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N° 157 - du 7 janvier 2010 au 13 janvier 2010

L'AIR DU TEMPS

La folie des hauteurs

Altius : c’était, avec citius et fortius, l’un des trois axiomes du baron de Coubertin. Plus haut ! Après le coup d’arrêt imposé par l’attentat du 11-Septembre, la course vers les hauteurs semble avoir repris de plus belle en architecture. On a ainsi vu Madrid se doter, il y a dix jours, de son premier monument signé Santiago Calatrava : une colonne de 94 mètres, qui tourne sur son axe, au centre de la Plaza de Castilla. Encore plus fort, le Burj de Dubai a été inauguré le 4 janvier. Cette flèche de béton (plus de 300 000 m3) et d’acier de 160 étages, dessinée par l’agence SOM, spécialiste des gratte-ciels, abrite plus de mille appartements, des bureaux et un hôtel de luxe. Son achèvement met un peu de baume au cœur de l’émirat, qui se débat dans une crise financière profonde. La culture du record a été systématiquement entretenue : comme pour le Mont-Blanc au siècle passé, la hauteur finale du monument est demeurée inconnue jusqu’à la fin. 828 mètres : le précédent lauréat, la tour Taipei 101, a pris l’équivalent d’une tour Eiffel dans la vue…

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EXPOSITIONS

Quatre générations de Barbier-Mueller

GENÈVE – On les connaissait comme spécialistes des arts premiers, voire comme bibliophiles. Voici que les Barbier-Mueller présentent une autre facette de leur appétit pour les belles choses : les bijoux et les minéraux. Dans une dynastie marquée depuis un siècle par la « collectionnite », le patriarche, Joseph Mueller, est rejoint par l’arrière-petit-fils, Alexis Barbier-Mueller. Le premier avait acquis avant la Seconde Guerre mondiale certains des bijoux présentés (ornement d’oreille polynésien en dent de cachalot ou bracelet camerounais en ivoire), le dernier s’est lancé dans la minéralogie, rassemblant quartz, schiste, malachite, lapis-lazuli. « Bijoux de l’homme » et « bijoux de la Terre » sont confrontés dans une pratique de la « contamination » qui a fait ses preuves depuis les cabinets de curiosités et les surréalistes : les cristaux voisinent avec des pendentifs mayas, des colliers mésopotamiens et des parures tibétaines. •Bijoux de l’homme, bijoux de la Terre au musée Barbier-Mueller, jusqu’au 15 mai 2010.

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Doisneau revisité

PARIS – C’est l’un des photographes préférés des Français et son Baiser de l’Hôtel de Ville est depuis longtemps une icône. Robert Doisneau (1912-1994) est accueilli chez son contemporain, Henri Cartier-Bresson. Bien que beaucoup les séparât dans leur métier, ils étaient les meilleurs amis du monde. Le chantre des petites gens et de la banlieue : cette image qui colle à Doisneau n’est pas fausse mais elle a l’inconvénient de le statufier dans un imaginaire de guimauve… Les quelque cent images présentées, réalisées entre 1935 et 1966, montrent que l’homme à la vie moins lisse qu’il n’y paraît (il fut peintre en lettres, renvoyé des usines Renault pour absentéisme, fournisseur de faux papiers à la Résistance) a produit une œuvre tout aussi variée, mêlant la mode, le reportage et les portraits de célébrités.
Robert Doisneau, du métier à l’œuvre, à la fondation Cartier-Bresson, du 13 janvier au 18 avril 2010.

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Dubuffet grave

RUEIL-MALMAISON - De la Valse, lithographie en noir de 1944, à Libre cours, lithographie en couleurs de 1984, quarante ans ont passé, soit l’entière carrière artistique de Jean Dubuffet, qui débute lorsqu’il cède son négoce de vins en 1942 et s’achève à sa mort en 1985. Quarante ans de pratique de la gravure montrent l’intérêt qu’il portait au genre. Initié dans le célèbre atelier Mourlot, le néophyte invente vite de nouvelles techniques très personnelles pour fixer ses empreintes végétales, ses taches, ses personnages. Passant de la lithographie au « papier report » puis à la sérigraphie, Dubuffet se fait installer ses propres ateliers chez lui. L’exposition, fondée sur la collection de la fondation Dubuffet, présente plus d’une centaine d’estampes, dont certaines sont accompagnées de textes de poètes comme Francis Ponge ou Guillevic. •Jean Dubuffet, l’œuvre gravé, 1944-1984 à l’atelier Grognard jusqu’au 8 mars 2010

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VENTES

Drouot fait un bon surplace

PARIS - L’hôtel des ventes français a clos l’exercice 2009 avec un chiffre d’affaires de 410 millions d’euros, soit une quasi-stabilité par rapport aux 411 millions de 2008. En d’autres temps, la performance aurait été médiocre, elle est plutôt positive dans la situation actuelle. On n’a rien vu de comparable à la collection Lefèvre, dispersée en décembre 2007 par l’étude Aguttes, mais des ensembles cohérents, comme la collection Chouanard (6,5 millions d’euros chez Baron-Ribeyre), comprenant notamment deux bronzes de Rodin qui ont battu des records du monde (3 millions d’euros pour un Penseur). Parmi les huit enchères qui ont dépassé le million d’euros (elles étaient dix en 2008), on trouve aussi bien deux Basquiat et un Chagall qu’une commode XVIIIe ou un sceau chinois en néphrite. Preuve que l’institution parisienne reste remarquable pour sa variété et son volume d’objets mais qu’elle a toujours autant de mal à attirer des œuvres de très haute valeur. La mise en place en fin d’année d’un service d’enchères par internet, drouot.live, est présentée par la direction comme une modernisation significative pour tenir le rythme des autres auctioneers.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Personnes, 2010. Christian Boltanski dans le Grand Palais en juin 2009. Photo Didier Plowy – Tous droits réservés Monumenta 2010, ministère de la Culture et de la Communication.

Christian Boltanski écoute notre cœur

C’est l’un des « poids lourds » de la scène contemporaine française, qui n’en compte pas tant que cela… Un habitué de la commande publique et des biennales, que des rétrospectives ambitieuses (au Palais de Tokyo, à Beaubourg) et des reconnaissances internationales (le prix Praemium Imperiale en 2006) ont « starifié ». L’artiste, né en 1948, s’est longtemps penché sur sa propre histoire avant d’essayer de scruter l’innommable de la Shoah. Adepte des listes, des catalogues, des superpositions, il est aussi capable de la plus grande austérité. Son dernier opus consiste à constituer des « Archives du cœur » en enregistrant les battements de cœur de ses semblables. Un objectif démesuré, qui sera conservé dans un sanctuaire au Japon et qu’il met en scène, à une étape intermédiaire, dans une installation visuelle et sonore au Grand Palais.
Personnes au Grand Palais, dans le cadre de Monumenta, du 13 janvier au 21 février 2010

Le site de Monumenta

LIVRES

La vente de tous les records

On l’a baptisée «vente du siècle» pour ses résultats extravagants. La dispersion de la collection Yves Saint Laurent Pierre Bergé, ce fut, en février 2009, trois jours d’enchères dans un Grand Palais plein de personnalités, 733 lots, un chiffre d’affaires de 342 millions d’euros, et des coups d’éclat à foison : un Matisse (Les Coucous) à 36 millions d’euros, un bois de Brancusi à 29 millions d’euros, Belle haleine de Marcel Duchamp à 9 millions d’euros. Mais aussi les Enfants de Dreux, par Géricault, dont le Louvre ne voulut pas en son temps, à 9 millions d’euros, ou une Tête de rat, bronze Qing du XVIIIe siècle, s’envolant à 20 millions d’euros sous les coups de boutoir d’un patriote chinois, qui ne régla pas la note… Des prix qui semblent parfois insensés, uniquement mus par le fétichisme : comment une géode d’améthyste de 30 centimètres de côté peut-elle décemment dépasser les 30 000 euros ? Cette vente de tous les superlatifs méritait un album sur papier glacé retraçant aussi sa préhistoire, c’est-à-dire la vie des objets dans les appartements de la rue de Babylone et de la rue du Bac avant leur dispersion. L’un des aspects fascinants de cet ensemble unique est sa provenance : par l’intermédiaire de marchands comme Alain Tarica, les Kugel ou les Vallois, les duettistes ont tissé un lien remontant aux familles royales de France et d’Angleterre, aux Goncourt ou à Jacques Doucet.
La collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, la vente du siècle, sous la direction de Christiane de Nicolay-Mazery, Christie’s/Flammarion, 2009, 288 p., 85 €, ISBN : 978-2-08-122941-9

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BRÈVES

BOSTON – Selon une information relayée par le Washington Post, le Museum of Fine Arts aurait découvert dans ses réserves un tableau de Léonard de Vinci.

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BRUXELLES – Pour marquer son semestre de présidence de l’Union européenne, qui a commencé le 1er janvier 2010, l’Espagne a fait installer dans le hall du Conseil de l’Europe une sculpture monumentale de Rafael Canogar.

Une vidéo de RTVE sur la sculpture de Rafael Canogar

HARBIN – Le 26e festival de sculpture sur glace de Harbin (à 1000 km ou nord-est de Pékin) a ouvert le 5 janvier 2010.

Une sélection de photos sur le Huffington Post

OSLO – Le projet de nouveau musée Munch de l’architecte espagnol Juan Herreros, contesté par le directeur général du patrimoine de Norvège et par le président de l’Opéra (qui lui fait face), pourrait être modifié.

Une image du projet

PARIS – L’installation de Daniel Buren au Palais-Royal, les Deux Plateaux, qui avait provoqué la polémique lors de sa création en 1986, doit être « réinaugurée » le 8 janvier 2009, à l’issue de sa restauration.

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PARIS – Le musée du Luxembourg fermera pour une durée indéterminée à l’issue de l’exposition actuelle, consacrée à L.C. Tiffany, qui s’achève le 17 janvier 2009.

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Cette semaine, ne manquez pas

FRANÇOIS 1er ET SOLIMAN LE MAGNIFIQUE

ECOUEN - Au Musée national de la Renaissance, des objets exceptionnels (traités, lettres calligraphiées, armes, tableaux de batailles, objets d'orfèvrerie) retracent une entente a priori contre nature : celle qui rapprocha dans la première moitié du XVIe siècle le roi de France et le sultan ottoman.

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