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N° 155 - du 10 décembre 2009 au 16 décembre 2009

L'AIR DU TEMPS

Medellín, l’art contre la violence

Aller passer un week-end culturel dans le repaire des barons de la drogue, l’ancienne capitale de Pablo Escobar, voilà une idée qui ne nous viendrait pas spontanément… Pourtant, la ville colombienne qui défrayait la chronique sanglante à la fin du XXe siècle a connu une métamorphose grâce à une politique municipale audacieuse. De nombreux équipements publics de qualité, dessinés par de jeunes architectes comme Giancarlo Mazzanti, ont été construits en une décennie. Plutôt que d’en doter les quartiers riches, le choix, risqué, a été d’implanter ces bibliothèques, écoles et parcs scientifiques dans les zones les plus défavorisées. Le résultat ne s’est pas fait attendre : le tissu social a été « recousu » et le taux de criminalité a chuté de façon vertigineuse. Medellín semble désormais avoir pris goût à la culture. Le musée d’Art moderne vient d’inaugurer (le 7 novembre 2009) un deuxième espace dans un bâtiment industriel réhabilité, qui se veut cousin du Magasin de Grenoble ou des Abattoirs de Toulouse. Et annonce pour 2011 une nouvelle construction, peut-être confiée à une star internationale…

Le site du MAMM, musée d’Art moderne de Medellín

EXPOSITIONS

Catalans de toutes les époques…

BARCELONE – Pour fêter son 75e anniversaire, le Musée national d’art de Catalogne a choisi la voie du « best of ». Autant d’œuvres que d’années pour montrer ce que l’art catalan a produit de plus beau : c’est le principe de ce recensement, qui puise dans les collections locales et étrangères. Les plus éloignées ne sont pas toujours les plus ardues à solliciter. Ainsi, les véritables tours de force sont la présence de la célèbre Majesté de l’église romane de San Cristòfol de Beget, du Saint Charlemagne en albâtre, sculpté au XIVe siècle par Jaume Cascalls (prêté par la cathédrale de Girone) ou de la très sensuelle Lucrèce en marbre de Damià Campeny, qui orne le siège de la Chambre de commerce de Barcelone. De Paris, de Berne, de Montréal, sont arrivés des Picasso, des Miró, des Mariano Fortuny mais aussi des Hyacinthe Rigaud, des Maillol et des Torres-Garcia, sans doute pour contourner l’écueil d’une lecture trop étroite et patriotique du concept de Catalogne.…
Invitados de honor au Museu nacional d’art de Catalunya jusqu’au 11 avril 2010

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Giorgione chez lui

CASTELFRANCO VENETO – Paris nous offre actuellement un beau trio d’artistes vénitiens (Titien, Tintoret, Véronèse au Louvre). Il est parfois plus excitant d’aller les rencontrer chez eux. Ainsi le mystérieux Giorgione, cet autre rival de Titien dont on sait peu de chose si ce n’est qu’il est mort en 1510 dans la fleur de l’âge – de la peste ? d’un chagrin d’amour ? – est-il dignement commémoré chez lui. Castelfranco Veneto, qui s’enorgueillit de sa naissance, a restauré il y a peu sa maison natale. La petite ville réussit maintenant le tour de force d’y rassembler une centaine d’œuvres qui évoquent directement, ou par ricochet, la jeunesse de ce peintre amateur d’amour et de musique. Les Giorgione ne sont qu’en petit nombre mais il y a tout de même la célèbre Tempête de l’Accademia de Venise, l’Hommage à Saturne de la National Gallery de Londres ou la Vierge à l’Enfant de Saint-Pétersbourg. A côté, des Bellini, des Sebastiano del Piombo, des Vincenzo Catena, des dessins de Giulio Campagnola, des gravures de Dürer évoquent l’atmosphère profane des cercles érudits du début du XVIe siècle.
Giorgione au Museo Casa Giorgione, du 12 décembre 2009 au 11 avril 2010

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Les noires symphonies de Music

VENISE – Au côté de Primo Levi, c’est un témoin majeur de la Shoah : Zoran Music (1909-2005), né à Gorizia, dans la culture cosmopolite de l’empire austro-hongrois, s’est formé à Zagreb puis a voyagé en Espagne en 1935, où il a été marqué par Goya. La peinture noire a dû paraître bien peu de chose à qui a ensuite connu l’enfer de Dachau et en a rapporté des dessins bouleversants. L’exposition ne fait pas l’impasse sur les premières années de Music mais s’attarde davantage sur sa période finale, lorsque, installé entre Paris et Venise, il produit des personnages de plus en plus exsangues et dissous dans la brume, ainsi que des paysages qui sont des contrepoints rassurants face à la folie des hommes. Près de 80 œuvres, toiles et dessins, dont certaines jamais montrées, sont rassemblées dans le décor du Palazzo Franchetti, construit au XVe siècle et qui fut la propriété de l’archiduc d’Autriche puis du comte de Chambord.
Zoran Music, Estreme figure au Palazzo Franchetti du 3 décembre 2009 au 7 mars 2010.

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•A voir aussi : Zoran Music dans les collections publiques et privées slovènes à la galerie d’Art moderne de Ljubljana, jusqu’au 28 février 2010.

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

•Représentant éminent des Lumières en Allemagne, le peintre et homme de science Carl Gustav Carus était un ami de Humboldt et Goethe. L’exposition à la Alte Nationalgalerie de Berlin présente deux cents de ses dessins et tableaux. Jusqu’au 10 janvier 2010.

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•Dans Hollandais du Prado, le musée madrilène présente sa collection de peinture hollandaise, très peu présentée dans les salles permanentes et qui vient enfin de faire l’objet d’un catalogue complet. Jusqu’au 11 avril 2010.

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•Comment était-on jugé à Paris après la chute de l’Ancien Régime ? C’est la question abordée aux Archives nationales, à Paris, dans La Révolution à la poursuite du crime, à partir d’une centaine de pièces inédites. Jusqu’au 15 février 2010.

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VENTES

La charge des orientalistes

PARIS - Mi-décembre et mi-juin, ce sont les rendez-vous orientalistes de l’étude Gros et Delettrez, deux moments forts de l’année, où l’on a l’habitude d’établir certains records mondiaux. On l’a vu dans le passé pour Etienne Dinet (1,5 millions € pour la Palmeraie de Bou-Saada en juin 2007) ou Jacques Majorelle (650 000 € pour L’Aouache en décembre 2006, un score surpassé ensuite chez Christie’s). Cette année, les émirats traversant une crise financière plus aiguë qu’ailleurs, l’humeur risque d’être moins conquérante. Les estimations sont plus mesurées mais les mêmes noms réapparaissent : un Souk El-Khemis de Majorelle et une Lecture du Coran de Dinet sont estimés autour de 500 000 € chacun. On devrait atteindre un cran au-dessus avec un bel Etalon effrayé par deux lionnes de Géricault (800 000 €). Pontoy, Bridgman, Rochegrosse complètent la cohorte des « classiques ». Parmi les contemporains, Brenet, Busson, Ben-Salem, Laurioz peuvent être accessibles dès quelques centaines d’euros.
Orientalisme à Richelieu-Drouot les 14 et 15 décembre 2009 (SVV Gros-Delettrez)

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Bernard Moninot, La mémoire du vent, Éolethèque mondiale, 1999-2009. Projections lumineuses, vue d’ensemble, MAC/VAL, 2009. Avec l’aimable autorisation de la galerie Baudoin Lebon, Paris. Photo Jacques Faujour © Adagp, Paris 2009

Bernard Moninot : l’artiste aux semelles de vent

Faire dessiner le vent : c’est le projet de Bernard Moninot qui captive le plus facilement le spectateur. Pour le réaliser, l’artiste a conçu un dispositif simple. Il attache une tige aux branches qui s’agitent au souffle du mistral (ou du foehn ou du sirocco ou d’un vent encore plus exotique, selon l’endroit du monde où il se trouve) et les laisse s’exprimer sur du verre recouvert de noir de fumée. La tige zèbre le fond noir de courbes qui nous semblent aléatoires mais qui obéiraient en réalité à des logiques répétitives. Scannés puis projetés sur des murs, ces dessins sont une séduisante forme d’écriture automatique. Né en 1949, guidé par des poètes comme Michel Butor, l’artiste poursuit depuis des années un travail sur les reflets, les ombres portées, le jeu des miroirs et des loupes, faisant appel au soleil, aux éclairs et à l’impondérable (ainsi pour ses dessins « au marteau », qui catapultent de la limaille de fer).
Bernard Moninot est exposé au Macval de Vitry-sur-Seine jusqu’au 27 décembre 2009.

LIVRES

Max dans la France profonde

C’est l’un des artistes les plus cosmopolites du XXe siècle : né en Allemagne, amoureux d’une Espagnole (qui deviendra la célèbre Gala de Dali), d’une Anglaise (Leonora Carrington) et d’une Américaine (Peggy Guggenheim), dadaïste et surréaliste à Paris, naturalisé américain en 1948, Max Ernst revient en France en 1953. Avec sa nouvelle compagne, Dorothea Tanning, il s’installe à Huismes, en Touraine, dans le « jardin de la France ». Accompagnant une exposition au musée des Beaux-Arts de Tours, ce catalogue montre la vitalité créatrice des dernières années de l’artiste : les grandes sculptures en tuffeau très blanc, les frottages, les collages en relief et les liens étroits noués aussi bien avec ses collègues – Matta ou Calder, qui vit à Saché – qu’avec les édiles de la région, dont Michel Debré qui lui commande une fontaine pour Amboise.
Max Ernst, le Jardin de la France, ouvrage collectif, Silvana Editoriale, 2009, 212 p., 28 €, ISBN : 978-2-90333-118-4

L’exposition au musée des Beaux-Arts de Tours jusqu’au 18 janvier 2010

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BRÈVES

FLORENCE – La 7e édition de la Biennale d’art contemporain de Florence se tient jusqu’au 13 décembre 2009 à la Fortezza da Basso. Elle a Marina Abramovic et Shu Yong pour invités d’honneur.

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KIEV – L’homme d’affaires et collectionneur ukrainien Victor Pinchuk a annoncé la création d’un nouveau prix, le « Future Generation Art Prize », appelé à récompenser un artiste de moins de 35 ans, doté de 100 000 $. Il sera attribué pour la première fois en décembre 2010.

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LE CANNET – La création d’un musée Bonnard a été annoncée pour 2011 dans le village des Alpes-Maritimes où le peintre s’installa en 1922. La collection municipale, riche de 80 œuvres, sera augmentée de dépôts, prêts et dons, et installée dans une villa Belle Epoque, l’Hôtel Saint Vianney.

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LENS – Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a posé le 4 décembre 2009 la première pierre du Louvre Lens. Dessiné par l’agence Sanaa, il doit ouvrir en 2012.

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LONDRES – Le Turner Prize, prix le plus médiatisé d’art contemporain en Grande-Bretagne, a été attribué le 7 décembre à Richard Wright.

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LONDRES - Une Tête de muse par Raphaël a été vendue 29,1 millions £ (32,1 millions €) chez Christie's le 8 décembre 2009. C'est le record du monde pour une œuvre sur papier, toutes époques confondues.

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PADOUE - La chapelle de l’Arche de saint Antoine a rouvert le 3 décembre dans la basilique, après 20 mois de travaux de restauration, qui ont notamment concerné les bas-reliefs du XVIe siècle.

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Cette semaine, ne manquez pas

LA PLUIE. IMAGES, TEXTES ET MUSIQUES

ÉPINAL - Le Musée de l'Image rend hommage à un phénomène météorologique plein de poésie. Des représentations d'Hiroshige à celles de Caillebotte, jusqu'à Marcel Broodthaers ou au photographe contemporain Patrick Tosani, la pluie est capable de prendre maintes formes.

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POST MORTEM - Rites funéraires à Lugdunum

LYON - Le Musée gallo-romain restitue au public les progrès considérables accomplis depuis vingt ans dans la connaissance des rituels funéraires. Grâce aux fouilles d'archéologie préventive, on en sait beaucoup plus sur les cérémonies (inhumation, veillées, processions) et les objets. Des reconstitutions aident à mieux comprendre le rapport à la mort dans l'Antiquité romaine.

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