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N° 181 - du 24 juin 2010 au 30 juin 2010


Giovanni del Fora, Combat entre Amour et Chasteté (exposition Ghirlandaio au musée Thyssen-Bornemisza, Madrid)

L'AIR DU TEMPS

Pour ou contre l’artiste invisible…

L’art, c’est de savoir se vendre. Le succès de Damien Hirst semble prouver la véracité de cet adage. Pour éviter toute baisse d’attention, l’artiste produit à intervalles réguliers des initiatives déconcertantes : il a tenu un restaurant (The Pharmacy), a créé une tête de mort en diamants proposée à 100 millions €, a organisé chez Sotheby’s la première vente de grande ampleur dédiée à un artiste contemporain (lui-même). Sa dernière trouvaille ? Se transformer en galeriste, bouclant ainsi la boucle des métiers de l’art. Selon la presse anglaise, sa galerie devrait s‘élever à Hyde Park, à la place d’un ancien dépôt de munitions, sur des plans de l’architecte Mike Rundell. Se montrer beaucoup ou ne pas se montrer du tout : c’est encore un artiste anglais qui enseigne la seconde stratégie pour faire parler de soi. A la manière de Salinger, Banksy, auteur de fresques et pochoirs, a décidé d’être un artiste invisible. Cela lui a profité : de 2006 et 2008, sa cote a été multipliée par dix, passant de 100 000 euros à un million d’euros. Une stratégie qui présente quelques risques : une vieille dame de 89 ans vient d’annoncer que Banksy, c’est elle… Pour la confondre, le « vrai » Banksy est condamné à apparaître. Pour Damien Hirst, au contraire, la prochaine étape est toute trouvée : mettre en scène sa propre disparition.

La galerie de Damien Hirst sur The London Evening Standard

EXPOSITIONS


Photo © François Halard

Trois couleurs Barceló

AVIGNON - Au XIVe siècle, les rois de Majorque rendent visite au pape en Avignon. Aujourd’hui, c’est un autre prince de Majorque qui est célébré dans la cité comtale : Miquel Barceló. L’artiste fait l’objet d’une ambitieuse rétrospective dans trois lieux emblématiques : le Palais des Papes (avec un ensemble de sculptures et de céramiques), la collection Lambert (qui est l’artificier de cette exposition, avec une série de grands tableaux « inédits » des années 2000) et le Petit-Palais. Dans ce dernier lieu, à l’insistance de Barceló lui-même, c’est le lien avec le passé qui est mis en avant : des maîtres majorquins du Moyen Age, jamais présentés en France, sont exposés. C’est une filiation à laquelle Barceló est sensible, lui qui a récemment réalisé un retable dans la cathédrale de Majorque…
Miquel Barceló, Terra-Mare au Palais des Papes, à la Collection Lambert et au musée du Petit-Palais, du 27 juin au 7 novembre 2010.

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Domenico Ghirlandaio, Portrait de Giovanna degli Albizzi Tornabuoni, huile sur toile, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

Ghirlandaio de profil

MADRID – Le musée Thyssen-Bornemisza organise une rétrospective sur la Renaissance florentine à partir d’un de ses tableaux phares – le Portrait de Giovanna degli Albizzi Tornabuoni. Réalisé par Domenico Ghirlandaio, l’un des artistes préférés de la haute bourgeoisie de la ville, il présente la particularité d’être parfaitement documenté depuis sa réalisation (1490). Dédié par le mari à sa jeune épouse décédée en couches, il vient en outre d’être étudié par les restaurateurs du musée : les pigments, la qualité de la planche de peuplier, le dessin préparatoire n’ont quasiment plus de secrets… Ce portrait archaïque (de pur profil), alors que les élites du moment commençaient à privilégier les représentations de trois quarts, introduit l’une des trois sections de l’exposition (le portrait). Avec les deux autres – l’amour, la religion – nourries de prêts de musées internationaux, ce sont une soixantaine d’œuvres qui sont présentées – Botticelli, Cosimo Rosselli, Pollaiuolo…
Ghirlandaio et la Renaissance à Florence au musée Thyssen-Bornemisza du 23 juin au 10 octobre 2010.

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Giacometti-Maeght, une amitié

SAINT-PAUL-DE-VENCE - Il vaut aujourd’hui cher, très cher : Alberto Giacometti (1901-1966) est devenu, avec son Homme qui marche, l’artiste le plus cher du XXe siècle (la sculpture a été adjugée 58 millions £, soit 66 millions € chez Sotheby’s à Londres le 3 février 2010). Avant de connaître cette gloire posthume, Giacometti a « ramé » dans des chambres d’hôtel et des petits ateliers. Ceux qui croyaient alors en lui peuvent être qualifiés de visionnaires : c’est le cas du marchand et collectionneur Aimé Maeght, qui a entretenu avec lui une amitié de vingt ans. On en mesure l’ampleur dans cette grande rétrospective estivale : 170 œuvres, dont deux autres versions de l’Homme qui marche, les seules peintes par Giacometti, et nombre de ces statues « filiformes », créées après 1946 et qui sont indissolublement associées à son nom. Mais aussi des peintures, des dessins, des plâtres peints, des gravures ou des lettres, qui proviennent en grande partie des fonds de la famille Maeght.
Giacometti & Maeght 1946-1966 à la Fondation Maeght du 27 juin au 31 octobre 2010.

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

•Epouse de Helmut Newton, Alice Springs a aussi connu une carrière photographique, qui est retracée à la Helmut Newton Foundation de Berlin. Jusqu’au 31 janvier 2011.

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•Le musée Chagall de Nice présente Le monde renversé de Chagall où les personnages défient les lois de la gravitation… Du 19 juin au 11 octobre 2010.

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•Le Kunsthaus de Zurich présente une rétrospective complète du photographe Thomas Struth, notamment connu pour ses images de musées, intégrant une série de travaux récents. Jusqu’au 12 septembre 2010.

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VENTES

Vollard total suspense

PARIS - Ambroise Vollard (1866-1939) est assurément l’un des plus grands marchands d’art de l’histoire. On lui doit la première véritable rétrospective Cézanne (1895), une opération semblable pour Van Gogh (1896) et la première exposition consacrée à Picasso à Paris (1901). Près de trois quarts de siècle après sa mort, l’héritage Vollard refait surface de manière inattendue avec le « coffre Vollard ». Cet ensemble d’œuvres avait été légué par Vollard, juste avant sa mort à son jeune assistant yougoslave (que certains présentent comme son amant) Eric Chlomovic. Après la disparition de ce dernier dans un camp de concentration en 1942, la caisse de fer survécut ensuite à un accident de chemin de fer, à un pillage par les soldats bulgares, à la curiosité de l’Etat yougoslave… avant d’être retrouvée dans les coffres de la Société Générale à Paris en 1979. Après de longues démarches, son contenu réapparaît sur le marché. Le 22 juin, on a proposé un superbe paysage fauve de Derain à Londres (Arbres à Collioure de 1905, vendu 19,5 millions €). Ce 29 juin, à Paris, c’est le reste du coffre qui passe sous le marteau. Bien qu’intéressant (un portrait de Zola par Cézanne, des monotypes de Degas et Picasso), le contenu est décidément moins fascinant que ses errances rocambolesques.
• Vente du « coffre Vollard » Vollard chez Sotheby’s le 29 juin 2010

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Nakis Panayotidis, La lumière fugitive de la mémoire, 2010, 85x112x6 cm. Courtesy galerie Tornabuoni, Paris.

Les lumières de Panayotidis

Nakis Panayotidis a été marqué par l’Arte Povera, qu’il a fréquentée en Italie au tournant des années 1970, notamment par l’intermédiaire de Mario et de Marisa Merz, dans ce qui fut le foyer du mouvement – Turin – où il étudiait l’architecture. Le recours aux matériaux « pauvres » prend chez l’artiste athénien né en 1947 (mais qui vit depuis trente ans à Berne) la forme de la pierre et du métal, qui peuvent fusionner avec la photographie et les mots. Dans la présence de néons et autres sources de lumière, de tubes, de surfaces réfléchissantes, dans la juxtaposition d’arrière-plans industriels et de panoramas naturels, on croit aussi déceler des analogies avec Pistoletto ou Kounellis.
•Nakis Panayotidis est exposé à la galerie Tornabuoni (16 avenue Matignon, 75008 Paris) jusqu’au 24 juillet 2010.

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LIVRES

Les nouveaux chemins du design

Faire beau, pratique, tout en défendant l’environnement : on pourrait ainsi résumer le credo du design « écologique ». Utiliser des matériaux recyclés, sélectionner des bois issus de plantations renouvelables, favoriser les technologies qui économisent l’eau ou l’énergie… Les approches sont nombreuses tout comme les objets issus de ces recherches. Cet ouvrage en présente une très large sélection dans une optique très pratique : à chaque fois, un site internet est signalé pour acquérir la pièce ou en savoir plus. On peut être poétique en recueillant des déchets sur la plage (lustre Tide de Stuart Haygarth), drôle et coloré avec des boîtes à œufs (lampes Bailarina), post-industriel en faisant des bancs avec des rebuts de chariots de manutention. Ou simplement très original en récupérant de vieux vases en porcelaine et en leur donnant une nouvelle identité (Karen Ryan)…
1000 nouveaux designs écologiques et où les trouver par Rebecca Proctor, Chêne, 2009, 29 €.

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BRÈVES

CARRARE – La XIVe Biennale internationale de sculpture se tient du 26 juin au 31 octobre 2010 sous l’intitulé « Postmonument ».

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LONDRES – Le conservateur belge Chris Dercon a été nommé directeur de la Tate Modern, en remplacement de Vicente Todolí, démissionnaire.

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MILLY-LA-FORÊT – La maison de Jean Cocteau, acquise par Pierre Bergé, ouvre au public le 24 juin 2010, après cinq ans de travaux. Outre une importante toile de Christian Bérard, on peut y voir des photographies et des œuvres graphiques de Cocteau.

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PARIS – Une Tête en pierre de Modigliani a été adjugée 48,2 millions € (avec frais) le 14 juin 2010 chez Christie’s, établissant un nouveau record pour l’artiste et pour une œuvre vendue en France.

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SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

Cette semaine, ne manquez pas

JEAN-PAUL HÉRAUD. CENTAURES

ANDILLAC - Au château-musée du Cayla, l'artiste Jean-Paul Héraud s'est approprié un texte fondamental de Maurice de Guérin, le Centaure. Dans une série de métamorphoses, le mythique homme-cheval y apparaît fort comme une divinité antique ou léger comme un papillon.

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CONVERSATIONS INTIMES

BEAUVAIS - La question de l'intime dans l'art n'a cessé d'être évacuée, tronquée, censurée. L'exposition du musée départemental de l'Oise fait le point sur cette thématique complexe à partir d'œuvres de nombreux plasticiens contemporains, depuis le pionnier Pierre Molinier jusqu'à Jeanne Susplugas.

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