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N° 164 - du 25 février 2010 au 3 mars 2010


Caravaggio : un documentaire de Simon Schama pour la BBC (9'49") mêlant reconstitutions historiques, tableaux et paysages.

L'AIR DU TEMPS

100% Caravage

ROME – Certes, il n’y a pas la Nativité avec saint Laurent : cette œuvre mythique du Caravage a été volée le 17 octobre 1969 à Palerme. Pour le reste, les étiquettes indiquent Nancy, Kansas City, Berlin, Dublin, Saint-Pétersbourg : la rétrospective consacrée au maître du clair-obscur pour le 400e anniversaire de sa mort se veut exemplaire. Les chiffres semblent misérables quand on les compare aux méga-expositions qui attirent aujourd’hui les foules. Vingt-quatre tableaux seulement ! Mais il ne s’agit que d’originaux et Caravage n’en a guère laissé qu’une soixantaine. Et certaines présences sont inattendues : la Corbeille de fruits n’avait jamais quitté la Pinacoteca Ambrosiana de Milan en quatre siècles. Cette réunion est donc un tour de force et l’admirer se mérite : les queues s’annoncent démesurées. D’autant que certains tableaux, comme le rappelait avec humour le quotidien La Repubblica, s’apprêtent à jouer les divas capricieuses. Le Repos pendant la fuite en Egypte s’en ira le 22 mars, le Joueur de luth le 15 mai, trois Caravage florentins le 16 mai, la Conversion de Saül le 4 juin. Et la Flagellation n’arrivera que le 12 avril. Faites votre choix…
•Caravage aux Scuderie del Quirinale, du 20 février au 13 juin 2010.

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EXPOSITIONS


Cima da Conegliano, Sainte Hélène, Washington, National Gallery of Art, Samuel H. Kress Collection, Image courtesy of the Board of Trustees, National Gallery of Art, Washington

Le printemps de Cima

CONEGLIANO (Italie) - Né en 1459, mort en 1517, c’est l’exact contemporain de Léonard de Vinci. Pourtant, qui connaît vraiment Cima da Conegliano, l’une des grandes figures de la Renaissance ? Cinquante ans après la rétrospective marquante qui fut mise en scène à Trévise par l’architecte Carlo Scarpa, le peintre est remis à l’honneur, chez lui, au Palazzo Sarcinelli récemment restauré. « 67 000 kilomètres » annonce fièrement le communiqué de presse : c’est la distance totale parcourue par les œuvres en provenance des quatre coins du monde. On se veut ici didactique et exhaustif. Didactique : les premières salles présentent des peintures de paysage et l’on a accroché des photographies actuelles pour montrer comment la topographie a changé. Exhaustif : les Vierge à l’Enfant sont venues en force tout comme les Saint Jérôme. L’érudit traducteur de la Bible est présent en cinq versions. Et pour montrer l’éclectisme de l’artiste, capable de passer de retables religieux à de petites compositions allégoriques, on a aussi rassemblé une belle série de cassoni à motifs mythologiques.
•Cima da Conegliano au Palazzo Sarcinelli, du 26 février au 2 juin 2010

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Henry Moore, Reclining Figure, 1939, Detroit Institute of Arts © Reproduced by permission of The Henry Moore Foundation

Moore, les femmes, la guerre

LONDRES – Ce qui fut son « obsession fondamentale » sera présent en grand nombre : ces figures de femmes couchées aux formes généreuses, parfois accompagnées de leur enfant. En bois, en pierre, en bronze ou simplement dessinées : au total 150 œuvres recomposent la carrière de Henry Moore (1898-1986), l’artiste chéri des Britanniques. L’érotisme des années vingt et trente, notamment marqué par l’influence de la psychanalyse freudienne, se double d’un volet tout à fait différent. Ayant connu le front pendant la Première Guerre mondiale, ayant anticipé les souffrances de la Guerre civile espagnole, Moore a aussi vu de près les conséquences du Blitz à Londres en 1940. Ses dessins de réfugiés dans les tunnels du métro sont un véritable document d’histoire.
•Henry Moore à la Tate Britain, du 24 février au 8 août 2010.

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Claude Monet, Nymphéas, 1916-1919, huile sur toile, 200 x 180 cm, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle

Monet, abstrait

MADRID – C’est une belle entreprise qu’engagent le musée Thyssen-Bornemisza et la fondation Caja Madrid : montrer comment le roi des impressionnistes, Claude Monet, s’est aussi transmué en pionnier de l’abstraction. Négligé après sa mort (1926) - à l’époque, on recherche un art plus structuré, plus construit - il est redécouvert après la Seconde Guerre mondiale par les jeunes peintres américains, qui n’hésitent pas à faire le pèlerinage de Giverny. Ils trouvent dans sa touche, dans la dissolution de la matière qui marque sa dernière époque (celle des Nymphéas et du Pont japonais sans cesse remis sur le métier), un enseignement d’avant-garde. L’exposition juxtapose efficacement ses propres toiles (venues en grand nombre du musée Marmottan) avec celles de Pollock, de Clyfford Still, de Sam Francis ou de Riopelle. Ces paires nous aident à déceler un nouvel ingrédient dans l’expressionnisme abstrait mais aussi à voir d’un œil neuf le Monet octogénaire, plus révolutionnaire que jamais.
Monet y la abstracción au musée Thyssen-Bornemisza et à la fondation Caja Madrid, du 23 février au 30 mai 2010. L’exposition sera ensuite présentée au musée Marmottan, à Paris, du 16 juin au 26 septembre 2010.

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•Après avoir été montrée à Londres, l’exposition Turner et les maîtres, qui confronte le peintre anglais à ses influences – Rembrand, Titien ou Poussin - arrive au Grand Palais de Paris. Du 24 février au 25 mai 2010.

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•L’influence de la Renaissance sur Burne-Jones et Rossetti est étudiée dans I Preraffaelliti e il sogno del ‘400 italiano, présenté au Museo d’Arte de Ravenne. Du 28 février au 6 juin 2010. Puis à l’Ashmolean Museum d’Oxford du 15 septembre au 5 décembre 2010.

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•Le rapport de Matisse avec l’un de ses modèles préférés, Lydia Delectorskaïa, est étudié dans l’exposition Lydia D. au musée Matisse du Cateau-Cambrésis. Du 28 février au 30 mai 2010.

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VENTES

Chanel Années folles

PARIS – Plus de 800 lots signés Chanel : Cornette de Saint-Cyr aura besoin de deux vacations pour écouler ce stock important de la maison de la rue Cambon. Quelques dizaines d’euros pour des blouses, un survêtement en velours noir ou des mitaines en chevreau : c’est de l’authentique au prix du marché noir… On monte à 500 euros pour des broches en métal doré signées Robert Goossens ou pour un sac 255 en toile de lin matelassée. L’intérêt de la vente est de proposer quelques pièces aptes à attirer les collectionneurs aguerris comme ce tailleur en tweed chiné de 1961 (lot 160, 2000 euros), cette robe longue de 1935 (lot 411, 4500 euros), cet ensemble de croquis réalisés en 1932-33 (lot 458, 1000 euros) ou cette robe du soir 1925 (lot 505, 7000 euros).
Chanel à Drouot-Richelieu chez Cornette de Saint Cyr les 25 et 26 février 2010 à 14h

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Renaud Auguste-Dormeuil, The Day Before, Star System, Hiroshima, August 5, 1945,23:59, 2004, impression jet d'encre marouflée sur aluminium et encadrée, 170 x 150 cm Edition de 5 + 2 E.A, Courtesy in situ fabienne leclerc, Paris

Auguste-Dormeuil dans la nuit

Un ciel paisible avec des étoiles resplendissantes. La date ? Le 25 avril 1937. Et celui-ci, à peine différent, d’un noir tout aussi profond et impénétrable. Le 5 août 1945. Paix dans l’azur, semble-t-il. Mais pas sur Terre : ces images, de la série « The Day Before », à la symbolique forte, montrent la voûte étoilée la veille d’événements déchirants : le bombardement de Guernica, la bombe atomique sur Hiroshima. Renaud Auguste-Dormeuil montre que nos drames planétaires ne font pas de vague dans le firmament…Et que l’image est à la fois importante et dérisoire : dans «Fin de représentation», il s’était attaché à faire disparaître toute trace du passé d’une personne vivante. Dans «Hôtel des transmissions», il établissait le catalogue illustré des lieux qui feraient d’excellentes cibles de bombardement. Que voit-on vraiment ? Quelle lumière perçoivent nos yeux ? Dans son prochain projet, «Blackout», qui lui a récemment valu le prix Meurice d’art contemporain, il va faire disparaître une partie des lumières de Manhattan. Rendez-vous dans la nuit du 4 au 5 mars 2010 depuis la tour du New York Palace.
•Renaud Auguste-Dormeuil sera exposé à la galerie In Situ (6, rue du Pont-de-Lodi,75006), à partir du 18 mars 2010.

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LIVRES

Le roi Leo

Il a marqué le marché de l’art de l’après-guerre : le nom de Leo Castelli est indissociable d’artistes comme Barnett Newman, Richard Rauschenberg, Jasper Johns ou Richard Serra, qu’il diffusait à la tête d’une véritable franchise de succursales où firent leurs armes certains des grands galeristes actuels comme Larry Gagosian ou Jeffrey Deitch. Cette biographie se lit d’un trait tant le personnage est romanesque : Juif triestin, mauvais élève mais passionné de littérature, athlète consommé, il séduit Ileana Shapira, héritière d’une grand famille, belle comme un cœur, lors d’un stage aux Assicurazioni Generali à Bucarest dans les années trente. Sous le nom d’Ileana Sonnabend, elle sera une autre icône du marché de l’art international pendant plus d’un demi-siècle. Fonctionnaire de la Banque d’Italie, engagé dans l’armée américaine pendant la guerre, courtier en œuvres de Kandinsky, Leo Castelli ouvre enfin sa galerie à l’âge de 50 ans et règne depuis Manhattan comme un prince de la Renaissance, séduisant artistes, collectionneurs et un escadron de jolies femmes, jusqu’à son décès à 91 ans, en 1999 : un individu « bigger than life » comme disent les Américains.
Leo Castelli par Annie Cohen-Solal, Gallimard, 2010, 560 p., 33 € ISBN 978-2-07-077349-7

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BRÈVES

LIÈGE – La 7e Biennale de la photographie et des arts visuels, BIP2010, se tient du 28 février au 25 avril 2010 sur la thématique Out of Control.

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LONDRES - Le Département d'Etat a annoncé que la nouvelle ambassade des Etats-Unis au Royaume-Uni serait dessinée par l'agence Kieran Timberlake. Selon les indiscrétions, deux des jurés, Lord Palumbo et Lord Rogers, se seraient frontalement opposés à ce projet pour son esthétique de «blockhaus».

Une image du projet sur le New York Times

LONDRES – La ministre britannique de la Culture a temporairement interdit la sortie du tableau Saint Jean l’Evangéliste de Domenico Zampieri, dit Le Dominiquin. Estimé 10 millions €, il est mis en vente par la famille Christie, organisatrice du festival d’opéra de Glyndebourne.

Une reproduction sur culture24.org.uk

NEW YORK – La Biennale d’art américain du Whitney Museum ouvre le 25 février et se tient jusqu’au 30 mai 2010.

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NEW YORK - Le premier numéro du magazine Action Comics de 1937, dans lequel est apparu le héros Superman, a été adjugé 1 million $ le 23 février 2010 sur le site spécialisé comicconnect.com

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SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

Cette semaine, ne manquez pas

DE FRAGONARD À HUBERT ROBERT

BEAUVAIS – Le Musée départemental de l’Oise présente une sélection de chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle des musées d’Amiens. La fermeture, pour travaux, du musée de Picardie jusqu’en 2012, a permis le déplacement de toiles majeures de Fragonard, Boucher ou Nicolas Lancret.

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UN SCULPTEUR GEORGIEN : DJOTI BJALAVA

SOREZE - L'Abbaye-école fait découvrir, du 6 mars au 16 mai, l'œuvre d'un artiste atypique, Djoti Bjalava. Né en 1944, il fut gardien de moutons, comme Giotto, avant de devenir un sculpteur qui aime à se mesurer au monumental, dans la pierre et le marbre.

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