Accueil > ArtAujourd'hui Hebdo > N° 171 - du 15 avril 2010 au 21 avril 2010

ArtAujourdhui.Hebdo

N° 171 - du 15 avril 2010 au 21 avril 2010


Willy Ronis commente ses photos les plus célèbres dans une vidéo de 2005, tournée par l’AFP (M. Hospital et A. Benoit). A voir : exposition à la Monnaie de Paris à partir du 16 avril 2010.

L'AIR DU TEMPS

Les harengs de Léonard

On a tellement vu certains tableaux que l’on ne sait même plus les regarder. Tout le monde connaît la Cène de Léonard de Vinci, une fresque conservée (en très mauvais état) à Milan. Mais qui s’est amusé à l’observer en détail, à décrypter les habits, le mobilier, la vaisselle ? C’est un peu ce que s’est amusé à faire un groupe de chercheurs canadiens, de la faculté de théologie de l’université de Montréal. Ils ont fait la liste des courses, ont interprété la salière couchée et l’assiette vide devant Judas comme des symboles qui n’auraient pas déparé dans le Da Vinci Code. Les aliments sont encore plus dérangeants. Pourquoi mangea-t-on ce jour-là du poisson ? Parce que la plupart des apôtres étaient des pêcheurs du lac de Tibériade. Mais pourquoi des anguilles et/ou des harengs ? Encore une fois pour leur valeur symbolique : l’anguille est glissante, visqueuse. Mais le hareng aussi : à l’époque de Léonard, dans le nord de l’Italie, on donnait déjà à ce poisson le diminutif de renga, renégat. Comme quoi, un livre de cuisine aide parfois à comprendre la grande peinture mieux qu’un traité d’histoire de l’art…

En savoir plus

EXPOSITIONS


Giotto, cycle de la vie de Saint François, Le renoncement aux biens, basilique supérieure, Assise, © HAL9000 Srl Novara, Italy, www.haltadefinizione.com, Custodia Generale del Sacro Convento di San Francesco

Giotto en V.O.

ASSISE – Il y a 13 ans, un tremblement de terre causait des dommages irréparables au patrimoine culturel de l’Ombrie. Les fresques de la basilique d’Assise faisaient partie des victimes les plus illustres. La patience des restaurateurs a permis de récupérer des milliers de fragments et de recomposer une partie des peintures. L’exposition offre aux visiteurs le privilège de monter sur les échafaudages de la chapelle San Nicola, dans la basilique inférieure, pour voir de plus près la teneur de leur travail. La seconde partie de l’exposition nous transporte dans un monde virtuel : après avoir admiré, dans la basilique supérieure, les 28 scènes de la vie de Saint François dues à Giotto, des reconstitutions numériques, dans le palais récemment restauré du Monte Frumentario, en restituent les couleurs d’origine : un déluge de bleus et de rouges intenses, voire criards !
I colori di Giotto dans la basilique d’Assise et au Palazzo del Monte Frumentario, du 11 avril au 5 septembre 2010.

En savoir plus


Atelier de Bruxelles.Tenture La Tentation de saint Antoine. La Charrette de foin, d’après Jérôme Bosch. Or, argent, soie et laine. 2,98 x 3,68 m. © Patrimonio Nacional, Madrid.

Tapisseries des Habsbourg

PARIS – Plus d’un siècle qu’on ne les avait pas vues d’aussi près : les tapisseries des collections royales espagnoles avaient été présentées à Paris lors de l’Exposition universelle de 1900. Les voici qui reviennent au nombre d’une vingtaine pour marquer la présidence espagnole de l’Union européenne. Car, au fond, c’est bien l’Europe qu’elles célèbrent : commandées depuis Madrid par Charles-Quint ou Philippe II, dessinées par des artistes flamands (Jérôme Bosch) ou italiens (Jules Romain), tissées par des maîtres bruxellois, ces tentures continuaient ensuite leurs errances à travers la péninsule, de palais en palais. Tissées en fils de soie, de laine, d’or et d’argent, illustrant des épisodes édifiants de la mythologie, elles étaient alors aussi prisées que les bijoux et l’argenterie d’apparat.
Trésors de la Couronne d’Espagne, un âge d’or de la tapisserie flamande au Mobilier national, du 15 avril au 4 juillet 2010.

En savoir plus


Louise Abbéma (1853-1927), Dans les fleurs, huile sur toile, 227 x 152 cm, 1892, © Etampes, musée intercommunal

Femmes de salon

PARIS – On associe souvent les salons au siècle des Lumières. En réalité, le phénomène a perduré jusqu’au début du XXe siècle. Au temps de Proust, de Manet et de Gabriel Fauré, les plus fins esprits se réunissaient chez la princesse de Polignac ou chez Marguerite de Saint-Marceaux. Quatre de ces salons féminins des années 1875 à 1910 ont été ressuscités dans un lieu qui s’y prête parfaitement, le musée Marmottan, un hôtel particulier de la même époque. Si ces femmes de caractère savaient défendre et marquer leurs admirateurs – Proust s’inspirera largement de la faune qu’il fréquentait chez elles – elles surent aussi créer leur propre œuvre. C’est le cas de l’emblématique Madeleine Lemaire, qui fut une aquarelliste distinguée, décorée de la Légion d’honneur avant de sombrer dans l’oubli. La carrière de Rosa Bonheur ou de Berthe Morisot devait également tirer grand profit de ces réunions mondaines.
Femmes peintres et salons au temps de Proust au musée Marmottan Monnet du 15 avril au 6 juin 2010.

En savoir plus

•A voir aussi : Mrs Delany and her circle au Sir John Soane Museum de Londres (jusqu’au 1er mai 2010), sur une société de femmes artistes à la fin du XVIIIe siècle.

En savoir plus

Artaujourdhui vous conseille aussi…

•La très riche collection d’art islamique de l’Aga Khan va bientôt être exposée dans un musée dessiné par Fumihiko Maki, à Toronto. En attendant l’inauguration, prévue pour 2013, la Martin Gropius Bau de Berlin en présente quelques pièces majeures. Jusqu’au 6 juin 2010.

En savoir plus

•Peintre danois aux toiles lumineuses, célébré chez lui, Christen Kobke (1810-1848) bénéficie enfin d’une rétrospective à l’étranger, à la National Gallery de Londres. Jusqu’au 13 juin 2010.

En savoir plus

•Photographe aimé du grand public, comme Doisneau ou Boubat, l‘humaniste Willy Ronis, récemment disparu, fait l’objet d’une rétrospective à la Monnaie de Paris. Du 16 avril au 22 août 2010.

En savoir plus

VENTES


Lot n°403, stylet avec lequel se tua le député Girondin Dufriche- Valazé, 1793, estimation : 400-800 €. Courtesy Binoche Renaud Giquello, Paris

Médailles, épées, étendards…

PARIS - Les amateurs de décorations auront de quoi satisfaire leur passion : elles sont présentes en cascade, de la Légion d’honneur aux croix du Tonkin, du Mexique, du Tonkin, de Madagascar, du Dahomey, des Engagés volontaires mineurs dans la guerre de 1870 (à partir de 10 €, jusqu’à plus de 2000 € pour une plaque de chevalier de la Restauration). Dans cette avalanche de militaria, on découvre des choses touchantes comme ces miniatures sur ivoire de chirurgiens des armées ou d’officiers du train d’artillerie. Des papiers de toutes époques peuvent être abordés comme simple documentation historique ou comme un pan d’histoire à accrocher au mur – du « congé absolu » d’un mousquetaire du roi aux affiches de recrutement des régiments du Languedoc jusqu’à ce « tableau général des troupes françaises », manuscrit avec des vignettes aquarellées (lot 306, 200 €). Réalisé à la veille de la Révolution, le 1er août 1788, c’est l’un des derniers souvenirs de l’Ancien Régime. Encore plus troublant, ce stylet (lot 403, 400 €) avec lequel le député girondin Dufriche-Valazé se suicida le 30 octobre 1793 en apprenant sa condamnation à mort…
••Souvenirs militaires à Richelieu-Drouot (SVV Binoche-Renaud-Giquello) les 19 et 20 avril 2010.

En savoir plus

L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Shimabuku, Tomate et kaki, courtesy galerie Air de Paris, Paris.

Shimabuku face à la nature

Tout le monde a joué au jeu des sept erreurs : distinguer les légères variations entre deux images qui semblent identiques aide à meubler les longues soirées d’été… L’artiste japonais Shimabuku (né en 1969) s’offre les mêmes passe-temps. Mais avec une arrière-pensée beaucoup plus militante. Dans notre monde globalisé, il semble évident que la diversité est de plus en plus victime de la standardisation. Ce qui a commencé par affecter notre habillement, notre look, nos lectures, touche maintenant à la nature elle-même. Les tomates sont devenus des produits quasi industriels qui ont perdu leurs formes, leurs bigarrures en même temps que leur goût. Tout finit par se ressembler tellement que l’originalité tient désormais dans les qualités secondaires de l’objet. Comment distinguer une tomate d’une tomate, et bientôt, une tomate d’un kaki ? Trouver l’identité dans le détail : c’est la mission de Shimabuku.
••Shimabuku est exposé à la galerie Air de Paris (32 rue Louise Weiss, 75013 Paris), jusqu’au 30 avril 2010

En savoir plus

LIVRES

Van de Woestyne, une mystique flamande

Quand les peintres ont pris goût à travailler au contact de la nature, cela a donné naissance à plusieurs écoles, étalées sur un bon demi-siècle, dont Barbizon est emblématique. En Belgique, l’école de la Lys, plus tardive, marquée par le symbolisme, a été la principale. Parmi ce groupe de peintres installés en bord de rivière, Gustave Van de Woestyne est l’un des plus déroutants, tant son style a décrit des méandres au cours de sa vie (1881-1947), passant de compositions religieuses marquées par l’apport de Maurice Denis à des scènes paysannes, qui réactualisent Bruegel et Jérôme Bosch. Dans ses portraits d’hommes du monde ou de membres de sa famille, il se rapproche au contraire d’un courant néo-classique, tel qu’a pu le représenter Achille Funi en Italie à la même époque. Catalogue de l’exposition qui lui est actuellement consacrée au musée des Beaux-Arts de Gand, cet ouvrage décrypte son œuvre en suivant une trame chronologique, qui se prête bien à la présentation de ses engouements successifs.
Gustave Van de Woestyne, Robert Hoozee et Cathérine Verleysen, Fonds Mercator, 2010, 258 p., 44,95 €

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

BRÈVES

COLOGNE – La 44e édition du salon d’art moderne et contemporain Art Cologne se tient du 21 au 24 avril 2010, avec près de 180 galeries.

En savoir plus

MEXICO – Le salon d’art contemporain MACO se tient du 14 au 18 avril 2010.

En savoir plus

MILAN - Le Salon international du meuble se tient du 14 au 19 avril 2010.

En savoir plus

NANCY – La 16e Biennale de l’image de Nancy, qui associe jeunes créateurs et artistes affirmés, se tient du 17 avril au 4 mai 2010.

En savoir plus

PARIS – Le SLAM, salon international du livre ancien, et le salon de l’estampe, se tiennent en même temps au Grand Palais, du 16 au 18 avril 2010.

En savoir plus

SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

Cette semaine, ne manquez pas

ARAGON ET L'ART MODERNE

PARIS - L'Adresse Musée de la Poste présente le dlalogue fécond, sur plus d'un demi-siècle, entre Aragon et l'art contemporain. De Matisse à Pirosmani, de Chagall à Titus-Carmel, le fondateur du surréalisme a entretenu un lien particulier avec les créateurs de son temps.

En savoir plus

PAKISTAN - TERRE DE RENCONTRES

PARIS - Le musée Guimet présente 200 œuvres du royaume hellénistique du Gandhara, qui recouvrait les provinces du Nord-Ouest de l'actuel Pakistan. Il devait connaître son apogée entre le Ier et le IIIe siècle, au temps des successeurs d'Alexandre le Grand.

En savoir plus