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N° 158 - du 14 janvier 2010 au 20 janvier 2010

L'AIR DU TEMPS

Français, vos papiers !

En ces temps de repli identitaire, où le simple renouvellement d’un passeport français peut devenir un parcours du combattant - pour peu que l’on ait la malchance d’être né à l’étranger ou d’avoir quelque parent métèque, – l’exposition de la Salle Saint-Jean nous est comme une bouffée de fraîcheur. Consacrée à Izis, elle nous enseigne un fait curieux : des cinq photographes qui ont le mieux symbolisé l’école humaniste française (selon l’exposition du MoMA de NewYork en 1951), la moitié avaient des racines plutôt exotiques. Willi Ronis était le fils d’un Juif d’Odessa, Izis était lituanien et Brassaï hongrois. Si ces trois-là n’avaient pu pratiquer, les deux autres composants du quintette, Cartier-Bresson et Doisneau, auraient-il simplement été piqués du même aiguillon créatif ? Le plus drôle, c’est que ce sont ces sangs mêlés qui ont, mieux que les vieux Parisiens, capté l’essence de Paris – les amoureux, les manèges, les pigeons picorant sur le pavé, les péniches, les gosses dévalant les escaliers de Ménilmuche. Une énigme troublante…
Izis, le Paris des rêves est présenté du 20 janvier au 29 mai 2010 à la Salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville.

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EXPOSITIONS


Frida Kahlo La columna rota (The Broken Column), 1944 Oil on masonite, 39.8 x 30.5 cm © Collection Museo Dolores Olmedo, Xochimilco, México

Frida Kahlo en petit comité

BRUXELLES – Pendant sa courte vie, elle subit l’ombre imposante de son amant et mari, Diego Rivera, et dut lutter contre les séquelles d’un terrible accident de tramway. Aujourd’hui, c’est Rivera qui est au purgatoire et c’est elle, Frida Kahlo (1907-1954), qui est devenue une icône internationale, excitant les scénaristes de Hollywood. Une exposition de ses œuvres, aussi incomplète soit-elle, est certaine d’attirer les foules. C’est que l’on pressent à Bozar, où, pour le bicentenaire de l’indépendance du Mexique, on présente la collection privée du musée Dolores Olmedo : une vingtaine de toiles seulement, mais qui présentent l’avantage de couvrir l’essentiel de sa carrière, de 1927 à 1945, et la plupart des thématiques qu’elle a traitées (dont, évidemment, l’autoportrait). A l’heure où l’on ne cesse d’annoncer la découverte de faux Frida Kahlo, ce n’est pas si mal. Un ensemble de photographies restitue la célèbre Maison bleue de Coyacán, à Mexico, et son entourage, qui comprit du beau monde, de Trotski à Gisèle Freund.
Frida Kahlo y su mundo, à Bozar, du 16 janvier au 18 avril 2010

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•A voir aussi jusqu’au 27 mai 2010 : l’exposition Les femmes soldats à la Maison des Amériques latines (3 rue Cassette, 75006 Paris), qui présente une sélection des archives photographiques Casasola, parmi les plus complètes sur la révolution et les luttes sociales du début du XXe siècle au Mexique.

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Bronzino en papier

NEW YORK – C’est une première pour Bronzino (1503-1572). Le peintre maniériste, aux coloris métalliques, dont le Portrait d’Eleonore de Tolède constitue l’un des chefs-d’œuvre des Offices à Florence, n’avait jamais fait l’objet d’une rétrospective internationale. La faute est en partie lavée. En partie seulement car l’exposition qu’organise le Metropolitan Museum n’est consacrée qu’aux dessins de l’artiste, qu’elle a réussi à réunir dans leur quasi-totalité. Notoirement perfectionniste, Bronzino n’a laissé qu’une soixantaine de feuilles, qui permettent cependant de cerner le raffinement de son trait et l’étendue de ses sources d’inspiration, mythologiques et allégoriques. La Justice libérant l’Innocence, un dessin préparatoire à l’une des premières tapisseries produites par les ateliers des Médicis, est le clou de l’ensemble. Comme beaucoup des pièces exposées, cette composition élaborée n’a été que très rarement montrée au public.
Les dessins de Bronzino au Metropolitan Museum, du 20 janvier au 18 avril 2010.

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Claude Parent, l’architecture oblique

PARIS – Son nom a déserté depuis longtemps les néons de l’actualité mais son influence est durable, en particulier chez ses anciens disciples, dont le plus illustre est Jean Nouvel (à qui l’on doit la scénographie de l’exposition). Claude Parent (né en 1923) obtient une sorte de consécration officielle avec la rétrospective tardive que lui consacre la Cité de l’architecture. L’église Sainte-Bernadette à Nevers ou la Maison de l’Iran à la Cité universitaire de Paris sont des jalons de l’architecture moderne, qui n’ont pas emporté l’adhésion populaire mais qui ont marqué une génération de praticiens. Les grandes formes de béton dans lesquels il casait des maisons particulières ou, plus tard, des centres commerciaux lui ont valu le titre de pape de « l’architecture oblique ». L’homme, qui a également eu un rôle essentiel dans l'architecture des centrales nucélaires, reprendra du service pour l’occasion : il réalisera une fresque de 10 mètres de long sur la thématique urbaine.
Claude Parent, l’œuvre construite, l’œuvre graphique à la Cité de l’architecture, du 20 janvier au 2 mai 2010.

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VENTES

Prix plancher pour les sommets

PARIS – Vous cherchez une vue enneigée de Chamonix ? L’aiguille du Midi dans une lumière violette ? Les lignes dures de la Jungfrau, en blanc et noir ? La quatrième vacation de « Tableaux de montagne », chez Blanchet, fait partie de ces ventes thématiques qui ont le vent en poupe. Hormis quelques cas isolés, comme un paysage écossais de Gustave Doré (estimé 4000 €), une série de vues de villages alpins suisses par August Joseph Knip (1777-1847) ou de belles xylographies de Vallotton, les lots seront accessibles pour la plupart à des cotes mesurées. On obtiendra ainsi un joli Coucher de soleil sur Belledonne de Paul Berthier (fin du XIXe siècle) pour 200 ou 300 €, une petite aquarelle de Harpignies pour le même prix et des dessins de Samivel pour guère plus. Le moment est-il le bon ? En cette froide Europe du début de l’année, les acheteurs potentiels ne sont pas à court d’ambiances hivernales…
Tableaux de montagne à Drouot-Richelieu (SVV Blanchet et associés) le 15 janvier 2010

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Fred Wilson, Oto Benga, photo G.R. Christmas, © Fred Wilson, courtesy PaceWildenstein, New York

Fred Wilson : l’essence du noir et blanc

A voir de loin ses œuvres, on peut se méprendre : Fred Wilson n’est pas un sculpteur ou un fondeur doué. C’est un artiste conceptuel, passé maître dans l’installation politiquement incorrecte, avec un objectif essentiel : montrer, par le biais de l’allégorie et de l’ironie, la persistance du racisme. Pendant ses études, il fut le seul Noir de sa classe à l’université de New York, à Purchase. Agé de 56 ans, il est aujourd’hui connu et respecté dans le monde entier (il a été l’artiste du pavillon américain à la biennale de Venise 2003 et a été récemment élu au conseil d’administration du Whitney Museum) mais poursuit son travail de dénonciation. Combinant des objets trouvés, des tissus, des objets manufacturés symboliques (à Venise, il s’agissait de Maures en verre de Murano noir), des projections vidéo (Othello par exemple), il recompose un environnement visuel et sonore qui oblige à reconsidérer la relation entre Blancs et Noirs et, au-delà, entre toutes les races. •Fred Wilson est exposé à la galerie JGM (79 rue du Temple, 75003 Paris) du 15 janvier au 6 mars 2010

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LIVRES

Vu, une école de reportage

Il a marqué les années trente, suivant de près la montée du nazisme, le guerre d’Espagne, la passion pour le sport, les grandes aventures techniques et scientifiques (aviation, voiture, exploration). Dans une mise en page « coup de poing », il a eu recours aux meilleurs photographes (Germaine Krull, Eli Lotar, Robert Capa dont les fameuses photos sur le milicien mort au combat paraissent dans le numéro du 445 du 23 septembre 1936) et a sollicité les meilleures plumes (Colette, Philippe Soupault, André Maurois, Bertrand de Jouvenel). L’influence du magazine Vu, de Lucien Vogel, a été prépondérante dans l’évolution de la presse magazine. Et d’une audace prémonitoire qui frappe encore aujourd’hui : le 23 avril 1932, la couverture signée Maximilien Vox, qui cadre Hitler, est barrée d’un énorme « Tout est foutu ». Dans ce volume qui retrace toute l’histoire de Vu de 1928 à 1940, on regrette simplement que les fac-similés soient parfois trop petits pour être lus commodément et que la reproduction des articles de une ne soit pas systématique. La preuve que, soixante-dix ans plus tard, on est toujours alléché par les accroches…
Vu, le magazine photographique, par Michel Frizot et Cédric de Veigy, éditions de La Martinière, 2009, 65 €, ISBN : 978-2-7324-3751-4

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BRÈVES

HONG KONG – Le président de Christie’s Europe, François Curiel, cède son poste à de François de Ricqlès et prend la tête de Christie’s Asie.

L’article sur Libération

LONDRES – La London Art Fair réunit une centaine de galeries d’art moderne et contemporain du 13 au 17 janvier 2010 au Business Center d’Islington.

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LOS ANGELES – Le Getty Museum a annoncé le 7 janvier 2010 la démission de Michael Brand, directeur depuis décembre 2005.

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LOS ANGELES- Le marchand d’art new yorkais Jeffrey Deitch a été nommé au poste de directeur du MoCA (Museum of Contemporary Art), vacant depuis un an.

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MADRID – Dans un de ses déplacements d’œuvres les plus massifs, le musée d’Orsay prête près de cent tableaux à la fondation Mapfre pour une exposition sur l’impressionnisme du 15 janvier au 22 avril 2010.

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PARIS – Le musée du Louvre a battu un nouveau record de fréquentation en accueillant 8,5 millions de visiteurs en 2009.

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TUNIS – L’Institut des belles-lettres arabes a été victime d’un incendie dans la nuit du 5 au 6 janvier 2010, qui a causé la mort d’une personne et des dommages importants aux manuscrits et ouvrages précieux.

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