ArtAujourdhui.Hebdo
N° 174 - du 6 mai 2010 au 12 mai 2010
Spécial élections en Grande-Bretagne : le jeune artiste gallois Nathan Wyburn peignant Gordon Brown sur des biscottes.
L'AIR DU TEMPS
Centre Pompidou bis
METZ - Un tiers de siècle après son ouverture, le Centre Pompidou, l’une des institutions culturelles les plus fréquentées de la planète (3,5 millions de visiteurs par an), se dédouble. Le siège parisien aura, à partir du 12 mai, un petit frère lorrain. Dessiné par l’architecte japonais Shigeru Ban sous la forme d’un original chapeau chinois, le Centre Pompidou Metz, sur ses 5000 m2 d’espaces d’exposition, est appelé accueillir, par rotation, une partie des collections parisiennes : Paris détient quelque 60 000 œuvres mais ne peut guère en présenter plus de mille simultanément. Le Centre Pompidou Metz n’a pas vocation à être un simple dépôt : il a aussi l’ambition d’être un lieu de création, avec des expositions originales. On suivra avec attention cette expérience inédite, mais appelée à se renouveler, de décentralisation d’un grand établissement culturel : on attend pour 2012 l’ouverture du Louvre Lens, autre clone d’excellence en province.
•Le Centre Pompidou Metz propose cinq journées « découverte » à partir 12 mai 2010, avec un week-end de fête les 15 et 16 mai. L’exposition d’ouverture, Chefs-d’œuvre, se tiendra du 12 mai au 25 octobre 2010.
EXPOSITIONS
Jean-Michel Basquiat, Untitled, 1982 Acrylique et pastel gras sur toile, 193 x 238,8 cm Collections privées / New York, Courtesy of Meridian Gallery © 2010, ProLitteris, Zurich
Basquiat à 50 ans
BÂLE – Sa mort juvénile lui a valu automatiquement le panthéon. Fils d’immigrés haïtiens, ami d’Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat est devenu l’emblème de l’art des années 1980, de ces « jeunes sauvages » qui fusionnaient de façon iconoclaste les maîtres du passé et le graffiti. Ses toiles valent aujourd’hui des fortunes (record à près de 10 millions d’euros en 2007 chez Sotheby’s New York) mais il n’en a guère profité, quittant ce monde en 1988 à l’âge de 27 ans. Basquiat aurait aujourd’hui 50 ans : un âge aussi impensable qu’il l’aurait été pour James Dean ou Keith Haring. A cette occasion, la Fondation Beyeler lui accorde une rétrospective de grande ampleur, mêlant les créations de sa courte vie d’artiste, commencée en fanfare avec sa participation à la Documenta de 1981 et achevée un jour d’overdose : une centaine de toiles provenant de musées et de collections privées, pleines d’énergie, de symboles et de couleurs.
•Basquiat à la fondation Beyeler du 9 mai au 5 septembre 2010.
Kader Attia, Untitled (Skyline), 2007 Courtesy : BALTIC Centre for Contemporary Art Courtesy Galerie Anne de Villepoix, Paris © Colin Davison
Des villes de rêve
PARIS – On allait autrefois au Louvre en famille, ou aux Offices, ou au jardin du Luxembourg, tout comme nos parents et nos grands-parents. En quelques années, les repères ont changé. L’irruption de parcs d’attractions, de musées insensés, d’Expositions internationales toujours plus fantasmagoriques, a modifié notre vision de la ville. C’est cette contagion du ludique et de l’exploit gratuit, décelable dès l’Exposition universelle de 1889 à Paris, avec la tour Eiffel, qu’étudie le Centre Pompidou dans sa nouvelle exposition au titre explicite : Dreamlands. « Fun Palace, « Learning from Las Vegas » ou « New York Délire » montrent que nos villes tentent de plus en plus de ressembler aux décors de cinéma de Hollywood et que l’activité de « copier-coller » n’est pas l’apanage des utilisateurs de traitement de texte : Dubaï est le symbole de ces nouvelles métropoles qui s’incarnent dans des patchworks multiculturels.
•Dreamlands au Centre Pompidou du 5 mai au 9 août 2010
Chine éternelle
PARIS – La Chine : comment échapper à son influence, aujourd’hui ? L’inauguration de l’Exposition universelle de Shanghai, la semaine dernière, a matérialisé, une fois de plus, l’irruption d’une nouvelle superpuissance de la culture. L’exposition de la fondation EDF délaisse le contemporain et choisit de se pencher sur le passé en accueillant une collection hors du commun. Rassemblée par François Dautresme, le fondateur de la Compagnie française de l’Orient de de la Chine, elle est le fruit de 35 ans de recherches à travers l’Empire du Milieu. « Labourer », « façonner », « vêtir », « soigner » sont les quatre thèmes qui ont guidé la sélection dans ce fonds de 10 000 objets célébrant la Chine rurale et immémoriale. Semoirs, vêtements en bambou, mannequins d’acupuncture ou éléments de pharmacopée montrent la persistance d’un lien à la terre, que les succès économiques fulgurants du pays n’ont pas oblitéré.
•Chine, célébration de la Terre à l’Espace Fondation EDF, du 7 mai au 19 septembre 2010.
VENTES
Fikret Moualla (1903-1967), Nu assis, 1944, crayon sur papier, signé en haut à droite, daté "XIII. Nov. MDCCCCXLIV" en bas au centre, 31 x 24 cm. Estimation : 400-600 €. Courtesy Tajan, Paris
Dessins pas chers…
Un crayonné de Julie Manet, fille de Berthe Morisot et nièce d’Edouard Manet, pour 150 €, ce n’est pas bien cher, même s’il ne s’agit que d’un document historique ou d’une pièce fétichiste : encore faudrait-il que l’estimation soit tenue… C’est ce que l’on pourra trouver dans la vente de dessins du 19 mai, à côté d’auteurs très accessibles comme la dynastie niçoise des Mossa (plaisantes vues de la Côte d’Azur et scènes de genre). On notera aussi une belle série de paysages aquarellés d’Alexandre Benois, l’un des décorateurs attitrés de Diaghilev pour ses Ballets russes, des fusains de Fautrier et quelques nus réalisés en 1944 par Fikret Moualla. Débourser quelque 500 ou 600 € pour un artiste au destin difficile (il fera plusieurs séjours à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne ; dépendant de l’alcool, il aurait, selon la légende, échangé un dessin donné par Picasso contre une semaine de tournées gratuites) et aujourd’hui considéré comme un « classique » de l’art turc du XXe siècle, ne semble pas démesuré.
•Dessins le 7 mai 2010 chez Tajan.
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
Marc Desgrandchamps, Sans titre (MD 1765), 2008, huile sur toile – 2 x 200 x 150 cm. Courtesy Jean-Louis Losi – Galerie Zürcher, Paris – New York
Desgrandchamps dans le bleu du monde
Remarqué lors d’une exposition en 1987 au Centre Pompidou, Marc Desgrandchamps (né en 1960) a ensuite connu une petite traversée du désert. Depuis quelques années, il s’est affirmé (si la cote aux enchères peut servir d’indicateur, elle dépasse 20 000 € de façon régulière depuis trois ans) sans qu’il ait changé fondamentalement le contenu de son travail : c’est le secret insondable de la fabrique à réputations… Car Desgrandchamps est resté fondamentalement fidèle à la représentation figurative – personnages, paysages urbains et chevaux, dont les contours sont gommés par des coulures – et à sa couleur fétiche, le bleu. Comme il l’a un jour expliqué à son interlocuteur, il a été marqué par la permanence de cette couleur – ce bleu du ciel, qui n’est pas forcément celui de Georges Bataille – même dans les images les plus tragiques – guerres ou massacres. Dans sa nouvelle exposition, les mouettes, les éoliennes, même les chevaux, perdent de leur réalité et s’interpénètrent. Un pas vers l’informel ?
•Marc Desgrandchamps est exposé à la galerie Zürcher (56, rue Chapon, 75003 Paris) jusqu’au 19 juin 2010.
LIVRES
Le tourbillon Wyndham
Cinquante ans qu’on l’attendait, cette rétrospective sur Wyndham Lewis (1882-1957). Et où notre attente est-elle comblée ? A Londres, à Toronto (où il passa la Seconde Guerre mondiale), en Nouvelle-Ecosse (où il est né) ? Non, à Madrid, à la fondation Juan March. Le catalogue qui accompagne le parcours chaotique du fondateur du vorticisme est à son image : foisonnant. Sous une couverture à la typographie épurée, on redonne sa place à un animateur de l’avant-garde européenne, premier peintre abstrait britannique, cousin des futuristes italiens et des rayonnistes russes. Ses attaques incessantes contre le groupe de Bloomsbury et son dérapage de 1931 (il signe un ouvrage, Hitler, où il se montre favorablement impressionné par le futur chancelier) lui vaudront un ostracisme prolongé, que ne compensera pas son anti-nazisme postérieur. A donc sombré dans un demi-oubli une extraordinaire créativité ici passée au peigne fin : sa période abstraite, sa revue manifeste Blast, « au rose violent », ses innombrables portraits, d’Ezra Pound à T.S. Eliot et Edith Sitwell, son travail de typographe et d’illustrateur (notamment pour Timon d’Athènes de Shakespeare), son œuvre notable d’écrivain, mêlant essais, romans et récits de voyage.
•Wyndham Lewis (1882-1957), sous la direction de Paul Edwards, éditions de la fondation Juan March (en anglais ou en espagnol), 2010, 400 p., 49,60 €.
• L’exposition Wyndham Lewis est présentée jusqu’au 16 mai 2010 à la fondation Juan March
BRÈVES
DAKAR – Dak’Art, biennale de l’art africain contemporain, se tient du 7 mai au 7 juin 2010.
LUXEMBOURG – Villa Vauban, le musée d’Art de Luxembourg, a rouvert le 1er mai 2010 après les travaux d’extension menés par l’architecte Philippe Schmit. L’exposition inaugurale est consacrée à la peinture hollandaise du Siècle d’or, provenant des collections de Villa Vauban et du Rijksmuseum.
MADRID – Le salon Madridfoto se tient du 12 au 16 mai au Palacio de Deportes.
MONTROUGE – Le 55e Salon d’art contemporain de Montrouge se tient à la Fabrique du 6 mai au 2 juin 2010.
NEW YORK - Nu au plateau de sculpteur, un tableau de 1932 par Picasso, est devenu l'œuvre d'art la plus chère jamais vendue aux enchères en étant adjugée pour 106,5 millions $ chez Christie's le 4 mai 2010.
PARIS - La Pinacothèque, l'un des espaces d'expositions temporaires les plus fréquentés (700 000 visiteurs pour L'âge d'or hollandais en 2009) a annoncé pour janvier 2011, sur 3000 m2, la création d'un "musée universel" réunissant environ 150 œuvres laissées en dépôt par des collectionneurs privés.
QUÉBEC – Manif d’Art, biennale d’art contemporain, se tient 5 du 1er mai au 13 juin 2010.
VIENNE – Viennafair, foire d’art contemporain spécialisée sur l’Europe centrale et orientale, tient sa 6e édition à Messe Wien, du 6 au 9 mai 2010.
SUR ARTAUJOURDHUI.INFO
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BRUSSELS CALLING!
BRUXELLES - Une ode contemporaine à la capitale belge, c'est ce que propose cette exposition : elle réunit des œuvres de dix artistes de toutes origines qui y ont trouvé des conditions idéales d'expression. Le commissaire et artiste lui-même, Berend Hoeskstra, n'a privilégié aucune thématique particulière, choisissant de se laisser guider par la subjectivité.