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N° 175 - du 13 mai 2010 au 19 mai 2010


Han van Meegeren (1889-1947), Souper à Emmaüs, 1937, huile sur toile, 118 x 130,5 cm, Collection Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam

L'AIR DU TEMPS

L’homme qui se prit pour Vermeer

ROTTERDAM - Les faussaires sont souvent des personnages rocambolesques, qui excitent l’imagination du public. En France, Fernand Legros fut une star et son procès, à la fin des années soixante-dix, fut un événement médiatique qui poussa Roger Peyrefitte à lui consacrer une biographie. Hergé le fit même apparaître dans son dernier volume inachevé, Tintin et l’Alph-art. Les Pays-Bas ont eu une créature tout aussi flamboyante, Han van Meegeren (1889-1947), mis à l’honneur à l’occasion de l’exposition le Jeune Vermeer au Mauritshuis (voir plus bas). Van Meegeren se spécialisa en copies de peintres hollandais, Hals, Ter Borch, et, évidemment, Vermeer. Pour le Souper à Emmaüs, son chef-d’œuvre, il poussa la « conscience professionnelle » jusqu’à réutiliser une toile authentique du XVIIe siècle. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on trouva ce « Vermeer » dans la collection de Hermann Goering et Van Meegeren fut condamné à mort pour avoir bradé le patrimoine national. Le seul moyen d’avoir la vie sauve fut de confesser qu’il ne s’agissait que d’une copie. Ironie de l’histoire, on eut bien du mal à le croire…
• ;Les faux Vermeer de Van Meegeren au musée Boijmans van Beuningen, du 12 mai au 22 août 2010.

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EXPOSITIONS


Jacobo Castellano, Serie Corrales. 2004. Nº 7 Photo couleur. Edition de 3+1 EA, 55 x 75 cm. Courtesy Bozar, Bruxelles.

Une autre Espagne

BRUXELLES – C’est à une exploration assez particulière de l’art contemporain espagnol qu’invite l’exposition « El Angel exterminador ». Le seul fait de se placer sous l’égide de Luis Buñuel, auteur du film du même nom, en dit long. Les commissaires ont voulu soumettre les artistes à un crible de lecture « schizophrène » - les placer face au dilemme de l’introspection ou de l’évasion, de la fermeture sur soi ou de l’ouverture sur les autres. Les vingt-six créateurs sélectionnés, utilisant tout l’éventail des techniques aujourd’hui à disposition – de la peinture à la vidéo, de la sculpture à la performance – tracent donc un portrait subtil de leur « particularisme » national, loin du cliché de pays solaire et exhibitionniste. Plutôt qu’à une évocation de la trilogie paella, corrida, flamenco, on a droit à des interrogations sur les réfugiés sahraouis, le rapport à la guerre et à la nourriture ou la philosophie de Wittgenstein.
El Angel exterminador, art contemporain espagnol à Bozar, jusqu’au 20 juin 2010.

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Henri IV, le roi star

CHANTILLY – C’est, comme vient de le rappeler le Figaro Magazine, qui lui a consacré sa couverture, le plus populaire de nos souverains. Malgré François Ier, malgré Louis XIV et Napoléon, il emporte systématiquement la palme : pourquoi Henri IV nous plaît-il tant ? Sans doute par ce mélange unique de libertinage (le Vert-Galant !), de scepticisme (« Paris vaut bien une messe ») et de populisme (la poule au pot). Parmi les expositions, qui coïncident avec le quatrième centenaire, le 14 mai 2010, de son assassinat par Ravaillac (qui a évidemment joué dans le développement son culte), celle de Chantilly met en avant son entourage. Famille, épouses, amantes, ministres sont mis côte à côte, aussi bien dans des représentations d’époque que postérieures, qui montrent comment le mythe s’est construit. Une section consacrée aux régicides permet d’en savoir plus sur Ravaillac, qui a bénéficié post-mortem de l’aura de sa victime. Ni Jacques Clément (contre Henri III) ni Damiens (qui s’attaqua à Louis XV) ne jouirent jamais de la même célébrité…
Henri IV au château de Chantilly, du 12 mai au 16 août 2010.

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• A voir aussi : Paris vaut bien une messe. Hommage des Médicis à Henri IV au château de Pau jusqu’au 30 juin 2010.

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Vermeer, Le Christ chez Marthe et Marie, huile sur toile, 1654-55, courtesy Mauritshuis, La Haye

Les souffrances du jeune Vermeer

LA HAYE – Consacrer une exposition au « jeune Vermeer » alors que pour la totalité de sa carrière, on ne connaît guère plus d’une trentaine d’œuvres ? Voilà un défi ! Comment s’y est donc pris le Mauritshuis pour évoquer la jeunesse du peintre de Delft ? Simplement en réunissant trois tableaux précoces, qui montrent qu’il était encore à la recherche de son style et des thématiques de la maturité. Il y a là une scène biblique, Le Christ chez Marthe et Marie (de la National Gallery of Scotland), une scène de genre (l’Entremetteuse de la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde) et une scène mythologique. Celle-ci provient de la collection du Mauritshuis, qui avait organisé en 1996 la plus importante rétrospective du peintre (23 tableaux !), et est probablement le premier tableau connu du peintre : il aurait réalisé Diane et ses nymphes vers 1653, à l’âge de 21 ans. Trois tableaux à savourer longuement car on ne les reverra pas de sitôt ensemble. Voilà qui suffira à motiver les passionnés, qui auront évidemment en « extension » la possibilité de revoir les deux autres, célébrissimes, Vermeer du musée : la Fille à la perle et la Vue de Delft qui fit mourir d’émotion un personnage de Proust.
Le jeune Vermeer au Mauritshuis du 12 mai au 22 août 2010

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

• Le sculpteur Duane Hanson (1925-1996), champion de l’hyperréalisme, est exposé au pavillon Paul Delouvrier de la Villette, avec 15 personnages grandeur nature. Jusqu’au 15 août 2010.

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• Les rapports féconds entre Rodin et les arts décoratifs – incluant des incursions dans la porcelaine ou les décors de théâtre - sont mis en avant par le musée Rodin. Jusqu’au 22 août 2010.

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• Le musée d’art de Vaduz, au Lichtenstein, présente une rétrospective de l’Arte povera en 130 œuvres, incluant les principaux représentants de ce mouvement, de Giovanni Anselmo à Gilberto Zorio. Jusqu’au 5 septembre 2010.

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VENTES


Acer palmatum, courtesy Artcurial.

Arbre, mon frère

PARIS - On sait depuis Le Nôtre que l’art et le jardinage peuvent parfaitement avoir partie liée. Si les jardins à la française sont un pan de notre patrimoine, pourquoi ne pas leur faire franchir le cap des enchères ? C’est ce que s’étaient dit les experts d’Artcurial avant la première vente de l’automne 2008. Sanctionnée par un intérêt réel, elle est donc reconduite : le 17 mai, ce sont des spécimens de l’arboriculture à la française, provenant d’un domaine renommé, la pépinière des Rochettes (dans le Maine-et-Loire), qui sont soumis à adjudication. Ces 150 sujets de haute bouture se négocieront à partir de quelques milliers d’euros comme pour ce rhododendron « souvenir de J. Broughton » ou cet acer palmatum « Fire Glow » de 35 ans d’âge (à partir de 4500 euros chacun). Plus l’essence grandit, vieillit ou se raréfie, plus les prix montent… Ainsi, un skimmia japonica de 50 ans pourrait atteindre 10 000 euros et l’on attend un record pour deux acer palmatum fort vénérables (ils ont 90 ans) : ils devraient dépasser le cap des 20 000 euros.
Arbres rares et de collection chez Artcurial le 17 mai 2010

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Ody Saban, Deux bustes immortels, 1991

L’appétit énorme d’Ody Saban

Elle est d’origine juive sépharade par sa mère, son père est un miniaturiste et musicien turc et elle a étudié dans une école française tenue par des sœurs. Pas étonnant, dans ces conditions, que l’œuvre d’Ody Saban tourne autour des thèmes de l’identité et de l’altérité, du voyage, de la coexistence entre les peuples. Très impliquée dans la vie de la cité, prenant la défense des squats artistiques, Ody Saban (née en 1953 à Istanbul) se caractérise par un art débordant de couleurs et de formes, auquel on trouve immanquablement une analogie avec l’art brut de Dubuffet ou de Boix-Vives. Cette exubérance, cette générosité se retrouvent dans la variété de ses modes d’expression – peinture à l’huile, dessin à la plume, aquarelle, et même vidéo et performance - dans une sorte de rage créatrice multiforme qui rejoint l’horror vacui des baroques.
•Ody Saban participe à Cop’Art, manifestation d’art contemporain qui organise jusqu’au 13 juin 2010 des « jumelages » entre artistes et entreprises locales dans la Meuse, au Centre social et culturel de Revigny.

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• A voir : visite des 16 expositions de la manifestation Cop’Art les 15 mai 2010. Départ de la mairie de Revigny-sur-Ornain à 10h (et à 15h le 12 juin).

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LIVRES

L’art aux jeunes

Donner le goût de l’art ancien ou contemporain aux jeunes, voilà une mission ardue en France, un pays qui - à la différence de l’Italie par exemple - ne possède pas d’enseignement artistique à l’école et au collège. Voici une tentative, richement illustrée mais qui ne cherche pas à s’affranchir inutilement des repères chronologiques. On part donc de l’art des cavernes pour arriver à Murakami en soixante leçons plaisantes, aux textes courts, portant alternativement sur un événement, un tableau, une école, un artiste… Comment préparait-on la peinture à l’huile ? Pourquoi la Ronde de nuit de Rembrandt est-elle en réalité une scène en plein jour ? Pourquoi Cézanne a-t-il dit « Je veux étonner Paris avec une pomme » ? Comment fonctionne le marché de l’art ? En bonus, on donnera à plancher sur la belle phrase de Picasso : « J’ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant »…
L’art, un parcours en 60 étapes, par Caroline Larroche, Gallimard, 2010, 96 p., 13,90 €

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BRÈVES

ATHÈNES – La 16e foire d’art contemporain Art Athina se tient du 13 au 16 mai 2010.

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CAEN – Le Mémorial de Caen a inauguré ses nouveaux parcours « Seconde Guerre mondiale » le 12 mai 2010.

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MODENE – Une étude réalisée sur un portrait de femme conservé à la Galleria Estense a permis de déterminer qu’il s’agissait d’une œuvre originale de Raphaël, fragment de la Sainte Famille conservée au Prado.

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PARIS – La 6e Nuit européenne des musées se tient dans la capitale, dans le reste de la France et d’autres pays européens le 15 mai 2010, avec ouverture nocturne des établissements.

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SÈTE – Le festival de photographie Images singulières se tient du 13 au 30 mai 2010.

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SYDNEY – La 17e Biennale d’art contemporain de Sydney se tient du 17 mai au 1er août 2010

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EN REGARDS Deux collections, une seule passion

BORDEAUX - Le musée des Beaux-Arts procède à une confrontation de son fonds avec les collections du FRAC (Fonds régional d'art contemporain). La mise en regard d'œuvres d'époques différentes - Van Goyen avec Bertille Bak ou Chardin avec Eric Poitevin - fait naître d'étranges correspondances.

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