ArtAujourdhui.Hebdo
N° 185 - du 16 septembre 2010 au 22 septembre 2010
Claude Monet, En Norvégienne, 1887 huile sur toile, 97,5 x 130,5 cm, Musée d’Orsay, Paris © service presse Rmn / Hervé Lewandowski
L'AIR DU TEMPS
Big Monet
PARIS - C’est l’exposition qui ne peut pas échouer : une rétrospective du prince des impressionnistes dans les travées du Grand Palais. C’est un peu comme sortir un recueil Michael Jackson à la veille de Noël ou rééditer Astérix en version économique. Le regard est fixé sur la barre des 780 000 visiteurs (l’exposition « Picasso et les maîtres » de 2008). Accessoirement, une question, sans doute secondaire pour le grand public, mérite d’être posée : quelle nouveauté va apporter cette rétrospective ? Sans doute un éclairage plus approfondi sur les premières années de Monet avec des scènes de neige à Bougival, de grosse mer à Etretat, mais aussi une attention particulière aux natures mortes et à la figure humaine. L’occasion d’ancrer enfin cette conclusion : Monet n’était pas qu’un peintre de paysage.
• Claude Monet aux Galeries nationales du Grand Palais, du 22 septembre 2010 au 24 janvier 2011. Catalogue RMN, 50 €.
EXPOSITIONS
Dali, le retour
MILAN - Monet à Paris contre Dalí à Milan. Les grandes rétrospectives d'art moderne, avec leur pouvoir médiatique, évoquent de plus en plus des matches de boxe : comme sur un ring, il sera intéressant de voir le comportement de ces deux expositions qui ouvrent le même jour. On n'avait pas vu un Dali aussi ambitieux à Milan depuis 1954 et l'on sait que la capitale lombarde a compté pour le peintre : il s'est inspiré de la Salle des Cariatides de Palazzo Reale (où sont montrées les œuvres) pour sa maison de Figueres, devenue siège de la fondation Gala et Salvador Dali. A côté d'une salle Mae West dûment reconstituée par l'architecte Oscar Tusquets (auteur du fameux divan-lèvre sur indications de Dalí), on pourra voir, au milieu de la cinquantaine d'œuvres (provenant en grande partie de la fondation), une curiosité : Destin, le film tourné par l'artiste aux studios Disney, jamais achevé mais édité en 2003.
• Dalí à Palazzo Reale, du 22 septembre 2010 au 30 janvier 2011. Catalogue 24 Ore.
• A voir aussi : l’exposition Dalí, Lorca y la Residencia de Estudiantes au Caixa Forum de Madrid, du 22 septembre 2010 au 6 février 2011.
Arman, Chopin’s Waterloo, 1962, © ADAGP Paris 2010, photo Adam Rzepka, Collection Centre Pompidou, Dist. RMN
Pour ou contre Arman
PARIS – L’homme des accumulations – pots de peinture, pinceaux, dentiers, ressorts Renault et tout ce que la société de consommation a pu lui fournir comme ingrédients à couler sous verre – a-t-il si mal vieilli ? N’était-il qu’un opportuniste appliquant mécaniquement une recette efficace ? La réponse pourra venir de la rétrospective que le Centre Pompidou consacre à Arman, le stakhanoviste niçois du Nouveau Réalisme, disparu en 2005 à 77 ans. Réunissant plus d’une centaine de pièces dont les Colères (violons brisés), les Poubelles et les moins connues Allures d’objets (des traces d’objets remontant à la fin des années 1950) jusqu’au Footing Painting de 2000, la vision d'ensemble de ce pléthorique demi-siècle permettra peut-être de conclure…
• Arman au Centre Pompidou, du 22 septembre 2010 au 10 janvier 2011. Catalogue Centre Pompidou.
Artaujourdhui vous conseille aussi
• A Madrid, le musée Reina Sofía dédie une rétrospective à l’artiste allemand Hans Peter Feldmann (né en 1941). Du 22 septembre 2010 au 28 février 2011.
•La Bible d’Anjou, un superbe incunable réalisé à la cour du roi de Naples, Robert Ier d’Anjou, vers 1340, est présentée après deux ans de restauration au musée M de Louvain. Du 17 septembre au 28 novembre 2010.
• Gabriel Orozco, artiste-phare de l’art contemporain mexicain, bénéficie d’une rétrospective au Centre Pompidou, à Paris. Du 15 septembre 2010 au 3 janvier 2011.
SALONS
Antiquaires à Paris
PARIS – 54 ans que cela dure et pas de signe que cela cesse : malgré une concurrence renforcée (on pense évidemment à Tefaf Maastricht mais aussi à la biennale de Florence), la Biennale des antiquaires de Paris ouvre sa 25e édition au Grand Palais. Autour d’un noyau dur de galeries parisiennes « historiques » (Didier Aaron, Perrin, Steinitz, de Jonckheere, de Bayser, Brame & Lorenceau), elle accueille quelques nouveaux exposant, comme Tornabuoni, auréolé du succès de sa récente ouverture parisienne. Sans les poids lourds que sont les Kugel (qui inaugurent leur propre exposition, « Anticomania » le même jour), Noortman ou Jean-Luc Baroni, la Biennale a choisi d’introduire vingt-cinq talents de demain, sous forme symbolique : ces futurs grands ont été invités à présenter dans «Tremplin pour la Biennale» une œuvre chacun, pour chaque édition de la manifestation.
• XXVe Biennale des antiquaires au Grand Palais, du 15 au 22 septembre 2010
VENTES
Lot 9. Anonyme, Dai Nihonkoku fûzoku zu, peinture de coutumes japonaises, 1 album 26 planches polychromes sur soie montées en album en accordéon sous couverture en soie brodée, fin XIXe siècle ?, 26 x 23,4 cm. Courtesy Pierre Bergé et Associés. Estimation : 1000 - 2000 €.
Des estampes à flots
PARIS - Dans la famille Bérès, il y a Pierre, le père (décédé en 2008), bibliophile incontournable, et Huguette, la mère (décédée en 1999), spécialiste d’art japonais. Parmi les nombreux enfants, il y a Annisabelle, héritière de l’activité de sa mère, qui se met en évidence cet automne avec une vente-marathon de 4 jours chez Pierre Bergé. Les milliers d’estampes japonaises du style Ukiyo-e («images du monde flottant») qui sont proposées à la vente proviennent aussi bien de la collection maternelle que de sa propre activité. Les grands noms sont présents et de beaux prix attendus pour eux – Hokusaï avec ses Trois tortues d’eau (15 000 €) ou Hiroshige, avec un album complet des Trente-six vues du mont Fuji (même estimation). Mais la star de la vacation devrait être le mystérieux Sharaku, dont l’activité connue s’est limitée à des portraits d’acteurs de kabuki croqués sur une période d’à peine six mois (1794-95). Son Morita Kanya III dans le rôle d’Uguisi No Jirôsaku en format oban (380 x 255 mm) est attendu à 100 000 €.
• Ukiyo-e ou les images du monde flottant chez Pierre Bergé et Associés, du 16 au 19 septembre 2010.
L’ARTISTE DE LA SEMAINE
© galerie Christian Berst, Paris
Guo Fengyi : art brut à la chinoise
Le déferlement de jeunes artistes pressés, l’inflation des prix – jusqu’à plusieurs millions d’euros en ventes publiques – ont durablement imprimé dans l’esprit du public une conclusion hâtive : l’art chinois, c’est soit de la calligraphies sur papier de riz, soit du contemporain «pur et dur». Il y a pourtant des interstices à explorer comme le fait la galerie Christian Berst, qui présente une représentante de l’art brut, Guo Fengyi, récemment disparue (1942-2010). Technicienne dans une usine à caoutchouc, c’est l’inactivité forcée due à ses crises d’arthrite qui la pousse sur les chemins d’une création hallucinée, avec de longs personnages spectraux, des dragons et des oiseaux imaginaires tracés au pinceau et à l’encre noire.
• Guo Fengyi est exposée jusqu’au 16 octobre 2010 à la galerie Christian Berst, qui inaugure le 16 septembre 2010 son nouvel espace près de Beaubourg, (3-5 passage des Gravilliers, 75003 Paris).
LIVRES
Galeristes, tranches de vie
L’auteur fait bien de rappeler en préambule le mot de Heinz Berggruen : «Il y a autant de types de collectionneurs que de collectionneurs», qui s’applique pareillement au monde des galeristes. Impossible, donc, d’en établir un portrait-robot. Dans ces esquisses parisiennes, on trouve aussi bien la jeunesse ambitieuse (Emmanuel Perrotin) que les dynasties familiales (les Di Meo, Albert Loeb) ou les vocations tardives (Jean Brolly). Certains réagissent immadiatement aux nouvelles modes, d’autres défendent des artistes sur la durée (Guinan chez Loeb) même si la plupart reconnaissent que la sélection à la foire Art Basel est devenu un adoubement essentiel pour leur survie économique. Au-delà de cette coupe sociologique, ce qui rend fascinant ces personnages, surtout les plus âgés, c’est la quantité de rencontres marquantes qu’ils ont eu le bonheur de faire au cours de leur vie. Chemin faisant, on croise ainsi Alfred Barr (le fondateur du MoMA), la vicomtesse de Noailles, Madame Schlumberger en Rolls, Alain Cuny ou Claude Berri…
•Galeristes par Anne Martin-Fugier, Actes Sud, 2010, 304 p., 23 €
BRÈVES
BOULOGNE-BILLANCOURT - Le musée Paul-Belmondo, consacré au sculpteur, ouvre le 18 septembre 2010 dans le château Buchillot.
EUROPE – Les Journées du patrimoine, proposant des ouvertures exceptionnelles de monuments, se tiennent les 18 et 19 septembre 2010 dans plusieurs pays d’Europe.
LIVERPOOL – La biennale d’art contemporain se tient du 18 septembre au 28 novembre 2010.
MONACO – Le Nouveau Musée national de Monaco (NMNM) présente sa première exposition à la villa Paloma, l’un de ses espaces, le 18 septembre 2010 avec un choix d’œuvres effectué par l’artiste Thomas Demand.
PARIS – Le BAL, nouvel espace dédié à l’image documentaire accueillant expositions et débats, ouvre le 18 septembre 2010 dans une ancienne salle de bal, qui fut aussi maison close et relais PMU, sur 650 m2 (6 impasse de la Défense, 75018).
PARIS – La 1e biennale d’art contemporain de Belleville se tient jusqu’au 28 octobre 2010 dans différents lieux du quartier – Maison des métallos, l’Antenne du Plateau et plusieurs galeries.
SUR ARTAUJOURDHUI.INFO
Cette semaine, ne manquez pas…
ARTNÎM - Foire d'art contemporain Méditerranée 2010
NÎMES - Une quarantaine de galeristes sont réunis dans cette vitrine de l'art contemporain du Sud de la France. L'un des temps forts en est l'exposition qui réunit des interprétations actuelles du célèbre Déjeuner sur l'herbe de Manet.