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N° 179 - du 10 juin 2010 au 16 juin 2010


George Osodi, Oil Riche Delta Niger series, At the Border, 2007. Courtesy Bozar, Bruxelles.

L'AIR DU TEMPS

L’heure de l’Afrique

Le continent africain va être au cœur du système médiatique avec la Coupe du monde de football, qui commence le 11 juin. Va-t-on vraiment discuter de ses maux, de ses problèmes, de sa scène artistique ? C’est le souhait qu’il faut formuler. La concomitance de la compétition avec l’anniversaire des déclarations d’indépendance de 1960 fournit un excellent justificatif. Car que connaît-on de l’art africain ? Une poignée de noms - Chéri Samba, Malick Sidibé – ou de réalisations emblématiques – les têtes d’Ife, les masques Fang -, peut-être quelques sites – les ruines de Loropéni au Burkina-Faso ou le pays Dogon au Mali. Il est temps que cela change. Après la récente biennale de Dakar (achevée ce 7 juin), des expositions en cascade au British Museum, à Bozar à Bruxelles, au musée du quai Branly (le fleuve Congo, prochainement) devraient y contribuer. En espérant que l’intérêt ne soit pas qu’un feu de paille lié à l’actualité…

EXPOSITIONS


Masque Bamana, Mali, Collection MRAC Tervuren; photo J.-M. Vandyck, © MRAC Tervuren

Afrique d’hier et d’aujourd’hui

BRUXELLES – Au début du XXe siècle, l’art traditionnel africain avait noué un rapport privilégiée avec la création artistique contemporaine – comme le prouvent les cas de Picasso, Vlaminck ou Derain. C’est un peu cet exemple que suivent les organisateurs de Geo-graphics, qui ont voulu mettre en regard les plus belles pièces ethnographiques des collections belges (et notamment du musée de Tervuren, qui va bientôt connaître une mue profonde) avec la production actuelle. Les commissaires sont allés voir ce qui se faisait dans les centres d’art africains, de Doual’art au Cameroun à la Rotonde des arts d’Abidjan jusqu’à l’ICA de Lagos pour le confronter aux fétiches, sculptures zoomorphes et instruments de musique d’autrefois. L’ensemble est mis en scène par David Ajaye, l’une des étoiles montantes de l’architecture britannique, à qui Barack Obama a commandé le prochain musée de la Culture afro-américaine à Washington.
Geo-Graphics à Bozar du 9 juin au 26 septembre 2010

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Thomas Rowlandson, A French Dentist Shewing a Specimen of his Artificial Teeth and False Palates, 1811 gravure avec rehauts d'aquarellle. Courtesy Andrew Edmunds

Rire à l’anglaise

LONDRES – Nul doute que l’humour britannique est considéré comme l’un des plus sophistiqués. Nous avons tous en mémoire un film des Monty Python, une planche de Punch ou une caricature de Ronald Searle. L’exposition de la Tate Britain aurait pu se borner à rassembler les classiques du genre. Elle va plus loin en cherchant les racines du « British sense of humour » jusqu’au XVIIe siècle, en incluant la sculpture et la peinture dans cette rétrospective, et en demandant aux meilleurs exposants actuels du genre d’en gérer la scénographie (le comédien Harry Hill, la revue Viz). Le parcours rassemble donc Hogarth et ses célèbres gravures, Rowlandson, Gillray, qui firent leurs délices de la France napoléonienne, Edward Lear, roi du nonsense, jusqu’aux écoles actuelles, qui n’hésitent pas à verser dans le genre « bawdy » ou grivois.
Rude Britannia: British Comic Art à la Tate Britain du 9 juin au 5 septembre 2010

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Coiffes d’ailleurs

PARIS – Antoine de Galbert, à l’origine de la fondation Maison rouge, dédiée à l’art contemporain, fait cette fois-ci un « voyage dans sa tête » en exposant sa collection de parures ethniques. La scénographie minimaliste tente de briser la distance qui s’instaure généralement dans les musées pour ce genre de présentations : les coiffes sont posées sur des tables métalliques, sans vitrine. Riches en coquillages, plumes, perles, écailles de crocodiles, poils ou cornes, ces spectaculaires couvre-chefs, collectionnés depuis une quinzaine d’années, proviennent aussi bien d’Asie que d’Amérique ou d’Océanie. Certaines contrées que l’on n’associe pas forcément à ce type d’art sont présentes, comme le Paraguay ou la Sibérie, et des prêts du musée du quai Branly aident à composer le musée « imaginaire » ou idéal du collectionneur.
Voyage dans ma tête du 12 juin au 26 septembre 2010

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Le Kunstmuseum de Bâle consacre une rétrospective à l’artiste mexicain Gabriel Orozco, notamment connu pour sa Citroën DS « customisée ».Jusqu'au 8 août 2010.

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Comment nous apparaissaient les cultures exotiques présentées dans les Expositions universelles ? C’est ce qu’étudient les Archives nationales, à Paris, dans Exotiques expositions. Jusqu'au 28 juin 2010.

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A Paris, la Cité de l’architecture montre l’effervescence de la discipline dans l’exposition des lauréats des AJAP (Albums des jeunes architectes et paysagistes). Du 11 juin au 5 septembre 2010.

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VENTES

Jacques Kerchache, une vie de passions

PARIS - Jacques Kerchache (1942-2001), explorateur curieux des civilisations extra-européennes, galeriste prodige (il ouvre son premier espace à l’âge de 16 ans) est l’un des inspirateurs du musée du quai Branly. Dix ans après sa mort, sa collection passe aux enchères. L’événement promet d’être notable : deux jours de ventes et un catalogue volumineux de plus de 400 pages. On y trouve évidemment du très bel « art premier » : un coffre batak d’Indonésie, des spatules à bétel et à chaux, un couteau lapon, un poteau funéraire d’Ethiopie, des têtes réduites jivaros, des sceptres, des leurres de chasse… Et des statuettes africaines dont certaines très chères : le fétiche Nsapo du Congo (lot 344, estimé à plus de 50 000 €), la statue hemba du Congo (lot 340, 500 000 €) ou encore le roi Tshokwe jouant de la Sanza (Angola, lot 289, 1 million €). Dans une ambiance très « cabinet de curiosités », des planches de papillons, un porte-montre en forme de squelette, une dent de narval et une sculpture en racines de bambou ne déparent pas. L’amitié de Jacques Kerchache avec les artistes contemporains est illustrée par des œuvres de Sam Szafran et Paul Rebeyrolle.
•Collection Anne et Jacques Kerchache, les 12 et 13 juin 2010 à Drouot-Richelieu (SVV Pierre Bergé & Associés).
• A voir aussi : la vente de la collection d’art précolombien de Jacques Kerchache, chez Binoche-Renaud-Giquello le 14 juin 2010

La vente chez Pierre Bergé & Associés

L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Olivier Mosset, Yellow Wall Painting, 2010. Courtesy galerie Sollertis, Toulouse.

Mosset, la bosse de la géométrie

On se souvient de ses A, de ses cercles noirs impeccablement dessinés : c’était l’époque où Olivier Mosset (né en Suisse en 1944) avait créé avec ses acolytes Buren, Toroni et Parmentier, le groupe BMPT (1967), qui entendait saper les fondements de la peinture en jouant notamment sur les effets de répétition et sur la libre circulation et utilisation des motifs inventés par les partenaires. Passé par une phase de monochromes (que l’on a notamment pu voir à la biennale de Venise en 1990), Mosset, qui fut l’assistant de Tinguely, est installé à New York depuis 1977. Il y produit un travail qui est une interrogation sur la notion d’art et d’artiste dans une société de consommation (à l’image de ses sculptures Toblerone) mais qui fait du tableau – unité géométrique de base - un véritable élément d’architecture.
•Olivier Mosset est présenté à la galerie Sollertis () du 25 mai au 3 juillet 2010.

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LIVRES

Le Paris des artistes

Picasso au Bateau-Lavoir, Modigliani à la Grande-Chaumière ou Gen-Paul à Montmartre, on savait. Tout comme la présence de Gustave Moreau dans le XVIIe arrondissement puisque son atelier est devenu un musée à son nom. Mais tous les autres ? Qui se souvient que Philippe de Champaigne « peintre et valet de chambre » (de la reine mère, tout de même) a habité quai de Bourbon ? Que le tableau Orgie parisienne de Thomas Couture représente un dîner au restaurant « La maison dorée » du boulevard des Italiens ? Que Kees Van Dongen avait décoré son propre appartement de la rue de Courcelles ? Ou que Max Ernst avait une belle terrasse sur le boulevard Saint-Michel ? On subodore quelques manques : rien rue Daguerre ni place Monge ? La masse d’informations reste cependant impressionnante et autorise deux entrées : par lieu, bien sûr, mais aussi par artiste grâce à un index très fourni.
Guide des peintres à Paris par Frédéric Gaussen, Editions du patrimoine, 2010, 496 p., 39 €

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BRÈVES

BERLIN - La 6e Biennale d'art contemporain se tient du 11 juin au 8 août 2010.

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BRUXELLES - La XXe foire Bruneaf, consacrée au arts premiers d'Afrique, d'Amérique, d'Asie et d'Océanie, se tient du 9 au 13 juin 2010.

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LONDRES – Le Museum of London a inauguré le 28 mai 2010 ses nouvelles salles présentant l’histoire de la ville en plus de 7000 objets.

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LONDRES – La London International Art Fair réunit environ 200 galeristes et antiquaires jusqu’au 14 juin 2010 à Olympia.

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PARIS – Les Grandes Serres du Jardin des plantes ont rouvert le 2 juin 2010 après cinq ans de restauration.

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PARIS – Designer’s Days, le « parcours parisien du design », se tient du 9 au 14 juin 2010, dans une soixantaine de lieux différents.

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TORONTO – La Toronto International Art Fair, consacrée à l’art moderne et contemporain, se tient jusqu’au 13 juin 2010 au Metro Toronto Convention Center.

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SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

Cette semaine, ne manquez pas

RÊVES DE ROBOTS

BÂLE – Comment les artistes se sont-ils mesurés à l’irruption de l’intelligence artificielle ? C’est la question que pose le musée Tinguely, qui fait intervenir des créateurs comme Ed Kienholz, Nam June Paik ou l’architecte François Roche.

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ANDRÉ RAFFRAY, LA PEINTURE RECOMMENCÉE

CHALON-SUR-SAÔNE - Le musée Denon rend hommage à André Raffray, l’artiste récemment disparu (2010), qui a fait de la relecture de l’histoire de l’art, et notamment de l’œuvre de Duchamp, son champ d’action privilégié.

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SUR LES ROUTES

ÉPINAL – A partir de gravures, tableaux et objets, le musée de l’Image fait revivre la saga de ces grands voyageurs du temps passé que furent les colporteurs, conscrits, cantinières, abordant au passage des mythes comme celui du Juif errant.

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