ArtAujourdhui.Hebdo
N° 163 - du 18 février 2010 au 24 février 2010
En 2007, la présentation au public de la momie de Toutankhamon (en anglais) © Mediascrape
L'AIR DU TEMPS
Toutankhamon, fils à papa
LE CAIRE – Les pharaons sont les champions toutes catégories des grandes expositions internationales. Le record de 1967 n’a pas été battu en France : plus d’un 1,2 million de visiteurs, dont le général de Gaulle, étaient venues admirer le trésor de Toutankhamon au Petit-Palais. Aussi attendait-on avec attention les révélations que devaient fournir, ce 17 février, les analyses ADN menées depuis plusieurs années par le service des Antiquités égyptiennes avec l’aide de National Geographic. Elles n’ont pas déçu : si Toutankhamon est bien le fils de son père Akhenaton, il n’est pas celui de sa mère présumée, la belle Néfertiti. C’est avec sa propre sœur, momie répondant aujourd’hui au nom de KV35YL, qu’Akhenaton aurait conçu son descendant en 1344 av. J.-C. Grâces soient rendues à cette origine sulfureuse ! Elle est l’ingrédient idéal pour consolider la cote d’amour du pharaon, mort du paludisme à l’âge de 19 ans et redécouvert par lord Carter en 1922. Par un heureux hasard du calendrier, une exposition (sponsorisée par National Geographic) présente actuellement les trésors de « King Tut » à l’Art Gallery of Ontario, à Toronto. Aucun souci pour ceux qui la rateraient : elle passera ensuite neuf mois à Times Square, à New York. Pharaons, planche à millions…
• Sur la revue JAMA (Journal of the American Medical Association) du 17 février 2010 l'article sur les pathologies de Toutankhamon.
EXPOSITIONS
ATTENTION! DERNIERS JOURS! JUSQU'AU 28 FEVRIER, NE MANQUEZ PAS... THE VALLEY, REMY MARLOT; trois séries photographiques et une vidéo, autour des thèmes du paysage et de la vallée, en résonance avec le lieu au MUSÉE DE L’ABBAYE à SAINT-CLAUDE. Lire l'article de L'Art Aujourd'hui
ET AUSSI... GENEVIÈVE ASSE; la recherche de pureté et de lumière de l’une des plus grandes artistes actuelles au MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE ROUEN. Lire l'article de L'Art Aujourd'hui.
SANS OUBLIER... CERDÀ ET LA BARCELONE DU FUTUR; une extension rationnelle de la ville qui reste un modèle du genre 150 ans après sa conception au CCCB à BARCELONE. Lire l'article de L'Art Aujourd'hui.
Michel Denancé@ RPBW
La leçon de Piano
BORDEAUX – C’est l’une des stars de l’architecture mondiale. Révélé en 1977 avec le Centre Pompidou (il avait alors 40 ans), Renzo Piano a construit partout, s’adaptant aussi bien à la dimension commémorative d’un centre Jean-Marie Tjibaou en Nouvelle-Calédonie (1998) qu’aux besoins d’un grand quotidien américain (la tour du New York Times en 2007). La rétrospective qui lui est consacrée présente quatorze projets marquants et montre que l’architecte n’a jamais fait l’économie d’une réflexion sur l’environnement et l’urbanisme (il a pratiqué l’habitat social mais s’est aussi penché sur la structure urbaine d’Otrante, ville historique du sud de l’Italie). Reprenant pour titre une œuvre de Boulez - Répons - l’exposition adopte le ton du dialogue en faisant intervenir des « témoins-clés » comme Marie-France Tjibaou ou sœur Brigitte, du monastère des Clarisses à Ronchamp.
•Renzo Piano Building Workshop. Répons à Arc en Rêve, du 18 février au 23 mai 2010.
Charley Toorop, Autoportrait, 1929, © ADAGP, Paris 2010 © Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam
Toorop, la fille
PARIS - On connaît mieux son père Jan Toorop – artiste symboliste – voire ses fils, peintre et cinéaste, Edgar et John Fernhout, qu’elle-même. Charley Toorop (1891-1955) montrera toute sa vie un attachement à la figure humaine qu’elle déclinera notamment sous la forme des scènes paysannes de Zélande, de l’autoportrait et du portrait de groupe. Dans ce dernier exercice, elle fait apparaître une bonne partie des avant-gardes culturelles qu’elle a fréquentées – Mondrian, Léger, Zadkine, l’architecte-designer Gerrit Rietveld ou le cinéaste Joris Ivens. Concluant son parcours personnel, qui passe par l’expressionnisme puis par la nouvelle objectivité, la dernière partie de l’exposition rassemble d’ailleurs des œuvres de ce cercle d’amis.
•Charley Toorop au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du 19 février au 9 mai 2010.
Munch privé
PARIS – On le connaît pour le Cri, un tableau que son destin agité (il a été victime d’un vol) a rendu encore plus célèbre. Mais l’œuvre du Norvégien Edvard Munch n’est pas tout entière contenue dans cette icône. Portraitiste capable d’explorer les tréfonds de l’âme humaine, Munch est un précurseur du fauvisme et de l’expressionnisme. C’est aussi un grand peintre de paysage, qui a été marqué par la nature de son pays et par son séjour sur la Côte d’Azur, et un graveur doué. La centaine de pièces présentées – une soixantaine de tableaux et une quarantaine de dessins et gravures - ont été rarement vues car elles proviennent de collections privées, notamment celle de Pérez Simón à Mexico, dont on pourra prochainement apprécier la richesse au musée Marmottan.
•Edvard Munch ou l’anti-Cri à la Pinacothèque de Paris, du 19 février au 18 juillet 2010.
Artaujourdhui vous conseille aussi
•La National Portrait Gallery, à Londres, consacre une rétrospective aux portraits du photographe Irving Penn (1917-2009) avec plus de 120 tirages, dont un grand nombre de « vintages ». Du 18 février au 6 juin 2010.
•La Fondation Juan March de Madrid dédie une exposition très complète (plus de 150 œuvres) à Wyndham Lewis (1882-1957), le plus célèbre des « vorticistes » anglais. Jusqu’au 16 mai 2010.
•Au Petit-Palais de Paris, Les débuts de la photographie sur papier en Italie présente 140 clichés des années 1846-1862. Du 18 février au 2 mai 2010.
VENTES
Yolande Fièvre, Assemblage signé, circa 1950, 23x16,5 cm, sous encadrement. Estimation : 1500 €. Courtesy Auction Art, Paris
Bric-à-brac surréaliste
PARIS - Le choix est pour le moins éclectique : des dessins au peigne de Yolande Fièvre, des lettres de Joë Bousquet et d’André Breton, des objets vaudous, des photographies de Doisneau et de Pierre Molinier, de l’art brut de Sanfourche et Van der Steen, des cailloux peints de Georges Hugnet, des cahiers du collège de pataphysique, un dessin de Gaston Chaissac sur papier journal (permettant encore de lire l’article sur les émouvantes obsèques à la Barre-de-Monts des époux Mandin « noyés accidentellement »)… L’ossature de cette vente est constituée par l’ancienne collection Anatole Jakovsky (1909-1988). Moldave d’origine, ami de Chaissac, pionnier de la reconnaissance de l’art naïf, passionné d’Alphonse Allais et de pipes, il fut un personnage aussi baroque que le contenu de cette vacation qui le remet sous le feu des projecteurs.
•Collection Anatole Jakovsky chez Auction Art Pierre Cardin Rémy Le Fur le 24 février 2010 à 14h15
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
Valerio Adami, Tenda contro tenda, 2002, crayon sur papier, 48 x 36 cm. Courtesy Galerie Daniel Templon, Paris. Crédit photographique : B.Huet/Tutti
Adami : du figuratif avant toute chose
Il n’a pas renié ses engagements. Dès 1964-65, Valerio Adami (né en 1935) faisait partie du fer de lance de la Figuration narrative, un mouvement lancé par le critique Gérard Gassiot-Talabot. Depuis, imperméable aux courants abstraits, il n’a cessé, avec Hervé Télémaque, Jan Voss ou Peter Klasen, d’explorer la forme humaine, devenant une valeur sûre de l’art actuel (un Middle Class Interior a atteint 110 000 euros chez Artcurial en avril 2009). Ses personnages aux contours nettement tracés présentent des analogies avec les saints des vitraux médiévaux autant qu’avec les héros de la ligne claire de la BD belge. Dans sa dernière exposition, à la galerie Templon, il présente le dessous des cartes : ses dessins préparatoires des trois dernières années qui montrent qu’avant d’aboutir à la toile immaculée, les repentirs sont nombreux.
•Valerio Adami est exposé à la galerie Daniel Templon (30 rue Beaubourg, 75003) jusqu’au 6 mars 2010.
LIVRES
Le cercle des tableaux disparus
Qu’ont en commun l’Odalisque à la culotte rouge de Matisse, la Nativité avec Saint Laurent du Caravage, le Concert de Vermeer ? Ce sont tous des chefs-d’œuvre volés et jamais retrouvés (respectivement au musée Sofia Imber de Caracas, à l’oratoire San Lorenzo de Palerme et au musée Stewart Gardner de Boston). Piochant dans un réservoir très étendu (même si les conventions internationales et la création de polices spécialisées tendent à faire baisser le taux de criminalité), l’auteur décrit ces disparitions souvent rocambolesques, dont certaines continuent de tenir sur le gril les enquêteurs et les simples amateurs. Qu’est donc devenu le Portrait du docteur Gachet, acheté à prix d’or par un milliardaire japonais en 1990 ? L’acheteur avait annoncé qu’il se ferait enterrer avec ce chef-d’œuvre de Van Gogh. L’homme est bien mort et le tableau n’a jamais été revu… Dommage que cet intéressant inventaire soit entaché d’une orthographe approximative (saint François d’Assises, odeur de souffre, Francesco Goya, chasse en émail). On a dû aussi voler le dictionnaire…
•Le musée invisible, les chefs-d'œuvre volés par Nathaniel Herzberg, éditions du Toucan, 2009, 208 p., 39,90 €.
BRÈVES
LONDRES – La London Art Fair, spécialisée en art contemporain, se tient du 19 au 23 février 2010.
MADRID - en même temps que les foires Arco et Art Madrid, qui ont ouvert le 17 février, le salon Just Madrid, qui accueuille 35 jeunes galeries, se tient jusqu'au 21 février 2010.
NEW YORK - Près de 1200 œuvres de la collection Polaroid, comprenant des photographies de Warhol et Ansel Adams, sont mises en vente les 21 et 22 février 2010 chez Sotheby's.
PARIS – Le trésor de Pouilly-sur-Meuse (orfèvrerie Renaissance), acquis par l’Etat en novembre 2009 chez Sotheby’s pour 1,4 million d’euros, a été officiellement présenté par le ministre de la Culture le 16 février dernier. Il doit être prochainement déposé au Musée lorrain de Nancy.
PARIS – Une installation de l’artiste chinoise Ko Siu Lan, qui consistait en bannières avec les mots Gagner Plus Travailler Moins, parodie d’un discours de Nicolas Sarkozy, a été censurée le 11 février 2010 par l’Ecole nationale des beaux-arts avant d’être réautorisée par le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
PESARO – Un tribunal a condamné le 11 février 2010 le Getty Museum à restituer à l’Italie le célèbre bronze de l’Athlète victorieux, attribué à Lysippe, pour avoir été acquis de façon illicite en 1977.