Accueil > ArtAujourd'hui Hebdo > N° 159 - du 21 janvier 2010 au 27 janvier 2010

ArtAujourdhui.Hebdo

N° 159 - du 21 janvier 2010 au 27 janvier 2010

L'AIR DU TEMPS

Seins interdits

Alors que le gouvernement canadien a autorisé - et même partiellement financé - l’installation à Vancouver, pour les Jeux olympiques d’hiver, d’une statue de hockeyeur nu, qui entend être une icône gay, le sheriff de Las Vegas a pris une tout autre position contre la nudité. Il a réussi à faire recouvrir – pour obscénité - les tétons apparents de deux femmes peintes sur une fresque. Pressentant que l’argument de la liberté d’expression artistique leur serait opposé, les édiles ont choisi une voie détournée. La peinture servant à signaler l’Erotic Heritage Museum, c’est en tant que panneau indicateur – lesquels sont soumis à un code sévère - qu’elle a été contrainte à plus de pudibonderie. Dans une ville où les divertissements n’ont pourtant rien d’ingénu et où les annonces en néon sont parfois d’une grande licence, il a dû sembler important aux autorités de maintenir au moins une apparence de moralité…

L’affaire de la fresque sur le Las Vegas Sun

EXPOSITIONS


David Chipperfield, Musée de la littérature moderne, Marbach am Neckar, Allemagne, © Christian Richters. Courtesy Design Museum, Londres, exposition Form Matters

Chipperfield, architecte du dépouillement

LONDRES – Derrière Richard Rogers et Norman Foster, une autre génération d’architectes britanniques fait doucement sa place au soleil. Parmi eux, David Chipperfield (né en 1953) occupe une place prééminente. Son austérité, qui va à l’encontre des tendances exubérantes d’un Frank Gehry ou d’une Zaha Hadid, s’est exprimé dans un grand nombre de typologies, que l’exposition fait revivre par le biais de photographies, films, dessins et maquettes. Chipperfield a redessiné le Neues Museum de Berlin et a conçu un musée de la Littérature, également en Allemagne (à

Marbach), osant remettre au goût du jour la colonnade classique si souvent dévoyée par les régimes autoritaires. Mais il prépare aussi une extension du cimetière de San Michele à Venise – comment agrandir une île ! -, une immense Cité de la justice à Barcelone ou une maison individuelle en Belgique, trouvant même du temps libre pour concevoir de la vaisselle et du mobilier.
David Chipperfield au Design Museum jusqu’au 31 janvier 2010

En savoir plus

Madeleine Vionnet, une star oubliée

PARIS – Elle fut en son temps plus célèbre que Chanel, employant dans son hôtel particulier du 50, avenue Montaigne jusqu’à un millier de petites mains. Aujourd’hui, le nom de Madeleine Vionnet (1876-1975) n’est plus guère connu que des historiens de la mode. Le musée des Arts décoratifs rend un juste hommage à celle qui, après avoir été simple lingère, fut pionnière dans l’abandon du corset, dans la coupe de biais, le drapé ou les motifs géométriques. Un quart de siècle de carrière est mis en scène par une autre grande dame, Andrée Putman. Cent trente modèles retracent ses révolutions de 1912, date à laquelle elle s’est enrichie d’expériences chez Jacques Doucet et les sœurs Callot, jusqu’à la fermeture de sa maison, au début de la Seconde Guerre mondiale.
Madeleine Vionnet, puriste de la mode aux Arts décoratifs jusqu’au 31 janvier 2010.

En savoir plus

Michel-Ange, un bâtisseur à Rome

ROME – «J’ai deux amours, Florence et Rome» aurait pu chanter Michel-Ange. Sa longue vie (1575-1564) a été à peu près également divisée entre sa Toscane natale et la cité papale, où il vécut de 1505 à 1516 et de 1534 jusqu’à sa mort, en 1564. Les musées du Capitole rassemblent les traces de son activité d’architecte à Rome. Une trentaine de dessins autographes ainsi que des gravures, des modèles en volume et des dessins d’autres artistes portent sur la basilique Saint-Pierre, le palais Farnèse ou la place du Capitole. L’intérêt de l’exposition est de montrer aussi l’aspect démesuré de ses projets tardifs. L’artiste, pourtant octogénaire et aux prises avec le chantier du Vatican, accepte de travailler sur l’église San Giovanni dei Fiorentini, la chapelle Sforza à Santa Maria Maggiore, la transformation du tepidarium des thermes de Dioclétien en basilique Santa Maria degli Angeli ou l’entrée monumentale de Porta Pia. Des projets qu’il ne pourra, malgré sa longévité, suivre jusqu’à leur terme et dont certains ne verront jamais le jour…
Michelangelo architetto a Roma aux Musei Capitolini jusqu’au 7 février 2010

En savoir plus

Artaujourdhui vous conseille aussi

• A la box de Bourges, Les artistes italiens au service de la propagande fasciste est une exposition de petite taille mais passionnante dans son contenu : à partir de quelques exemples, elle montre comment les dons d’œuvres italiennes aux musées français entre 1932 et 1936 ont servi la propagande mussolinienne. Du 21 janvier au 20 février 2010.

En savoir plus

•Dans Versailles photographié 1850-2010, présenté à la Galerie de pierre haute du château, des photographes de toutes époques, incluant Atget, Doisneau et Polidori, montrent l’évolution du domaine. Du 26 janvier au 25 avril 2010.

En savoir plus

Chris Ofili, l’un des principaux représentants du courant des Young British Artists, qui fit notamment scandale avec Vierge en bouse d’éléphant, est exposé à la Tate Britain de Londres. Du 27 janvier au 16 mai 2010.

En savoir plus

VENTES


Presse-papiers Clichy à fond vert translucide orné de bonbons polychromes organisés en trois cercles concentriques autour d'un bonbon central rouge, blanc et vert. Diam. 7,7 cm, haut. 4,7 cm. Estimation : 400-500 €. Courtesy Boisgirard.

Le grand retour de la boule de Clichy

Avant l’émergence de l’ordinateur, les civilisations du tout-papier avaient besoin d’un instrument simple : le presse-papiers. Tombé en désuétude, celui-ci alimente à présent notre moulin à nostalgie. Au XIXe siècle, un modèle s’impose : sphérique, en cristal, bourré d’inclusions appelées «millefiori» ou «bonbons anglais», voire agrémenté de figurines en céramique (c’est le «cristallo-cérame» ). Baccarat et Saint-Louis en produisent mais une nouvelle manufacture, celle de Clichy, connaîtra un succès étourdissant en quelques années, suscitant l’admiration lors de l’Exposition universelle de Crystal Palace en 1851. La vente Boisgirard propose ces jolies boules par dizaines, à estimations sages, à partir de 50 ou 100 euros (pour culminer à près de 2000 euros dans le cas des modèles les plus sophistiqués). Au siècle suivant, la technique connut une renaissance inattendue en Ecosse, dans le Pertshire, à l’initiative d’une lignée française, les Ysart. Ces boules modernes, encore plus économiques, sont également à l’affiche.
Verrerie, cristaux, presse-papiers, opalines à Richelieu-Drouot (SVV Boisgirard) le 25 janvier 2010 à 14h15.

En savoir plus

L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Dario Escobar, Kukulkan, 2009, pneus. Dimensions variables © Dario Escobar Photo. Charles Duprat. Courtesy the artist and kamel mennour, Paris

Dario Escobar : les pneus qui font la forêt

On l’avait remarqué cet été à la Biennale de Venise. Dans les salles de l’Arsenal, sa forêt fantastique réussissait à s’adapter aux grands espaces. Faite de lambeaux de pneus, elle faisait penser de loin à une jungle tropicale, de celles que l’artiste, guatémaltèque, a de plus en plus de mal à trouver dans son pays, soumis à une déforestation sauvage. Architecte de formation,Dario Escobar (né en 1971) se plaît à détourner ainsi des symboles de la société de consommation pour leur trouver d’autres usages. Sa démarche est du même ordre – symétrique - que celle de Wim Delvoye, qui fait des bétonneuses en bois précieux ou des bombonnes de gaz en porcelaine. Une raquette de ping pong se munit du cœur de Jésus et devient icône religieuse, un skate-board se fractionne comme un mille-pattes tandis que Nike, Adidas et McDonald’s deviennent des références obligées.
•Dario Escobar est exposé à la galerie Kamel Mennour (47, rue Saint-André-des-Arts, 75006) jusqu’au 23 janvier 2010.

En savoir plus

LIVRES

Staudenmeyer, météore du design

Un personnage attachant, à la vitalité débridée, capable de porter son intérêt dans d’innombrables directions : c’est ainsi qu’apparaît Pierre Staudenmeyer (1952-2007) dans le portrait qu’en tirent ceux qui l’ont connu. Son nom reste lié à la galerie Neotu, qui a marqué les décennies 80 et 90. Sous ce vocable d’apparence italienne se cachait en réalité un néologisme déguisé : néo-tout. On y faisait la synthèse des tendances en cours sur la planète design. Très porté vers les luminaires, les chaises ou les tapis, qu’il pouvait collectionner de façon boulimique, Staudenmayer a édité certains des plus grands noms de la discipline, de Martin Szekely à Christian Biecher ou Mattia Bonetti. L’ouvrage, foisonnant, à la maquette racée (une élégance dont on ne pouvait se priver), fait le lien entre ses différentes aventures (qui comprennent aussi les galeries RE et Mouvements modernes) et l’évolution du design français.
Les années Staudenmeyer, 25 ans de design en France, sous la direction de Chloé Braunstein-Kriegel, Norma éditions, 2009, 528 p., 50 €, ISBN : 978-2-9155-4225-7.

Consulter le site des éditions Norma

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

BRÈVES

BERLIN – L’échange Paris-Berlin de galeries d’art contemporain, qui se tient à Berlin jusqu’au 23 janvier 2010, se poursuit à Paris du 29 janvier au 6 février 2010.

En savoir plus

BRUXELLES – La 55e édition de la Brussels Antiques & Fine Arts Fair (BRAFA) réunit au centre Tour & Taxis une centaine de galeries du 22 au 31 janvier 2010.

En savoir plus

DUNDEE – Le Victoria & Albert Museum de Londres a lancé un concours d’architecture pour un futur centre d’exposition en Ecosse, qui devrait ouvrir en 2014.

L’article sur The Guardian

LONDRES - La Decorative Fair, consacrée au mobilier et aux textiles anciens, se tient à Battersea Park du 19 au 24 janvier 2010.

En savoir plus

NEW YORK – Selon la newsletter Crain’s, la Triennale de Milan, une institution du design italien depuis près d’un siècle, s’apprête à ouvrir un espace de près de 2000 m2 à l’emplacement de l’ancien Museum of Art and Design, sur le 53e Rue.

En savoir plus

PARIS – L’exposition « Shanghai 2010 » se tient au Carrousel du Louvre du 26 au 28 janvier 2010 et présente notamment une maquette géante (60 m2) de l’exposition universelle qui ouvre en mai 2010

En savoir plus

PARIS – Le salon Museum Expressions, consacré aux cadeaux culturels et aux objets dérivés, se tient le 21 janvier 2010 jusqu’à 19h au parc d’expositions de la Porte de Versailles.

En savoir plus

ROME – Une installation monumentale d’Enzo Cucchi, Costume Interiore, est inaugurée au MACRO (Musée d’art contemporain de Rome) le 23 janvier 2010.

En savoir plus