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N° 177 - du 27 mai 2010 au 2 juin 2010


Musée Maxxi à Rome, architecte Zaha Hadid, photo Roland Halbe.

L'AIR DU TEMPS

Du nouveau à Rome

Pour une fois, Rome n’est pas à l’affiche pour l’archéologie, les pavements médiévaux ou le baroque. C’est un coup de tonnerre dans la capitale de l’art classique : deux nouvelles institutions entièrement consacrées à la création contemporaine y voient le jour, le MAXXI (musée du XXIe siècle) et le MACRO (musée d’Art contemporain de Rome). Pour démentir leur réputation de désorganisation, les édiles italiens ont réussi le tour de force de les inaugurer simultanément plutôt que de débuter leur carrière par des rivalités de vernissage. Les deux musées – qui sont en réalité des extensions d’institutions déjà existantes mais qui prennent aujourd’hui une tout autre dimension - sont des prouesses de « starchitects » : Zaha Hadid pour le MAXXI, Odile Decq pour le MACRO. Les collections permanentes, malgré les ambitions proclamées, étant encore embryonnaires, on les jugera d’abord sur leurs expositions temporaires, qui se veulent foisonnantes : cinq au MAXXI, dont une sur l’inclassable Gino De Dominicis (voir ci-dessous), et neuf au MACRO. Les agendas romains vont subitement s’alourdir…
•Le MAXXI et le MACRO ouvrent le 27 mai 2010.

Le site du MAXXI

EXPOSITIONS


Georges Dudognon, Greta Garbo au Club St-Germain, Paris vers 1950, tirage à la gélatine, 17.94 x 18.1 cm, San Francisco Museum of Modern Art, Members of Foto Forum, 2005.200. © Estate of Georges Dudognon. Courtesy Tate Modern, Londres.

Les dessous du voyeurisme

LONDRES – Etre photographié à son insu, cela ne prêtait pas vraiment à conséquence autrefois : on se souvient de cette photo où Aristide Briand, au milieu d’une réunion de cabinet, pointe le doigt, en souriant, vers le photographe Erich Salomon, ce « roi des indiscrets ». Aujourd’hui, la législation sur le droit à l’image s’est terriblement durcie, en même temps que les canaux et la vitesse de diffusion, notamment sur internet, ont connu une croissance exponentielle. La Tate Modern aborde ce sujet passionnant de la photo non autorisée en croisant les époques et les genres, des anonymes de 1900 à Brassaï, Guy Bourdin, Nan Goldin ou Harun Farocki. L’érotisme bourgeois des Années folles y cède peu à peu la place au culte des « people » et à des mécanismes de surveillance omniprésents, qui confirment l’avènement du Big Brother de George Orwell.
Exposed à la Tate Modern du 28 mai au 3 octobre 2010

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Alexandra Exter, Etude pour le costume de Salomeé, 1917, gouache, bronze et argent sur carton, 66,5 x 52,6 cm Musée d'Etat du théâtre A.A. Bakhrouchine, Moscou. Courtesy MMOMA, Moscou.

Exter tous azimuts

MOSCOU - Elle a peint, dessiné, laissé des manuscrits, conçu des décors de théâtre et de cinéma et même produit des costumes pour l’Armée rouge. Cette versatilité a nui à la réputation posthume d’Alexandra Exter (1884-1949), comme si elle s’était dispersée en trop de domaines. Elle a pourtant été l’une des grandes animatrices de l’avant-garde russe du début du XXe siècle, conceptrice du cubo-futurisme et passeur d’exception entre Moscou et la France, où elle résida beaucoup (elle y décéda à Fontenay-aux-Roses) et où elle eut pour amis Apollinaire ou Picasso. L’exposition est la première à lui rendre un hommage « transversal » (avec un accent particulier sur le volet théâtral) et l’entregent des organisateurs a permis d’obtenir des prêts de toute la Russie. On n’est sans doute pas près de revoir autant de pièces venus de Yaroslavl, Saratov, Astrakhan, Vologda ou Krasnodar…
Alexandra Exter au musée d’Art moderne du 29 mai au 22 août 2010.

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Gino De Dominicis, Senza titolo Silhouette, 1988-90, courtesy MAXXI, Rome

Gino tonique

ROME – Pour bien marquer son entrée dans le panorama de l’art moderne et contemporain, le MAXXI se devait d’avoir une exposition de référence. Parmi les cinq qui ouvrent ce 27 mai, c’est certainement celle dédiée à Gino De Dominicis (1947-1998) qui assumera ce statut. Conçue par Achille Bonito Oliva, « inventeur » du mouvement de la Transavanguardia, elle réunit près de 130 œuvres de cet artiste solitaire et polymorphe. Fusion improbable de Salinger, Dada et Duchamp, De Dominicis se fait remarquer par quelques installations scandaleuses dont les plus connues sont sa Mozzarella in carrozza, où l’humble fromage napolitain est placé dans un emballage en forme de carrosse, ou sa Seconda Soluzione d’Immortalità, où il expose un mongolien lors de la Biennale de Venise 1972. Capable de montrer des carrés invisibles (simplement dessinés au sol), ou d’annoncer sa mort avec quelques années d’avance, il cumule les approches de l’art conceptuel et du théâtre de l’absurde. Mêlant toutes ses « périodes », l’exposition comprend le gigantesque Aimant cosmique de 24 mètres de long.
Gino De Dominicis au Maxxi, du 27 mai au 7 novembre 2010.

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Le MoMU (musée de la Mode) d’Anvers étudie dans Noir la passion pour cette couleur dans le domaine textile. Jusqu’au 8 août 2010.

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A l’Albertina de Vienne, Axel Katz, artiste figuratif américain né en 1927, au trait net, est mis en avant à travers ses estampes. Du 28 mai au 19 septembre 2010.

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Le MoMA de New York dédie une rétrospective à Lee Bontecou (née en 1931), une exposante de l’abstraction du XXe siècle, marquée par Pollock et Rauschenberg. Jusqu’au 30 août 2010.

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VENTES

La bibliophilie par les fers

Des monogrammes couronnés à partir de 100 € : voilà une affaire pour ceux dont les initiales sont C.C., L.A. ou M.B. ou ! Et d’une qualité irréprochable puisque ces fers à dorer - en réalité en bronze à manche de bois - proviennent de l’atelier de René Simier (1772-1843) qui fut le relieur préféré de Napoléon, de Louix XVIII mais aussi d’amateurs fortunés de province. Ils servaient à frapper les maroquins de belles reliures du XIXe siècle. Ce fonds aujourd’hui mis en vente comprend des fers de couronnes comtales ou marquisales (pour ceux qui veulent se donner un vernis de noblesse à peu de frais) mais aussi des fers au chiffre de personnages connus, comme Louise d’Artois ou Marie-Caroline, duchesse de Berry, des fers héraldiques, ecclésiastiques, à fleurs de lys, à l’aigle américain, tous admirablement finis. Pour un chef-d’œuvre comme ce fer de majesté aux armes royales de Louis XV (lot 37), il faudra mettre beaucoup plus (estimation : 15 000 €). Quant à la superbe presse typographique à balancier de Pierre-Alexandre Gaveaux (lot 127), elle pourrait dépasser 100 000 €.
L’atelier Simier le 2 juin 2010 à Drouot-Montaigne (SVV Lafon-Castandet)

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Hamish Fulton, Chomolungma Tibetan flag, 2009, Giclée print, 50 x 62 cm. Courtesy Galerie Patricia Dorfmann et Romain Torri.

Les longues marches de Hamish Fulton

Il est au croisement de l’art conceptuel et du Land Art. Sa production entretient un lien particulier avec la nature et le paysage sans se laisser facilement classer dans les catégories habituelles du dessin, de la peinture, de la sculpture. A la base, l’acte artistique de Hamish Fulton (né en 1946 à Londres) est la marche, dans les lieux les plus divers de la planète, du Mont-Blanc au Tibet. Le seul fait de se déplacer constitue pour lui une œuvre, sans nécessité de transformer la nature qui l’entoure (ce qui caractérise davantage les représentants du Land Art). Cependant, pour transmettre au public le contenu ou plutôt la philosophie de ces « artistic walks » qu’il mène depuis bientôt un demi-siècle, Fulton déploie un dispositif complet comprenant photographies, carnets, esquisses, gouaches ou… simples mots.
•Hamish Fulton est présenté à la galerie Patricia Dorfmann (61, rue de la Verrerie, 75004 Paris) jusqu’au 26 juin 2010.

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LIVRES

L’impressionnisme au jour le jour

On connaissait le Roman vrai de la Ve République de Gilbert Guilleminault, voici celui de l’impressionnisme. L’idée n’est pas mauvaise : plutôt que de produire une énième histoire d’un mouvement aussi célèbre, il s’agit ici de s’immerger dans son quotidien. Quelques événements-clés sont mis en avant et décortiqués. Il y en a de fort attendus comme les différentes expositions du groupe, de la première en 1874, à la sixième, en 1881, où Degas présente sa scandaleuse Danseuse de 14 ans. Il y en a de plus obcurs comme cette vente impressionniste du 24 mars 1875 à Drouot, véritable four qui finit en bataille rangée mais voit naître la vocation d’un grand collectionneur, Victor Chocquet . Ou le krach du galeriste Durand-Ruel, victime collatérale de celui de la banque de l’Union générale, le 1er février 1882 - il s’en relèvera ! Aborder l’histoire par la bande est une bonne méthode pour ceux que rebute l’aspect trop massif et intimidant d’un mouvement autrefois subversif, aujourd’hui exagérément statufié.
Le roman vrai de l’impressionnisme, 30 journées qui ont changé l’art, par Thomas Schlesser et Bertrand Tillier, Beaux Arts éditions, 2010, 208 p., 23 €.

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BRÈVES

BRUXELLES – A l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance du Congo, le festival « Afrique visionnaire », comprenant un volet consacré aux arts visuels, se tient du 30 mai au 26 septembre 2010.

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BUENOS AIRES – Le Teatro Colón, joyau du patrimoine argentin et l’une des salles d’opéra les plus réputées pour son acoustique, a rouvert le 24 mai 2010 après dix ans de travaux.

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CHAUMONT – Le 21e festival de l’affiche et du graphisme se tient du 29 mai au 20 juin 2010.

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PARIS – La manifestation Nocturne Rive droite, avec ouverture des galeries d’art du quartier de l’Elysée jusqu’à 22 heures, se tient le 2 juin 2010. De leur côté, les 120 antiquaires du Carré Rive droite présentent des objets sélectionnés du 27 au 30 mai 2010.

Le site de la Nocturne Rive droite

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DE DEGAS À PICASSO Collection Jean Planque

SAINT-LOUIS - L’Espace d’Art Contemporain Fernet Branca invite à découvrir l'extraordinaire collection rassemblée par Jean Planque (1910-1988). Incluant Klee, Dubuffet et Auberjonois, les 130 œuvres présentées montrent la clairvoyance de celui qui fut le courtier de Beyeler.

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