er au 7 juillet 2009.

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    LONDRES – « Pop Will Eat Itself », inaugurée le 25 juin 2009 à Piccadilly Circus, est la première d’une série de commandes à des artistes contemporains destinée au métro londonien.

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    MELLE (Poitou-Charentes) – La 4e biennale internationale d’art contemporain de Melle se tient du 27 juin au 30 août 2009, sur le thème « Etre arbre être nature », avec des installations de 24 artistes français et étrangers.

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    PARIS – Lors de la vente du 17 juin 2009 à Drouot (SVV Mathias), le record pour un Penseur de Rodin a été battu, à 2,56 millions d’euros. C’est aussi la plus haute enchère de l’année à Drouot.

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    PARIS – L’hôtel Salomon de Rothschild, siège de la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, rouvre son jardin le 25 juin 2009, après un an de fermeture, avec une installation de Françoise Petrovitch.

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    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    DESTINATION NORMANDIE Deux siècles de tourisme

    CAEN - Le musée de Normandie montre comment la Normandie, à partir de la mode nouvelle des bains de mer, lancée en Angleterre au XVIIIe siècle, va connaître un développement touristique ininterrompu. Alimenté par le chemin de fer et par une abondante production éditoriale, il va produire une architecture éclectique, qui s'incarne dans les hôtels, les casinos et les villas.

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